Interview avec Maxime, Guillaume & Théo du groupe GREYBORN !
À l’occasion de la sortie de leur nouvel EP « Scars » le 8 mars dernier via F2M Planet, le trio GREYBORN a pris le temps de répondre avec précision à quelques questions.
Quelle est l’histoire derrière l’EP « Scars » ?
Si on parle du point de vue de sa création, on pourrait dire que « Scars » a été écrit pour comprendre plus en profondeur le groupe que l’on voulait être. Si on parle de l’histoire qu’il y a derrière les textes, alors il n’y en a pas de précise : les paroles ont été écrites en fonction de l’ambiance et des émotions transmises par la musique. En revanche, sans que ce soit voulu ni réfléchi, on peut voir une thématique qui lie les chansons entre elles, celle du trajet blessure-guérison-évolution.
Quelle a été votre principale source d’inspiration pour ce nouvel opus ?
On a pris notre propre premier EP comme référence. Les cinq morceaux de « Leeches« , qui est sorti en 2022, ont posé la pierre angulaire de notre style. Mais on voulait le définir mieux, le préciser et l’élargir en même temps. Avec « Scars« , on a voulu rendre nos parties lourdes plus impactantes et intenses, et nos parties mélodiques plus efficaces.
Quand et comment avez-vous composé les nouveaux titres ? Préférez-vous la partie composition ou enregistrement ?
« A Thousand Dreams Away » et « The Grand Design » ont été écrites à nos débuts, fin 2021. On a composé « Scars« , « Ravenous » et « Tetany » tout au long de l’année 2022. Théo fait généralement des maquettes à partir de ses idées (sauf pour « Tetany » qui a été écrite par Maxime), puis on les retravaille en groupe. Chacun y appose sa façon de jouer et ses sonorités pour en faire un tout personnel et organique. Parfois, les chansons fonctionnent bien en l’état, mais dans d’autres cas, il faut tout détruire et reconstruire ensemble. Ça a par exemple été le cas de « Ravenous » !
La composition et l’enregistrement sont deux étapes vraiment grisantes du processus de création. Chacune permet d’ancrer un peu plus les chansons dans la réalité, on n’arriverait pas à imaginer l’une sans l’autre.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour boucler totalement le nouvel EP et qu’avez-vous enregistré en premier ?
Comme on le disait précédemment, on joue « A Thousand Dreams Away » et « The Grand Design » depuis les débuts du groupe. Elles ont été enregistrées début 2022, et on a eu les versions finales de « Scars« , « Ravenous » et « Tetany » en mars 2023. Il nous a donc fallu environ un an et demi pour boucler totalement l’EP. On a réfléchi un moment à comment sortir les deux premières. On avait de toute façon notre premier EP « Leeches » à sortir en mars 2022, donc rien ne pressait ! Quand « Scars« , « Ravenous » et « Tetany » sont arrivées, on a trouvé que l’ensemble était cohérent pour un second EP.
Pourquoi encore un EP ? Un album est-il déjà en préparation ?
Il y a plusieurs raisons ! La première, c’est qu’on voulait continuer à définir l’identité musicale et sonore de Greyborn. Côté son et production, on adore enregistrer et mixer nous-mêmes notre musique, mais on n’est pas des professionnels. Là encore, on avait besoin de temps pour confirmer que cette recette pouvait fonctionner à plus long terme. Il y a aussi des raisons purement pratiques. Produire un EP a un coût important à notre échelle, mais un album bien plus encore et on n’avait pas les fonds nécessaires. On voulait aussi s’ancrer un peu plus dans le paysage musical et accroître nos chances de trouver des oreilles attentives pour l’élaboration d’un album, autant en terme de public que de professionnels du milieu. On commence à penser à la suite, à composer de nouvelles chansons. On aimerait bien sortir un album un jour, en effet, mais on tâtonne et on ne peut pas déjà parler de préparation !
J’ai cru comprendre que la période pandémie/confinement avait été plutôt bénéfique pour vous. Pensez-vous que sans cette période « sombre », Greyborn aurait vu le jour ?
C’est certain que non. Greyborn est la continuité d’un groupe dans lequel Guillaume et Théo jouaient ensemble avant la pandémie, et qui s’est terminé avec son arrivée. On voulait continuer à jouer en trio et on a eu cette opportunité pour réfléchir au style de notre futur groupe, à quoi il ressemblerait. Maxime, que l’on connaissait déjà puisque Théo et lui jouent ensemble dans Blackbird Hill, a écouté nos idées et s’est proposé de nous rejoindre à la guitare. Donc, on a commencé à travailler tous les trois sur Greyborn au printemps 2021 !
