Florian & Arnaud, batteur et chanteur du groupe JUNON ont bien voulu répondre à quelques questions dans un moment de confidence autour de l’album «Dragging Bodies To The Fall » qui sort le 15 Mars via Source Atone Records.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour les gens qui ne vous connaissent pas ?
On est un groupe Rock/Metal/Post/tout ce que tu veux derrière, né des cendres de Général Lee, ancien groupe de Rock/Metal/(rires). On est six, avec Martin, Fabien, Clément maintenant à la basse et Alex.
Alors Junon ? En référence à la déesse ou à l’astéroïde ? Ou les deux ?
Les deux ! Le truc avec Junon, c’est que quand on a arrêté Général Lee on a fait un break pendant 4 ans, ça nous a titillé de reprendre et donc on s’est retrouvé et on s’est dit bon allez on refait du rock, on relance l’affaire, et on voulait changer de nom, pour essayer de relancer une nouvelle dynamique et on savait que musicalement ça allait être un petit peu différent, on voulait mettre un peu plus de mélodies, etc, peut être essayer des trucs au chant un peu différents, et on s’est dit il faut trouver un nouveau nom de groupe et on est six dans le groupe donc c’était un casse-tête pas possible pour se mettre d’accord, et donc on a fait machine arrière et on s’est dit si on prenait le premier titre qui a été composé avec Général Lee, donc en 2001, et on s’est dit que ça pouvait être pas mal, comme ça la boucle est bouclée, et ça faisait un petit rappel, ça faisait le lien avec Général Lee.
Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ? Avec Général Lee du coup.
Déjà on est tous du Nord Pas de Calais à la base.
Florian : Moi j’ai connu Clément, déjà le batteur de Général Lee à l’époque -moi je suis arrivé plus tard dans Général Lee, je suis-je troisième batteur donc je faisais partie de la scène, j’ai rencontré Clément en 2005.
Arnaud : En fait le truc c’est qu’on se connaît tous depuis très très longtemps, on a tous été amis assez tôt, on a toujours trainé ensemble et c’est ce qui fait que, je pense, le groupe est encore là maintenant. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle on a repris la musique, parce que ce n’était pas juste pour refaire de la musique, même si ça nous manquait de faire de la scène, avec le fait d’avoir stoppé Général Lee on se voyait beaucoup moins, parce que c’était vraiment l’occasion de se voir, ça nous manquait, et vu qu’on est des amis de 20 ans …
Où est ce que vous puisez l’inspiration, films, séries, livres, ou autres ? Parce que j’ai vu que pour le morceau Carcosa par exemple, vous vous étiez inspiré du Roi Jaune de True Détective.
Florian : Moi en fait j’ai été inspiré par la série, série qui est quand même ouf, j’ai adoré l’atmosphère, etc. Donc je me suis inspiré de ça et je suis parti de ça et d’ailleurs dans le titre il y a un petit sample de la série, qui est très très court, qui est très discret, mais si tu l’écoutes au casque du coup tu peux l’entendre.
Et du coup pour Junon, pour le nouvel album, vous avec eu une inspiration particulière ?
Florian : La fin du monde. Ça parle quand même pas mal de problèmes d’écologie, mais dans un filtre surnaturel parce que j’adore ça, parce que je suis fan de Lovecraft et de ce genre de trucs, de paysages de fin du monde et de peuples en perdition, c’est vraiment l’idée. Sur la pochette on a mis de la lave, j’imaginais un peu que les gens ne pouvaient plus vivre du tout sur terre donc ils devaient partir genre sous terre pour pouvoir survivre. C’est un peu l’idée, on est vraiment sur des thèmes pas hyper gais mais bon c’est un peu un reflet de ce qui se passe maintenant et nous ça nous tient vraiment à cœur.
Donc l’actualité on va dire ?
