HARUN, guitariste compositeur d’abord connu comme fondateur du groupe de death metal progressif Trepalium, a pris le temps de répondre à nos questions à l’occasion de la sortie de « Reboot », son second album solo et premier en tant que chanteur guitariste, paru le 25 octobre dernier sur le label OSB Prod.
Bonjour ! Félicitations pour ton nouvel album, « Reboot » !
Hello ! Eh bien, merci !
C’est le cas de le dire, ce deuxième album solo est vraiment un « renouveau », puisqu’en plus de mêler des genres variés et différents du premier, tu y chantes ! Tu as « décidé de [t’]improviser chanteur sur un coup de tête au moment de [tes] prises studio ». Était-ce cependant quelque chose qui te tenait à cœur depuis longtemps ? Et as-tu eu des moments de doute ?
Alors, j’ai toujours plus ou moins pratiqué plusieurs instruments sans trop me poser de questions. Mais pour le chant, c’était différent. Lorsque j’ai commencé la musique, je ne pensais pas avoir de voix donc je n’osais pas me projeter en tant que chanteur. Je m’étais persuadé que ce n’était pas pour moi… Que c’était comme ça. Mais au fond, j’éprouvais une forme de frustration. Alors, lorsque j’ai compris que nous avions tous une voix et qu’il suffisait de l’apprivoiser, d’apprendre à l’aimer pour débloquer ça, j’ai vu la porte s’entrouvrir en commençant à travailler sur ce nouvel album. Donc quelque part, oui, ça me tenait à cœur. Sinon, mes doutes se sont dissipés rapidement lorsque j’ai finalisé l’enregistrement de mon premier titre, “Lost In The Light”.
Les titres et paroles de tes nouveaux morceaux indiquent que tu es passé par toutes les émotions… Manifestement, tu as puisé dans ton propre vécu pour dévoiler des compositions si personnelles. Tu as également enregistré ton second opus entièrement seul. « Reboot » est-il l’album dont tu es le plus fier ?
Il m’a fallu une bonne dose de courage et de remise en question pour pondre “Reboot”. Mais au fond, je reste fier de tous les albums auxquels j’ai participé. Notamment “Damballa’s Voodoo Doll”, “XIII” (Trepalium) ou encore “Back In Business” (Step In Fluid). Ce sont des moments importants de ma vie. Des rencontres… Mais ce sont des projets différents des uns des autres, donc je les aime différemment. Mais “Reboot” a une saveur toute particulière qui redéfinit encore ma vision de la musique. Un sentiment de liberté… Donc oui, clairement, celui-là est mon favori pour plusieurs raisons.
Fin janvier dernier, tu annonçais que ton deuxième album solo était dans la boîte. Trois semaines plus tôt, la fin du groupe de death metal Trepalium, dont tu es le fondateur, était annoncée. Cet événement a-t-il influencé « Reboot » ainsi que ta décision d’y poser ta voix ?
Non, pas spécialement, car je ne me pensais pas capable de chanter lorsque nous avons annoncé la fin du groupe. Je me suis mis à chanter car Fabien Devaux, qui était en charge du mix/master de l’album, trouvait qu’il manquait quelque chose dans le premier titre composé pour “Reboot”. Je lui ai tout simplement répondu que j’allais tester des trucs à la voix. Et le résultat nous a surpris… Moi le premier. Ce n’était pas prévu du tout.
Hormis les périodes de confinement, qui t’ont, sans aucun doute, permis de faire le point sur ta carrière, as-tu eu un déclic pour te lancer en solo ?
Peut-être… Ça a dû nourrir le projet, mais pareil que pour le chant sur mon dernier album, j’avais lancé ça sur un coup de tête. Mais depuis longtemps, je caressais l’idée de faire un album solo un jour, mais je ne savais tout simplement pas quand. Confinement ou non, j’aurais sûrement passé le cap tôt ou tard.
Penses-tu que « Reboot », mêlant post grunge, new wave, pop et métal, touchera un plus large public que pour « In Motion », album instrumental progressif allant du métal au jazz-fusion ? Ou du moins un public différent ?
