Charlotte Wessels (ex-Delain), chanteuse et compositrice néerlandaise, a pris le temps de répondre à nos questions à l’occasion de la sortie de son troisième album, « The Obsession », paru le 20 septembre dernier via Napalm Records.
Bonjour !
Bonjour, ravie de te rencontrer !
Ravie de te rencontrer également ! C’est un tel honneur… Je suis une de tes fans depuis que j’ai entendu la chanson « April Rain » de Delain, qui est sortie en 2009. Ça fait donc quinze ans !
Oh, d’accord ! Oui, c’était il y a si longtemps ! (Rires)
J’ai d’ailleurs été voir Delain en concert plusieurs fois à Paris il y a quelques années. Je suis tellement heureuse de pouvoir t’interviewer ! Et stressée ! (Rires)
Ne t’inquiète pas, je suis stressée aussi car j’ai passé l’après-midi à donner des interviews. Nous pouvons donc être stressées ensemble. (Rires)
D’accord, merci ! (Rires)
Ton troisième album, « The Obsession », sera disponible dans quelques jours. Te sens-tu un peu soulagée qu’il sorte bientôt ?
Assurément. Oui, c’est toujours un moment intéressant quand tu as travaillé sur quelque chose pendant si longtemps et que les gens peuvent enfin l’écouter, puis faire part de leurs impressions. C’est aussi un peu angoissant, tu sais, quand arrivent les premières critiques. Tu te demandes : « Est-ce que les gens vont aimer ? », « Est-ce qu’ils vont comprendre ? ». Mais je suis très fière de cet album…
Et il y a de quoi !
Merci ! Et je pense que même si certaines personnes ne l’apprécient pas, ça ne pourra pas m’enlever cette fierté, car il y aura toujours des gens qui n’aiment pas ce que tu fais.
Est-ce que ça te donne l’impression de sortir un autre premier album ? Puisque tu joues à nouveau du métal pour un projet solo à présent…
Oui, ça me donne cette impression, car les albums précédents étaient vraiment des compilations, c’est pour cela que je les ai appelés ainsi. Il y a eu beaucoup d’expérimentations. Je n’avais pas vraiment l’intention de sortir ces morceaux sur un album au départ. Je créais et publiais simplement ma musique sur Patreon, puis c’est devenu une activité à plein temps. À un moment donné, je me suis dit : « Est-ce que je veux être le genre d’artiste qui garde toute sa musique derrière un mur payant ? » et la réponse était non, donc j’ai sorti certains morceaux. C’était vraiment… Comment dire… un peu hors de contrôle. Mais cet album-ci est le fruit de décisions très réfléchies. Dans ce sens, il ressemble à un premier album. Sans dénigrer les disques « Tales From Six Feet Under » que j’aime aussi, mais celui-ci est très différent.
C’est que tout ça est un peu nouveau, comme les extraits de l’album rencontrent déjà un franc succès dans des playlists telles que Spotify, Apple Music, Deezer…
Oui, il est dans toutes les playlists et presque toutes les chansons ont été très bien accueillies jusqu’à présent. Je suis un peu… hum… ouais. Non, ça se passe vraiment bien, je suis vraiment reconnaissante. Je suis aussi toujours nerveuse à ce sujet, tu sais, quand tout va bien, je me dis : « Attends… Ça ? ». (Regardant autour d’elle comme si c’était trop beau pour être vrai) Quelque chose va forcément mal tourner à un moment donné. (Rires)
Je voulais justement te poser une question – comme tu disais être nerveuse – au sujet de l’anxiété. Étant donné que la peur, les pensées obsessionnelles et l’évasion sont les principaux thèmes de ton album, jouer devant un public t’a-t-il déjà rendu anxieuse ou paralysée dans ta carrière solo ? Récemment, par exemple ?
Oui, absolument. En fait, The Crying Room a été inspirée par l’expérience même du premier concert que nous avons donné, celui pour la sortie de « Tales From Six Feet Under » Volume 1 & 2. C’était ma première fois sur scène en deux ans… J’étais super nerveuse, alors le tour manager m’a demandé : « Tu veux ta propre loge ? » et j’ai répondu : « Non, mais j’ai besoin d’un endroit où aller si je fais une crise d’angoisse », et c’est ainsi que « The Crying Room » est née. Donc oui, je deviens nerveuse. Je suis nerveuse pour des raisons différentes de celles d’avant. Je… Ouais, ça me rend… Rien que d’y penser, ça me stresse… Ouais. (Sourire)
À propos des concerts, la release party – presque sold out, félicitations ! – se tiendra le 4 octobre prochain au TivoliVredenburg dans la ville d’Utrecht aux Pays-Bas. Vas-tu jouer toutes les chansons de « The Obsession » lors de ce grand événement ?