Arnaud : Oui je ne suis pas sûr qu’il y ai un truc qui nous ai déclenché vraiment l’album en tant que tel, après il suffit d’allumer la télé et être inspiré pour dix albums Après le truc c’est qu’on fait quand même du Metal donc c’est un peu du théâtre, donc on va avoir tendance à forcer le trait, à passer ça dans des prismes un peu surnaturels, c’est l’idée.
Est-ce que vous avez un processus créatif ? Qui compose le plus ? S’il y en a un.
Florian : Alors un processus non (tires) mais en gros on a la chance d’avoir trois guitaristes, un bassiste, Arnaud au chant et moi à la batterie, donc c’est quand même très fourni, là-dedans tout le monde vient apporter sa pierre à l’édifice. Quand on a composé cet album, comme on est dispatché géographiquement partout en France, on s’est fait des sessions de travail pendant une semaine ou des très gros week-ends, où on passait en revue les riffs qui tournaient, où chacun apportait son petit riff, disait j’ai cette idée-là, etc. Du coup pendant ces sessions là on composait vraiment les morceaux, et puis après chacun retournait chez soi, on réécoutait et on se disait là, par exemple, j’ajouterai bien une ambiance en plus, ou cet arpège là je changerai bien quelque chose, et ça on pouvait se permettre de le faire chacun chez soi, à distance, c’est facile maintenant avec internet, Ça a pris du temps quand même forcément à composer parce qu’avec les agendas et les vies de chacun, il fallait qu’on puisse composer avec tout ça d’un point de vue plus logistique, que créatif.
Combien de temps vous avez mis alors pour composer l’album ?
On a commencé à composer cet album en 2021, et on l’a enregistré courant 2023, après ce n’était pas non plus deux ans non-stop mais c’est vrai que ça prend quand même pas mal de temps, et on aime bien aussi avoir un peu de recul. Après voilà il y a deux méthodes, il y a des groupes qui jouent sur le côté hyper spontané, ils font tout en deux semaines et c’est plié. Et c’est bien aussi parce que tu as quelque chose que tu n’auras pas si tu allonges pendant deux ou trois ans mais nous, je pense qu’avec Junon on avait besoin de recul, de bosser les ambiances, de digérer les idées de tout le monde, et tout le monde compose dedans donc réussir à digérer tout ça, de laisser reposer, et de tout reconstruire dans le sens qu’on veut donner, et que ça sonne tous ensemble.
Est-ce que vous avez un, ou plusieurs, clips en préparations ?
On a fait un clip pour le premier single, Out Of Suffering, qu’on a mis en ligne courant décembre, on a contacté un polonais, qui s’appelle Chariot of Black Moth, et qui crée des clips sans tournage. En fait tu lui envoies tout un pitch, plein de pistes, et ensuite le mec propose tout un clip, ce n’est pas de l’AI, il fait ça tout seul depuis une vingtaine d’années, il a bossé entre autres pour Amenra.
Tiens d’ailleurs, je trouve qu’il y a un petit côté Amenra, léger, dans certains de vos morceaux.
Ah oui c’est possible, ça fait partie des groupes qu’on écoute beaucoup, Et pour en revenir au clip, il nous a proposé, genre un mois après, ce clip là et moi j’ai été assez bluffé parce que ça colle vraiment aux textes, etc, et dans l’ambiance qu’on voulait, c’est à dire très très noire. C’est du noir et blanc, c’est chaotique.
Et un ou d’autres en préparation alors ?
On est en train de bosser sur un prochain clip, pour le troisième single qu’on va sortir le 9, et on sortira le clip un peu plus tard, on va faire un mix, on filme tous les concerts. C’est un morceau qui est plus dynamique, un peu plus hardcore et donc on s’est dit que faire du montage live avec des images vraiment percutantes, faire quelque chose d’un peu plus rythmé, ça pourrait être sympa. Donc là on est en train de bosser là-dessus et ce sera assez différent de Suffering qui est plus contemplatif et plus noir. Là ce sera plus de l’énergie, du live en clip.
