Interview avec Paola, Johan, Matthias, Prosper & Nicolas du groupe HORAMA !
Après leur belle prestation en première partie de HYPNO5E à Antony en octobre dernier, nous avons eu l’opportunité d’interviewer Paola, Johan, Matthias, Prosper & Nicolas du groupe HORAMA.
Bonjour à tous, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Johan : Ce groupe, il a une longue histoire. En réalité, tout au début, vers 2014-2015, c’était plutôt un projet de jazz fusion. Et au fur et à mesure de la construction, on s’est aperçu de manière collégiale que ça ne reflétait pas du tout l’esprit de ce qu’on voulait transmettre. On a un EP de cette période, qui ne verra jamais le jour, je pense. Au départ, j’étais l’unique compositeur et il y a eu un déclic, où je me suis dit qu’une seule tête pensante, ça ne fonctionnait pas. Et du coup, on a construit une hydre et c’était le plus beau choix que j’aie fait. Désormais, on a une co-composition, il y a une implication plus viscérale de la part de chaque membre du groupe et ça rend le projet plus personnel. Et d’un projet jazz fusion, presque rock prog, on est passés à un projet totalement metal. Initialement, on avait même un saxophone. On jouait plutôt sur l’harmonie, la composition écrite. Puis, on s’est dit que chaque instrument est unique et on réfléchissait sur comment les mettre en lumière avec les outils que l’on a aujourd’hui.
Prosper : On s’est rencontrés à une école de musique actuelle – l’EDIM – et Zéphyr, notre ancien flûtiste, est venu me voir en me disant : « J’ai un petit projet, on cherche un violoncelliste ». Moi, je sortais tout juste du classique, je découvrais les musiques actuelles et je me suis dit, pourquoi pas ?
Nicolas : Moi, j’étais camarade de classe de Prosper, et quand ils ont cherché un bassiste, ils ont pensé à moi.
Matthias : Moi, j’ai séquestré l’ancien batteur pour prendre sa place (Rires). Non, j’étais pote avec Nico depuis le lycée.
Nicolas : Du coup, quand on a cherché un batteur, je savais de suite qui il fallait appeler.
Paola : J’ai rencontré Johan au conservatoire. À l’époque, il m’avait déjà proposé de faire partie du projet, mais j’étais dans un cursus classique et je voulais participer à des concours, je ne voulais pas m’investir si c’était pour ne pas pouvoir suivre. Je suis ensuite entrée dans une école de jazz – l’American School of Modern Music à Paris – et je me suis ouverte au metal. Je voyais HORAMA évoluer et j’étais heureuse de voir un flûtiste faire partie du projet. Mais plus je voyais l’évolution du groupe, plus j’avais envie d’en faire partie. Quand Zéphyr est parti, Johan m’a donc proposé de les rejoindre. J’étais ravie de mettre la flûte dans un autre univers, de la sortir de son carcan habituel et de la rendre un peu « badass ».
Un violoncelle et une flûte traversière dans un groupe de metal, c’est peu commun !
Johan : Initialement, j’avais envie d’entendre des instruments qui n’avaient jamais été entendus dans le rock et dans le metal. Quand je suis rentré au conservatoire d’Evry, là où j’ai justement rencontré Paola, je ne connaissais pas l’univers du classique et j’en ai mangé pendant 5 ans, j’étais obnubilé par ce monde. Et je me disais, on a écrit de la musique avec ces instruments pendant 300-400 ans et c’est dommage qu’on les laisse dans le passé alors qu’ils ont leur place dans la musique actuelle.
Paola, tu as rejoint le groupe très récemment (en mai 2024). Comment s’est passée ton intégration ?
Paola : J’ai été très bien accueillie, je me suis sentie intégrée dans le projet très rapidement. J’étais au départ un peu timide, parce que je débarquais dans le groupe, qui avait déjà un passif et un univers, mais ils ont été là pour moi pour que tout se passe bien. Maintenant, on est une super équipe. En live, j’ai gardé les lignes mélodiques de base mais j’essaye d’apporter des sons différents, une atmosphère différente. Lorsqu’on a enregistré un nouveau morceau, on a tou.te.s pu mettre notre pierre à l’édifice. C’était un super travail de composition tou.te.s ensemble.
Nicolas : On peut aussi dire qu’à ton arrivée dans le groupe, tu n’avais jamais touché à une pédale d’effets…
Paola : Oui, c’est vrai, Johan et Nico m’ont formée. Et au départ, c’était très dur parce que c’est un autre langage. À la base, tout le monde était en analogique. Moi, je me suis tournée vers une pédale multi-effets et finalement, tout le monde a suivi à part Johan.
Johan : Moi, je travaille sur mon pedalboard depuis que j’ai 18 ans, il a du vécu…
Vous avez sorti votre premier album, « MAELSTROM », en mai 2023. Comment avez-vous travaillé dessus ? Quelles ont été vos inspirations ?
