Interview avec Antoine Auclair, du groupe Witchorious !
Antoine Auclair, chanteur et guitariste du groupe WITCHORIOUS a bien voulu répondre à quelques questions dans un moment de confidence autour de l’album « Witchorious » qui est sorti le 16 Février via Argonauta Records.Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ?
Salut Metal Rock Magazine ! Nous sommes Witchorious, un groupe de doom metal basé à Chelles dans le 77. Nous sommes un trio composé de Lucie Gaget (basse, chant, thérémine), Paul Gaget (batterie, percussions) son frère, et Antoine Auclair (guitare, chant). Nous avons commencé le groupe en 2019, on a sorti 2 singles début 2020, et nous venons de sortir notre premier album le 16 février 2024.
J’ai l’impression que l’album est un peu séparé en deux parties, avec des morceaux comme Monster, Catharsis, Eternal Night, To The Grave ou Why qui me semblent beaucoup plus personnels alors que des morceaux comme The Witch, Blood, Sanctuaire ou Watch Me Die semble aborder des thèmes un peu plus généraux, est-ce le cas ?
On n’a pas forcément conçu l’album avec cette séparation, mais effectivement on ressent aussi ces deux phases. On écrit des morceaux qui nous permettent d’exorciser nos maux, et donc c’est normal que beaucoup soient très personnels. Et puis parfois, on parle d’autres sujets qui nous touchent mais qui relèvent plus de la société, de l’état du monde, et là souvent on utilise davantage de personnages, de métaphores, on raconte une histoire. Donc oui c’est vrai que dans ce cas, l’autobiographie est remplacée par une narration, comme des petits courts-métrages au milieu du récit.
Dans Catharsis vous abordez le thème de la dépression, maladie qui touche énormément de personnes, en avez-vous souffert vous-même ? Si oui, est ce que la musique vous a aider à surmonter cela ?
Oui, je pense que comme pour beaucoup de jeunes de notre génération, on a un rapport au monde et à nous-mêmes qui fait qu’on se pose beaucoup de questions, et notamment ce qu’on fait là… Chaque membre du groupe a ses pathologies, haha. Pour ma part, puisque j’écris la plupart des textes, c’est parfois dur d’affronter la journée et de se projeter dans l’avenir… Ça fait un bien fou de retranscrire l’univers qui est dans sa tête avec des parties de guitare, de mettre des mots sur ce qui nous hante, et de gueuler un bon coup dans un micro… J’ai longtemps eu cette image mentale d’être prisonnier dans une cage qui partait à la dérive dans l’espace, et je crois que le raconter dans Catharsis m’a pas mal aidé à surmonter ça.
On sent beaucoup l’influence de Black Sabbath (entre autres) dans cet album, vous souvenez vous de quand vous les avez découvert pour la première fois ?
Pour ma part c’était au lycée, je devais avoir 15 ans, quand je me suis mis à la guitare avec des potes. On s’apprenait des plans entre nous, qu’on avait souvent trouvé dans Guitar Part, et je me rappelle quand on a découvert “Iron Man”, on s’est dit “waw c’est quoi ce truc ?” Une révolution, très formateur. Pour Lucie et Paul je crois que ça remonte vraiment à la petite enfance. Leurs parents sont aussi musiciens et grands fans de tout le rock des années 70, ils ont toujours passé beaucoup de vinyles à la maison, alors on peut vraiment dire que Black Sabbath fait partie des groupes qui les ont bercés.
Avez-vous eu la chance de les voir en concert ?
Oui ! C’était en 2013 à Bercy avec Uncle Acid & The Deadbeats en première partie. J’étais un brin déçu que Bill Ward ne soit pas là, il manquait un Pokémon haha. Mais j’adore Clufetos et c’était un super concert, comme une cérémonie, alors ça reste un ultra bon souvenir. J’avais vu Ozzy en solo en 2010 à Bercy aussi, j’étais devant et j’étais déjà transcendé par le jeu de jambe du taulier, et j’ai même eu le droit à du canon à neige dans la tronche, c’était mortel.
Bravo pour le clip qui est magnifique. Le choix du noir et blanc s’est-il tout de suite imposé à vous ?
Oui dès le début on pensait faire du noir et blanc, parce qu’on trouve ça beau et que ça va très bien avec notre univers et ce qu’on veut dire. On a validé ce choix avec Julien Metternich, le merveilleux réalisateur du clip de “Monster”, et ça nous a permis de développer des idées autour des lumières en conséquence. Il nous a proposé plein d’effets qui ont été marrants à tourner qui rendent super bien dans la vidéo, comme toutes les projections de poussière dans les mouvements de cheveux et sur la batterie. On voulait aussi que le liquide noir, qui représente le mal qui se diffuse dans les différents personnages, soit très épais et brillant.