Je pense que oui !
Les douze morceaux, donc.
Oui, oui, oui. Je pense qu’on ne laissera aucun titre de côté. J’ai hâte ! Je suis surexcitée que ce soit presque sold out, oui.
Tu seras également en tournée européenne dès novembre prochain, en première partie du groupe de métal progressif VOLA. Le groupe t’a-t-il contactée pour la tournée ou t’es-tu proposée ?
Oui, je les ai contactés, je suis une grande fan. J’ai vu l’affiche de la tournée et je me suis dit que c’était tellement parfait : c’est mon groupe préféré, la tournée a lieu juste après la sortie de mon album, et elle couvre toute l’Europe. Donc je leur ai envoyé un message privé du genre : « Hé, je ne vois aucun autre groupe sur cette affiche pour l’instant ». Et tu sais, même si j’ai des agents, je ressens le besoin de m’impliquer personnellement, surtout quand je suis une grande fan d’un groupe. Donc, je leur ai envoyé un MP et je leur ai demandé : « Vous avez besoin d’un groupe ? » (Rires). « Il vous en faut un » et donc… Ça s’est fait comme ça et j’ai trop hâte.
Et est-ce que tu comptes monter sur scène avec eux pour un duo ?
J’adorerais, mais pour le moment, nous n’avons rien discuté de tel. Nous sommes encore très occupés à régler tous les détails logistiques de la tournée, comme la place dans la remorque, ou tous les trucs amusants liés à la gestion du transport.
L’année prochaine, tu vas jouer au Dynamo Metal Fest. Félicitations encore !
Merci !
Tu dois être tellement fière, surtout avec une affiche aussi exceptionnelle… « The Obsession » n’est même pas encore sorti et c’est déjà un succès. Tu figures, comme je l’ai dit, sur les nombreuses playlists métal des plateformes de streaming pour « The Crying Room ». Comment as-tu réagi à toutes ces bonnes nouvelles ?
C’est une bonne question parce que j’ai tendance à juste continuer d’avancer et à travailler. Je ne sais pas si je célèbre ces choses assez souvent. Donc, bien sûr, je suis très heureuse quand je reçois ces nouvelles, et d’une certaine manière, c’est encore plus gratifiant aujourd’hui. Je ne sais pas pourquoi, mais tout me rend sentimentale. Mais oui, je devrais fêter cela plus souvent. Merci pour le rappel ! (Rires)
En fait, j’ai vu une de tes publications sur Instagram concernant ces super playlists… (Rires) Et tu remerciais tous ceux ayant ajouté la chanson à leur playlist.
Oui, c’est tellement incroyable, tu sais. C’est… J’en suis très touchée. Tu sais que sur Spotify for Artists, tu peux voir les playlists personnelles dans lesquelles les gens ajoutent tes chansons ? C’est tellement amusant de voir dans quel genre de playlist les gens t’ajoutent, parfois des playlists pour se défouler ou pour faire du sport. C’est vraiment unique de savoir que tu les accompagnes dans ces moments de leur vie.
Tu as repris plusieurs chansons comme « May It Be » de Enya, « Mary On A Cross » de Ghost, « Bad Guy » de Billie Eilish… Envisages-tu d’enregistrer un album complet de reprises un jour ?
Faire des reprises, c’est souvent pour moi une obsession totale pour une chanson, ou c’est parce qu’on me le demande. Parfois, si je ne me sens pas inspirée pour écrire une nouvelle chanson ou que je n’arrive pas à en terminer une, je fais une reprise pour rester créative dans les arrangements et l’enregistrement, mais au moins, je n’ai pas à l’écrire, tu vois ? Est-ce que je ferais un album complet de reprises ? Je ne pense pas que je me dirais : « OK, je vais faire douze reprises maintenant ». Mais après quelques années à en faire de temps en temps, je pourrais dire : « Hé, tu sais quoi, celles-ci sont vraiment sympas. Peaufinons-les et regroupons-les sur un album ! ». Ça, je peux le concevoir. Mais en général, je m’enthousiasme plus à l’idée de créer des nouveaux morceaux que de faire des reprises. Cela dit, peut-être qu’un jour, j’en aurai suffisamment pour en faire un album. Qui sait ?
Question pas très originale, mais où te vois-tu dans cinq ans ?
Je n’en ai aucune idée. D’ici trois ans, oui, mais dans cinq ans, je ne sais pas. Hum… Mais j’espère revenir à cette routine… Ça ne fait pas très rock’n’roll, mais j’adorerais refaire un album de la même manière qu’on a fait « The Obsession ». C’était un processus vraiment agréable. Tu sais, on va bientôt repartir en tournée et j’aimerais faire plus de tournées, faire plus de premières parties, des tournées en Europe, en dehors de l’Europe. Au point où on pourrait partir chaque année ou tous les deux ans dans tous ces endroits, faire des albums, travailler… Oui.