Est ce qu’il y a un message particulier que vous voulez faire passer ? Dans l’album ? Dans une chanson particulière ?
Pas particulièrement, on reste plutôt sur le thème global de l’écologie. Peut-être qu’il faudrait faire une psychanalyse de l’album (rires).
Est ce qu’il y a des groupes qui vous influencent ? Ou que vous aimez particulièrement ?
Arnaud : Toujours. Après c’est compliqué, on est six et il y a tellement de choses.
Florian: Neurosis, Deftones.
Arnaud : Flo est plus hardcore, punk hardcore par rapport aux autres, mais je me retrouve aussi dans Deftones avec un immense plaisir.
Florian : Après on est tous un peu fan de Neurosis parce qu’on aime bien les titres avec des tempos bien lourds, par contre on aime bien aussi les mélodies et Deftones ça reste quand même le groupe qui sait vraiment faire ce genre de choses, c’est assez un miracle je trouve, c’est un sans-faute. Donc un bon mix des deux, c’est vraiment ce qu’on aime.
Est-ce que vous avez une anecdote de concert, bonne ou mauvaise à nous raconter ?
Florian : Moi j’en ai une, même si je n’étais pas encore dans le groupe à ce moment-là, c’est l’histoire de la demande en mariage à Nantes.
Arnaud : Oui on a eu un truc vraiment sympa, on devait jouer à Nantes aux Ferrailleurs avec Amenra, et une semaine avant je reçois un mail d’un nantais qui me demande si on va jouer un certain morceau de notre premier album, de Général Lee du coup, et on lui demande pourquoi et en fait il voulait demander sa copine en mariage pendant ce morceau, dans la fosse. Donc on lui dit, « pas de soucis », on joue ce morceau et ils sont venus nous voir après le concert pour nous dire qu’elle avait dit oui, donc ils étaient ravis. Et ce qui est très sympa, c’est que à chaque fois qu’on va jouer à Nantes ils sont là, et la dernière fois c’était là il y a quinze jours, et ils sont venus nous voir. Et c’est marrant parce la demande en mariage c’était il y a une quinzaine d’années et on joue à Nantes tous les trois ans à peu près et on les voit vieillir, et ils sont toujours beaux, et ils sont toujours ensemble.
Et une mauvaise ?
Je n’ai pas souvenir de quelque chose, avec Junon en tout cas on n’a jamais eu de galère, en tout cas rien de grave, on ne s’est pas crashé en bus, on n’est pas tombé d’un pont (rires). Tout va bien, on touche du bois (ils touchent la table).
Est ce qu’il y a quelque chose que je ne vous ai pas demandé et dont vous voudriez parler ?
Heu …
On peut parler de nos dates qui arrivent, on va jouer au Grofest, on fait une série de dates fin avril, les 17,18,19, on joue à Pau, au Grofest donc et on est tête d’affiche le vendredi et on est ravi parce qu’on n’a pas joué dans le Sud depuis très longtemps. On est très content d’y aller, c’est la cinquième édition du festival, et ils ont l’air super motivés alors que ce ne sont pas des régions hyper simples pour faire du Metal, c’est un peu plus compliqué, il y a un peu moins de public.
Et du coup est ce qu’il y a une salle, ou un festival, où vous rêveriez de jouer ?
Forcément ce serait dur de dire non au Hellfest … Sinon au Motocultor, au Xtreme Fest à Albi aussi où la scène est toujours complètement dingue. Mais en fait on est prêt à jouer partout où on nous accueille et on a vraiment envie de défendre l’album, on a retrouvé une nouvelle dynamique et on est chaud.
Et des artistes avec qui vous voudriez jouer ?
Neurosis ! (rires). On a plein de copains avec qui on aimerai bien jouer mais après il faut que ça colle esthétiquement parlant, logistiquement parlant, il faut qu’en terme de calendrier ça colle aussi, c’est compliqué.
Merci beaucoup de nous avoir accorder cette interview, à bientôt.
Par Delphine Gaston & Alexandre Farret