DOWN TO THE WIRE ont bien voulu répondre à quelques questions dans un moment de confidence autour de l’album «Deep in denial» qui sort le 05 Avril en Auto production.
Bonjour, merci de prendre de répondre à quelques questions pour Metal Rock
Magazine.
Pouvez-vous nous parler de l’histoire de votre groupe et comment vous vous êtes formés ?
On joue ensemble depuis des années. Seb et Alex (batterie et basse) sont frangins, ça assure la stabilité de la section rythmique ! Je (Jo, chant) les ai rencontrés quand je suis monté sur Paris après mes études. On a eu quelques projets communs avec des guitaristes différents. On a fait des trucs plus pop, plus mélodiques, rien qui n’a percé. Faut dire aussi qu’on était des bouses en marketing, on écrivait nos morceaux dans notre coin et on espérait que la chance nous tombe dessus. Je suis parti vivre quelques années aux US, à Chicago. A mon retour en France, on
s’est remis à faire de la zique et on a voulu prendre les choses plus au sérieux. On a rencontré Nico avec une petite annonce qui promettait carrément : « guitariste, cette annonce peut changer ta vie ». Quand il nous a rejoint on n’avait plus trop le choix, pour tenir notre promesse il fallait faire un groupe qui déchire.
Comment définissez-vous le style de votre musique ?
On ne s’est jamais mis dans l’idée de faire un style de musique en particulier. On joue ce qu’on aime et on essaie que ça sonne le mieux possible sans nous demander si ça rentre dans les codes d’un genre musical ou non. Comme on a grandi bercés par le son de la scène qui a suivi le grunge, c’est sûrement là qu’on va retrouver ce qui fait nos influences. C’est pour ça que s’il faut mettre une étiquette plus précise que rock, la plus sincère serait sûrement post-grunge, si ce nom veut dire quelque chose.
Quelles sont vos principales influences musicales et comment celles-ci se manifestent elles dans votre musique ?
On pourrait sans doute citer Deftones pour la manière dont ils jouent des contrastes entre les passages très posés, presque fragiles, et les moments plus rentre dedans. On adore le groove des riffs de groupes comme Downset ou Soundgarden. Il y a probablement dans l’écriture de certains de nos breaks une filiation stoner à la Red Fang ou 1000 Mods. L’énergie des chanteurs de the Bronx, Everytime I Die ou the
Charriot a été une claque révélatrice qui nous a donné envie d’aller dans ce sens. D’un point de vue on va dire plus « philosophique », on se rend compte à quel point un groupe comme Nirvana a marqué profondément notre manière de voir les choses,
un idéal de titres simples dans leur structure, avec des mélodies catchy, sans recherche de technicité et l’idée que le rock doit être non macho et absolument pas poseur.
Quels sont les thèmes ou les messages que vous explorez dans vos chansons ?
Down to the Wire, c’est un peu l’exutoire de nos frustrations. Le titre « Healing » par exemple parle de rancœur et de reconstruction. « As a brother » aborde les injonctions étouffantes du quotidien à essayer de devenir une personne parfaite.
Des fois je reprends des choses qu’on m’a dites et qui m’ont blessé ou mis la rage et j’y apporte les réponses que j’aurais aimé balancer, comme sur « Shame ». Ce groupe, c’est l’opportunité de parler de manière insolente et agressive comme jamais je peux le faire au quotidien. Gueuler en public « Hey what’s your name? My name is fuck you!” (Hey c’est quoi ton nom ? Mon nom c’est va te faire foutre !) c’est assez cool.
Sur le fond, on vise des paroles qui claquent comme des slogans avec des images fortes mais suffisamment ouvertes pour que chacun puisse y caller son sens. Quand on chante « No Cinderella leaves the party alive » (aucune Cendrillon ne quitte la fête vivante) ou « I’m the proof that your sex life has gone wrong » (je suis la preuve que ta vie sexuelle a mal tourné), on aime bien l’idée de laisser libre sur
l’interprétation.
Comment se déroule le processus de création de vos chansons ?