Y a-t-il une signification particulière derrière le nom de « Greyborn » ?
À l’origine, l’idée de pierre et de grisaille avait été amenée par des ambiances que Théo apprécie dans certains types de paysages ou de lumière. On en a d’ailleurs joué pour les clips et visuels de notre premier EP, « Leeches« . Très vite, on a trouvé que les meilleurs atouts du nom « Greyborn » étaient sa concision, son impact et ses sonorités, qui pour nous, transmettent les mêmes sentiments que ceux sur lesquels on base notre musique : la puissance, la lourdeur, et une certaine violence contemplative, mystique et mélancolique. C’était un nom peu référencé sur Internet et dans lequel on peut, en plus, voir un sens. On est effectivement nés des cendres d’un autre groupe, pendant une période étrange et déroutante, dans une ville qui n’a pas grand-chose d’autre pour elle aux yeux de la plupart des gens, que son granit gris et son temps pluvieux.
Où vous voyez-vous dans 5 ans ?
Dans 5 ans ? On espère qu’on sera toujours en train d’écrire, d’enregistrer, de diffuser notre musique sur scène comme sur Internet !
Pour lequel de vos groupes favoris voudriez-vous jouer en première partie ?
Il y en aurait plein ! On aime tous les trois Queens Of The Stone Age, par exemple. En revanche, on n’a aucune expérience des scènes énormes sur lesquelles ils jouent, donc qui sait si on s’y sentirait à l’aise ? Ça doit être une expérience très particulière ! Si on devait imaginer quelque chose de ce type, on serait sûrement sur un registre un peu plus underground. On aimerait beaucoup croiser la route de Russian Circles, Triggerfinger, Elder, Mars Red Sky, Greenleaf, Lowrider, Red Fang… ou encore celle de Torche, s’ils existaient encore.
Comment gérez-vous la proximité avec le public pendant un concert ? Notamment par rapport au fait que le chanteur soit également le batteur du groupe.
On a dès le début pris le parti de se positionner tous les trois en ligne et au devant de la scène, pour être au plus proche des gens. On utilise nos regards, Maxime a parfois un moment propice pour jouer en bord de scène… mais on aime malgré tout ne pas forcer de trop le trait de nos émotions. On assume totalement cette musique qui est à notre image : c’est un entre-deux, ni fermé, ni expansif. C’est aux chansons, à notre son, à notre énergie de captiver le public.
Vous devez avoir hâte de jouer vos nouveaux morceaux en live. Pas trop stressés pour les concerts de ce mois-ci ?
C’est un peu bizarre à dire, mais pas vraiment, étant donné qu’on les a déjà tous joués en live depuis un an au moins avant la sortie de l’EP ! Par contre, on sort d’une résidence aux Lendemains Qui Chantent à Tulle, où on a pu s’améliorer sur plein de points, construire une nouvelle setlist, travailler notre son et des idées de lumière… Donc, c’est sûr qu’on a été impatients et un peu stressés de présenter cette nouvelle formule à notre public ! Mais c’est du bon stress et on est très contents des retours sur les premières dates, donc tout se passe bien.
Quel est votre meilleur concert en tant que spectateur ?
Maxime : J’ai pris de bonnes claques devant des groupes de genres musicaux très différents. Les plus grosses devant des artistes jouant des choses assez douces. Mais si je devais choisir les deux concerts qui m’ont le plus impressionné parmi cette scène au gros son comme le nôtre, je citerais Russian Circles et Birds In Row.
Guillaume : Je ne vais pas voir beaucoup de concerts. En réfléchissant à ceux auxquels j’ai assisté, aucun ne se démarque particulièrement.
Théo : Les premiers qui me sont venus en tête sont des concerts que j’ai vus au Royaume-Uni, et sans que je sache pourquoi, ils avaient une saveur spéciale. Ce serait donc Clutch en 2014, car l’ambiance dans le public était exceptionnelle, et Rival Sons dont j’étais très fan, la même année. J’ai aussi d’excellents souvenirs plus récents, de concerts de folk par des artistes locaux dans des bars à Glasgow.
Par Estelle Poilâne