VICTOR PÉPIN - FESTIVAL 666
Victor Pépin, organisateur du Festival 666, a répondu à quelques questions à l’occasion de la cinquième édition du festival, qui se déroulera les 9, 10 et 11 août prochains à Cercoux en Charente-Maritime.
Bonjour ! La programmation de cette cinquième édition du Festival 666 est encore plus attractive que les précédentes ! Est-ce à la hauteur de vos espérances ?
Bonjour ! Merci, c’est le but après tout. La programmation est à la hauteur de nos espérances. Il faut dire que l’on a tout donné pour que la cinquième édition soit spectaculaire.
Testament qui clôture sa tournée européenne à Cercoux, c’est la grande classe… Quelles ont été les démarches pour qu’un des groupes pionniers du thrash metal accepte de venir jouer en Charente-Maritime ? Et bravo pour l’exclusivité en France !
Je cherchais justement à programmer un groupe mythique. Les négociations ont été difficiles et ont duré plus d’un mois pour Testament. Il fallait convaincre l’agent d’envoyer le groupe chez nous plutôt que les gros festivals en Belgique, Espagne, Angleterre et République tchèque, qui sont sur le même week-end que nous. Donc beaucoup de culot en misant sur la jeunesse et le côté « festival qui monte vite ». Une fois qu’il était vraiment intéressé, j’ai demandé l’exclusivité française pour être sûr de ne pas me le faire piquer !
Cette année, il n’y a aucun groupe français en tête d’affiche. Pourquoi ce choix ?
Ce n’est pas un choix, c’est dommage ! Nous avons toujours eu à cœur, depuis notre première édition, de promouvoir la scène française. C’est pour cela que l’intégralité des groupes qui ne sont pas en tête d’affiche cette année, sont français (à l’exception de Slope). Sans être méprisant, il n’y avait aucune tête d’affiche française qui était dispo et qui n’avait jamais joué au 666…
À plusieurs reprises, vous avez fait part de votre but ultime : accueillir Gojira sur scène à Cercoux. Pensez-vous que cela sera possible lors de la sixième édition ?
Gojira, c’est le rêve. Depuis la première édition, je leur cours après ! Maintenant, soyons réalistes. Gojira est effectivement français et effectivement localisé non loin de Cercoux, mais Gojira est l’un des plus gros groupes du monde. Et ce n’est pas parce qu’ils sont du coin que ça va nous aider.
Je vais bien évidemment tout faire pour les accueillir l’année prochaine (je dis ça tous les ans), mais ce n’est pas gagné.
Étant le seul à diriger la programmation, vous avez sûrement déjà pas mal d’idées pour 2025 ! Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’organisation d’un festival ?
J’ai pas mal d’idées pour 2025, j’ai même déjà commencé pour les têtes d’affiches ! La programmation est ce qui m’anime le plus : le contact avec les agents, hésiter entre deux groupes donc demander l’avis explicitement à certains festivaliers que je croise… j’adore ! J’aime également beaucoup la production. On est en plein dedans, c’est la période où tu fais le point avec chaque groupe sur l’accueil (hôtel, loges, repas, taxi…) et les éléments techniques pour leur concert. Ça prend un temps fou mais c’est génial.
Sans le soutien de la mairie dès septembre 2017 pour la première édition en 2018, comment vous y seriez-vous pris pour créer puis lancer votre festival ?
Aucune idée. Il faut souligner que c’est parce que le projet tenu par des jeunes de 15 ans en 2017 a plu à la mairie qu’elle nous a autorisé à faire le festival en 2018. Si elle n’avait pas été ok, à moins d’avoir la motivation d’aller chercher une autre commune (ce que je n’aurais pas eu à l’époque), le festival n’aurait sans doute jamais vu le jour !
Grâce au festival, l’innovation de cette année est de faire découvrir le métal à l’école. Le métal n’étant généralement pas le premier genre musical auquel on est initié dès le plus jeune âge lorsque les parents n’en écoutent pas, pensez-vous que certains enfants deviendront (enfin) des metalleux ? Comment ont réagi les habitants de Cercoux suite à cette annonce ?