Plus large ? Sûrement, car “Reboot” est plus accessible musicalement, et bon, il y a une voix ! Les musiques instrumentales attirent moins les foules. En tout cas, le public sera partiellement différent, oui. Je le constate déjà…
Comme sur ton premier album, « In Motion », je suppose que huit titres étaient également prévus pour le second. Tu as souhaité y rajouter « Shout » en tant que neuvième titre, reprise de Tears For Fears et l’un des plus gros hits des années 80. Reprise qui te va très bien à tous les niveaux et qui est donc une réussite. Au-delà du fait que « le timbre de voix, le texte et la musique s’accordaient parfaitement avec [ton] album », comme tu l’as dit, pourquoi avoir choisi cette cover en particulier et décidé d’en faire la chanson de clôture ?
Tout simplement qu’il m’a paru évident qu’il apportait un plus à l’album. Ça collait au reste de mon répertoire et je me suis dit qu’il y avait moyen de la revisiter. J’aurais eu un peu plus de temps, peut-être que j’aurais essayé de reprendre un autre tube de Tears For Fears. « Break It Down Again », par exemple ou encore un Depeche Mode, voire même un Nine Inch Nails…
Si tu ne devais en citer qu’un, quel serait ton musicien préféré ?
Haha… Je n’aime pas ce genre de question car ce ne serait que partiellement vrai dans mon cas. D’un côté, je pourrais te citer dix artistes que j’adore, et en même temps, ils ont toujours des chansons ou des albums qui ne me touchent pas. Et puis j’aime des musiciens qu’on ne peut pas comparer entre eux, comme Dimebag Darrell, Layne Staley ou encore Jeff Buckley. Pareil pour les groupes. Meshuggah ou Paramore… Je suis incapable de te répondre à cela. Désolé.
Auteur-compositeur-interprète, comment fais-tu pour avoir si rapidement et toujours autant d’inspiration après plus de deux décennies ?
Mes expériences au sein de Trepalium et Step In Fluid ont été très enrichissantes en termes d’écriture et de production. Disons que je m’autorise beaucoup de choses artistiquement. J’ai donc appris à rebondir sur toutes sortes d’inspirations. Qu’elles me viennent de l’extérieur ou de ma propre expérience, je cherche à développer mes propres points de repère.
Tu te décris comme un compositeur compulsif. Ton troisième album est-il déjà en cours de préparation ?
J’ai quelques idées sur comment je veux faire sonner les prochains titres mais je n’ai pas commencé à travailler dessus. Mon nouvel album vient juste de sortir, alors je vais attendre deux ou trois mois avant d’y réfléchir sérieusement. J’ai besoin d’un peu de recul sur ce que j’ai fait.
Vu ton éclectisme, envisagerais-tu, un jour, de sortir un album dans un tout autre genre que ce que tu as fait jusqu’à présent ?
J’ai envie de te dire que tout est possible avec moi, mais là, je ne sais pas. Je ne pense pas. Je viens de me découvrir un nouveau terrain de jeu avec cet album et je compte bien avancer dessus. Il y a tellement de choses à faire !
Que ce soit en tant que musicien ou spectateur, quel est ton plus beau souvenir de concert ?
Il y en a beaucoup ! Avec Trepalium, je dirais peut-être le Hellfest 2009 sur la Main Stage ou l’édition de 2019 sous la Altar. Ou encore en 2012, la tournée Klonosphere enchaînée avec la tournée Gojira/Trepalium/Klone. Ceci dit, d’autres concerts plus petits m’ont vraiment marqué comme ce concert au Black Sheep de Montpellier en 2015. Le public était déchaîné !
Ta release party a lieu le 15 novembre prochain au Confort Moderne à Poitiers. Date symbolique marquant une nouvelle ère ! Le chant étant quelque chose de nouveau dans ta carrière, j’imagine que ce sera ta toute première fois sur scène en tant que chanteur/guitariste et donc face à un public… Pas trop stressé ?
Franchement, non. Je suis même plutôt impatient d’y être ! Ça sera perfectible étant donné que ça sera une première, mais nous sommes prêts à défendre mon album sur scène.
Merci d’avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions. Je te souhaite plein de succès avec « Reboot » et pour la suite de tes projets !
De rien et merci à toi. Au plaisir de se retrouver au détour d’une date !