Est-ce que le fait d’y avoir inclus des enfants était pour représenter une certaine idée de l’innocence ? Ou de la vulnérabilité ? Ou alors tout autre chose ?
Alors les enfants, c’est complètement une proposition de Julien, et on a adoré ! Au début, on pensait juste montrer le personnage du monstre. Mais en intégrant les enfants, on a davantage pu montrer comment le monstre se comportait de manière odieuse face à des gamins, sans se sentir coupable de rien. Dans le scénario, ces enfants sont en fait les enfants de salariés que le monstre, qui est ici un patron tyrannique, a poussé au suicide. Ils viennent pour se venger en le molestant et en l’arrosant d’essence pour lui faire peur, mais dans la précipitation la petite fille échappe le briquet et le monstre prend feu. Ça nous a permis de montrer que même quand on est innocent, si on laisse la colère nous envahir alors on peut devenir un monstre à notre tour, car ils ont désormais fait du mal à un homme qui lui-même a des enfants. Et c’est exactement ce dont parle le morceau, le fait qu’on est tous pourris à certains moments de nos vies, selon le contexte et les situations.
Est-ce que le choix des images de journaux était aussi pour vous une façon de critiquer la justice actuelle ?
Encore une proposition de Julien ! Par contre les coupures de journaux sont vraiment là pour montrer de manière explicite et rapide le lien entre le monstre et les enfants, c’est-à-dire le suicide de leurs parents à cause du harcèlement au travail. On n’a pas consciemment fait ce choix pour critiquer la justice, mais évidemment ça fait partie du sous-texte : si des gens peuvent se conduire de manière aussi monstrueuse et que ce sont des enfants qui sont obligés de chercher à se faire justice eux-mêmes, c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans le système. Le texte de la chanson vise à la base énormément les grands patrons, ces gens qui nous méprisent et commettent des délits impunément, parce que l’argent c’est le pouvoir. Si être puissant veut uniquement dire avoir beaucoup d’argent, alors c’est peut-être qu’au fond l’être humain est trop vil pour mériter sa place au paradis, comme dit le refrain.
Avez-vous eu une salle ou une ville où vous avez particulièrement aimé jouer ?
Tous les endroits où l’on a joué nous ont laissé de très bons souvenirs. Mais si on devait en retenir un seul, ce serait potentiellement le concert au Westill Fest à Vallet le 17 novembre 2023. Ce n’était pas notre première dans une salle de concert, mais c’était notre première vraie grosse scène, et dans un festival de stoner doom qu’on adore en plus. On était dans le public des éditions précédentes, alors se retrouver sur la scène du Champilambart pour ouvrir le festival était vraiment un moment magique. On a rencontré beaucoup de gens super, le public nous a très bien accueillis, et l’équipe du Westill est adorable.
Avez-vous une anecdote de quelque chose qui s’est particulièrement bien ou mal passé ?
Alors pour l’anecdote, le matin du 20 juin 2023, je regardais les news sur les réseaux sociaux, comme chaque matin, en me disant que j’aimerais bien faire un concert pour la fête de la musique car on n’avait rien de prévu. Et c’est alors que le Westill poste une annonce pour trouver un groupe disponible pour la fête de la musique car Stronger Than Arnold ne pouvait plus venir. J’ai immédiatement postulé, et on a été pris. Ça nous a permis de faire un concert et de passer une super soirée dans les rues de Vallet, et dans la foulée on a découvert que ce concert était un tremplin. On a remporté le tremplin et c’est ce qui nous a permis d’ouvrir le Westill Fest !
Quelle est la salle où vous aimeriez jouer ?
Plus qu’une salle, ce serait clairement le Desertfest Anvers. C’est la Mecque du stoner doom, tous les groupes les plus cool y jouent. Et le complexe du TRIX dans lequel le festival a lieu est assez grandiose, avec une grande salle, une plus petite à l’étage, et une salle club vers le bar… C’est une sorte de village du gros son sur trois jours et il y a une super ambiance, alors si on le fait un jour je pense qu’on sera super heureux.
Enfin y a-t-il quelque chose de plus dont vous aimeriez parler ?
On a mis tout notre amour et notre énergie dans ce premier album. On espère que ça plaira aux gens, et surtout que ça leur parlera. On espère vous croiser à l’un de nos concerts, on adore vous rencontrer et discuter avec vous. Un grand merci à vous Metal Rock Magazine pour l’interview, c’était super sympa !
Par Delphine Gaston & Alexandre Farret