Le festival est apprécié par les habitants de Cercoux, certains commencent même à vouloir accueillir des festivaliers chez eux ! Le projet « Du Metal à l’École » est éducatif et créatif puisqu’il permet d’intégrer le festival à la vie de la commune tout au long de l’année. Les instituteurs sont donc contents de proposer un éveil musical et artistique à leurs élèves. Et nous, de notre côté, ça nous permet d’avoir de nouveaux festivaliers ou bénévoles d’ici dix ans ahah !
Vous l’avez dit vous-même : plein de groupes de l’affiche proviennent des votes des festivaliers. Quel était le groupe le plus demandé pour cette édition 2024 ?
Le groupe français le plus demandé était Lofofora et de loin. À l’international, Zeal & Ardor ainsi que Jinjer ont été retrouvés très souvent dans l’ensemble de nos demandes de suggestions. Tant mieux pour nous, on adore ces trois groupes ! D’ailleurs, nous avions tout fait pour avoir Z&A en 2023.
Quel est votre plus beau souvenir du Festival 666 ?
L’un de mes plus beaux souvenirs est sans doute lorsque nous avons annoncé notre retour pour 2023. Petit contexte : après la troisième édition en 2021, j’annonce devoir prendre une pause d’un an pour enfin passer en licence 2 de droit. Nous organisons tout de même une soirée off avec Sick of It All et Loudblast en 2022, mais ce n’était pas un vrai festival. Résultat, lorsque nous annonçons notre retour pour une véritable quatrième édition en 2023, tout le monde était en extase ! C’était très émouvant de voir à quel point le festival était important pour les metalleux du coin. Ça faisait vraiment chaud au cœur de voir que les festivaliers ne nous avaient pas oublié. Le soutien était là, ce qui m’a donné confiance pour construire une belle prog’ avec Alestorm.
Comme chaque année, vous avez sans doute prévu d’assister au Hellfest ! Un festival sans lequel vous n’auriez pas créé le vôtre et qui a dû grandement contribuer à le faire connaître grâce à ses panneaux « Agenda concerts » et son livret… Le Festival 666 connaîtrait-il un tel engouement sans le mythique Hellfest ?
Le Hellfest est important pour tous les festivals métal de France. On s’appuie tous sur lui. Cette année, on devrait dépasser les 70% de billets vendus avant le Hellfest. Peut-être qu’effectivement, le livret distribué aux festivaliers nous servira une nouvelle fois cette année ?
Il est vrai que c’est en sortant du Hellfest 2017 que j’ai voulu m’improviser organisateur et faire de même à Cercoux. Sans lui, je n’aurais jamais trouvé une telle voie et une telle source d’épanouissement pour moi ! Et ce n’est certainement pas la conseillère d’orientation qui allait proposer de créer un festival.
Fin mars, les réseaux sociaux du 666 annonçaient que 50% des pass 3 jours avaient été vendus, soit 3 mois plus tôt que pour l’édition 2023. C’est bien la preuve que la programmation plaît toujours et que le festival a gagné en notoriété ! Pensez-vous qu’il affichera complet début août ?
Ce serait super ! Je ne connais aucun organisateur qui n’a pas envie d’annoncer sold out avant son Jour J. Un jour, je l’espère.
Selon vous, qu’est-ce que le 666 a de plus qu’un autre festival de métal ?
On n’est pas en compétition avec les autres puisqu’on essaye plutôt de s’entraider tous ensemble. Mais ce qui fait la singularité du Festival 666, est la jeunesse des porteurs de projet. Cette année encore, plus de la moitié de nos bénévoles ont moins de 26 ans. Enfin, notre plus bel atout est la proximité artiste-festivalier que l’on propose. Nous faisons très attention à la jauge et au nombre de billets mis en vente afin de conserver ce côté humain malgré une belle affiche.
Merci d’avoir répondu à toutes ces questions ! Que le Festival 666 continue son ascension !
Merci à vous et à très vite !
Interview de Estelle Poilâne