On fait ça à la old school, comme des artisans, on utilise très peu l’informatique. On se met dans le studio, on part d’un riff qu’on fait tourner et on construit dessus. On s’enregistre, on réécoute, on en met 90% à la poubelle et on continue jusqu’à avoir
quelque chose qui nous accroche. On fonctionne de manière très démocratique, chacun donne son avis sur tout. Le batteur peut apporter une idée au chant, le guitariste trouver un fill de batterie, le chanteur une ligne de guitare. C’est des fois un peu le bordel, mais on trouve plus
intéressant d’avancer comme ça.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre prochain album ?
On l’adore ! Ça a été un gros débat interne pour choisir les singles parce qu’on croit dans chacun des dix titres. Ils ont tous leur ambiance particulière, ce qui fait la variété de l’ensemble. « Vegas » est comme une bande son de road trip rock sudiste crasseux qui dérape. « I’m a Wolf » est beaucoup plus introspectif, dark et lourd. « As a brother » a une vibe pop mais ironique. « Head Down » va piocher dans des
harmonies un peu nu-metal. La musique a cette capacité de te plonger dans un monde, de manière encore plus immersive qu’un bouquin ou même un film ne peuvent le faire. Quand j’écoute « My own summer » (Deftones), je me vois marcher dans la rue avec la rage et les poings serrés. J’espère que nos chansons auront pour les gens qui nous écoutent la même capacité à leur parler intimement et que quand
ils ont une journée qui les a saoulés ils trouvent dans notre zique un refuge ou une évasion. On s’est fixé comme seule règle de suivre nos inspirations, nos goûts, en se disant que si ça nous plaisait, ça devrait plaire à d’autres… et pour l’instant les retours sont très encourageants !
Comment envisagez-vous l’évolution du groupe ?
On va continuer à creuser notre idéal sonore pour faire la zique qui nous fait tripper.
Et tant qu’il y aura des gens pour partager notre délire, on sera de la partie.
Quels sont vos projets avenir ? Une tournée de prévu ?
L’objectif maintenant c’est la scène. On a passé bien assez de temps dans le studio ces derniers mois ! En plus quand t’es en autoprod comme nous, sortir un album ça veut dire un million de trucs administratifs et autres à gérer, alors maintenant qu’on
sort un peu la tête de tout ça, il est clairement temps qu’on prenne l’air. On s’est déjà booké quelques dates, on va viser à en faire autant que possible, en France ou ailleurs.
Que diriez-vous au public pour les encourager à découvrir votre musique ?
On fait de la musique avec nos trippes, sans artifices. Si vous êtes fans du gros son de la scène rock fin 90s début 2000, si vous aimez Soundgarden, Far, Silverchair, Filter, etc., il y a de bonnes chances que ce qu’on fait vous parle. Après on ne
cherche pas à faire un groupe hommage, un copier-coller de cette époque, on écoute beaucoup les sorties rock et métal actuelles et on veut apporter notre contribution à rendre cette scène vivante. Et puis on vous invite vraiment à venir nous voir en concert. C’est sympa de nous
écouter en faisant son jogging ou dans le métro, mais faut venir mouiller la chemise et s’en prendre plein les oreilles en live. Et si vous n’avez pas la banane en sortant,
on vous rembourse !
Qu’est ce que l’on peut vous souhaitez pour la suite ?
On compte bien continuer encore des années et des années. Pour nous tout est un kiff. Ecrire les morceaux, les voir prendre forme, les enregistrer et surtout faire de la scène et rencontrer le public pour partager tout ça, franchement c’est juste génial.
Tant qu’il y a des gens qui viennent nous écouter et prendre leur pied en concert avec nous, il y a pas de soucis à se taper de la route et dormir dans des conditions de clochards pour vivre ça, ça n’a pas de prix. Bien sûr, on aimerait faire des scènes toujours plus grosses, on aimerait toucher plus de gens sur les plateformes de streaming et les réseaux sociaux, mais il faut pas avoir le regard braqué là-dessus
parce que c’est pas un truc qu’on peut vraiment contrôler. Alors on va continuer à écrire avec passion et prendre toutes les opportunités de faire du live. Et si la chance nous sourit, ben on fera tout pour être au rendez-vous.
Merci à vous d’avoir pris le temps de répondre à nos questions pour
MetalRockMagazine.
Par Sandra Vidalon & Alexandre Farret