Johan : Il y a des artistes que j’ai écoutés a posteriori et j’ai ressenti leur influence. Je pense à BRUIT, GOJIRA, MESHUGGAH, mais aussi à des artistes de jazz, comme Tigran Hamasyan (pianiste et compositeur de jazz arménien). Il y a également des groupes de post rock, je ne pourrais pas tous les citer… TOSKA avec le guitariste Rabea Massaad, dont le son m’a beaucoup inspiré. Guillaume Perret, également saxophoniste. Je citerais aussi un groupe de copains qui s’appelle CARMEN SEA, dont le violoniste Joachim avait déjà expérimenté les effets donnant un son assez unique et ça nous a inspirés.
Nicolas : On a des influences très différentes. Moi, je suis très metal, par exemple, alors que Matthias est plus jazz.
Matthias : J’étais plutôt dans le rock, mais très vite, je me suis tourné vers le jazz. J’aime aussi la soul, j’aime ce qui est très groovy, très funky, et là, c’était un bon compromis.
Nicolas : Je trouve que ça ressort bien dans l’album, toutes ces influences.
Prosper : Paola et moi, on a peu de références pour nos instruments parce qu’ils ne sont pas très présents dans les musiques actuelles. Du coup, on a nos inspirations mais on est obligés de faire sur le tas et de découvrir par nous-mêmes. C’est ça qui est marrant dans la composition et c’est pour ça qu’on a switché sur le numérique, parce qu’en termes de possibilités, on n’est pas limités. Le numérique, ça prend un peu plus de temps dans la recherche, mais tu peux t’amuser à expérimenter, et comme on n’a pas vraiment de références, on découvre au fur et à mesure ce qui nous plaît.
Nicolas : D’ailleurs, notre dernière compo, elle vient juste d’un son qui a été trouvé. On est partis de ce son, Matthias a commencé à jouer dessus, Prosper et Johan également et voilà.
Johan : Moi, il y a quelque chose qui m’a toujours fasciné quand j’étais au conservatoire et qui ne m’a jamais quitté. J’étais un grand fan de l’époque moderne. Debussy, par exemple. Et c’étaient des artistes qui fonctionnaient par image, par tableau. On a voulu faire de même. Par exemple, pour la dernière compo, on est partis d’un visuel, d’une atmosphère. On voulait quelque chose trip-hop, très dark, glauque même, genre Lavanville dans Pokémon. (Rires) C’est très sérieux !
Quels sont vos projets à venir ?
Paola : Grandir et se faire connaître ! Jouer de plus en plus. Moi, je suis obsédée par le fait de jouer. Il y a beaucoup de monde qui nous découvre par la scène. Actuellement, on s’autoproduit. On n’a pas de booker ou de manager, c’est la débrouille.
Johan : Après, on a rencontré un nouvel ingé son, Fabien, qui prend le projet à fond. Également Alex, une personne qui nous fait les lights, après nous avoir découverts lors de notre passage à l’Usine à Chapeaux à Rambouillet début novembre. La rencontre de ces nouvelles personnes recrée de la confiance et on se sent pousser. Parce qu’on sent que la musique que l’on fait est un peu niche et pas forcément facile d’accès, mais on veut aller jusqu’au bout de cette histoire. On a aussi l’envie de composer, on a mis longtemps à sortir le premier album. Et pour ma part, j’en suis très fier, c’est le plus beau projet de ma vie. Et après avoir fait son premier enfant, on réfléchit au deuxième et on se demande si l’on va faire aussi bien, s’il y aura autant de sincérité dans le nouveau projet. Ça me fait un peu peur, mais il y a surtout de l’excitation derrière.
Un dernier mot pour clôturer notre interview ?
Paola : Merci pour cette interview et écoutez HORAMA !
Nicolas : Venez nous voir en concert !
Johan : Soutenez la scène locale. Elle vit grâce à beaucoup d’acteurs, les salles, les producteurs, les ingés, les bénévoles, les associations. Beaucoup de monde va voir des concerts dans des grosses salles, mais la scène locale constitue la grande majorité des artistes qui tournent en France. Il ne faut pas avoir peur d’aller découvrir des salles autour de chez soi et d’aller voir ce qu’il se passe, car il peut y avoir des belles pépites qui s’y produisent. Ce sont des artistes qui galèrent, qui ont de la sincérité, qui ont des choses à dire et qu’on n’a jamais entendus autre part que dans des MJC. Alors, soutenez la scène locale !
Prosper : Un petit mot pour une personne qui nous suit depuis longtemps : Fiona. C’est la personne qui nous a fait nos deux clips, qui a fait les visuels. Gros big up à elle !
Johan : Fiona fait partie de ces personnes de l’ombre dont on ne parle pas assez. Elle fait partie de la génétique du projet HORAMA.
Nicolas : Toutes ces personnes qui nous accompagnent nous permettent d’avoir toujours la même qualité de set et c’est hyper important.
Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !
Interview d’Ophélie Griffin