Pour revenir à ton nouvel album : le dernier morceau « Soft Revolution (2024) » est très puissant et plus heavy que la version de 2021. Pourquoi avoir choisi de revisiter cette chanson en particulier ?
Je pense que c’est ma préférée parmi toutes les chansons des albums « Tales From Six Feet Under » et je ne pense pas qu’il y avait quelque chose qui clochait avec la version initiale. Cependant, quand nous avons commencé à la jouer en live pendant la tournée « Dead’s Club », il y avait toujours une certaine magie. Après avoir entendu le groupe et Timo jouer le solo de guitare qui faisait pleurer tout le monde chaque soir, je me suis dit : « OK, je veux qu’on enregistre cette version, je veux capturer un peu de cette magie sur l’album. ».
En dehors du métal, quel genre de musique aimes-tu écouter ? Et qui t’inspire ? Quels artistes, groupes ?
J’aime aussi la pop. J’aime les artistes avec une touche dramatique. J’adore Florence and the Machine, Aurora… J’adore aussi les mélanges pop-métal comme Poppy. Je suis également une grande fan de musique classique, j’adore Rachmaninov, Tchaïkovski… Et j’adore toujours mes « icones féminines du rock des années 90 », tu sais, The Cranberries et K’s Choice… Et puis, j’aime toujours Led Zeppelin, Pink Floyd et d’autres classiques du rock, donc j’ai vraiment des goûts très éclectiques.
Je vois ça !
Oui, j’aime vraiment beaucoup de choses. (Rires)
Quelle est ta chanson préférée sur « The Obsession » et pourquoi ?
Je pense que c’est « The Exorcism » parce que c’est celle qui me touche le plus. Quand je la chante, je ressens exactement ce que je ressentais en l’écrivant, et j’ai vraiment réussi à transmettre l’émotion que je voulais. J’étais déjà satisfaite de la première version, mais le groupe a vraiment fait des merveilles avec ce titre. Timo a énormément travaillé sur les arrangements et a transformé mes guitares en quelque chose de MASSIF. Et Vikram Shankar a aussi fait un travail incroyable sur les parties de clavier et les orchestrations. Sur cette chanson en particulier, ça fonctionne si bien que je pense que c’est exactement ce que je voulais.
Tu as sorti « The Exorcism » en tant que premier single, et je pense que tout le monde peut s’y identifier, car c’est une chanson qui s’adresse à ceux traversant ou ayant traversé une période difficile. Elle te donne aussi une sorte d’énergie le matin. C’est donc ma préférée de l’album. Merci pour cette chanson !
Oh, vraiment ? Merci !
Penses-tu que tu auras toujours besoin d’une « Crying Room » ?
Oui. En fait, c’est très lié à ce que « The Exorcism » raconte, parce que, tu sais, j’ai par le passé, eu des moments où je traversais une épreuve, je suis allée en thérapie, j’ai travaillé sur moi-même, et puis je me suis dit : « Maintenant, je vais mieux ». Mais ça ne dure qu’un certain temps, et puis, boum, quelque chose d’autre t’arrive, ou boum, le même problème revient… Je ne sais pas. Je commence à faire la paix avec le fait qu’il y aura toujours quelque chose. C’est comme ça.
Un mot pour tes fans français ?
Bien sûr, oui. Je tiens à les remercier énormément pour leur intérêt, pour avoir écouté « The Obsession ». J’espère qu’ils l’apprécient. Nous jouerons à Paris en novembre, au Petit Bain avec VOLA !
Est-il prévu que tu y joues les morceaux de « The Obsession » ainsi que ceux des albums précédents ? Ou peut-être un de Delain, éventuellement ?
Nous allons probablement faire un mélange des chansons de « Tales From Six Feet Under » et de « The Obsession », mais je pense que nous jouerons surtout celles de « The Obsession ». Quant aux titres de Delain, le seul que nous ayons joué jusqu’à présent est « Combustion » issu de « Apocalypse & Chill » et je ne chante même pas dessus. Je pense que c’est encore un peu trop tôt. Avec « The Obsession », j’ai la sensation qu’on se présente à nouveau, donc je veux me concentrer là-dessus. Peut-être qu’un jour, je le ferai. Ces chansons sont aussi les miennes et elles me tiennent toujours à coeur, mais je pense que ce n’est pas encore le moment.
Eh bien, merci de m’avoir accordé de ton temps ! C’était vraiment super de pouvoir te parler sur Zoom !
Merci ! C’était un plaisir de discuter avec toi.
Merci ! Au revoir !
Bonne fin de journée à toi ! Au revoir !
Merci encore ! Au revoir !