Depuis leur apparition sur la scène musicale en 2023, EIHWAR intrigue. Le duo français n’a rien de conventionnel : sa musique, qu’il qualifie lui-même de « Viking War Trance », mêle percussions tribales, mélodies médiévales et beats aux rythmes viking. Une alchimie sonore étonnante, née d’un désir d’innover et d’une quête spirituelle profonde.
Avec des influences allant de King Crimson à Danheim, en passant par le neo-metal et la soul des années 40, EIHWAR puise dans des horizons variés pour façonner une identité musicale à part. Mais EIHWAR, c’est aussi une vision artistique audacieuse : masqués sur scène, Asrunn et Mark incarnent des personnages libérés des contraintes de l’apparence, privilégiant l’énergie brute et la connexion avec leur public. Dans cette interview, nous explorons les coulisses de leur création, de l’étincelle qui a donné naissance à « The Forge » à leurs souvenirs marquants sur scène. Asrunn et Mark se confient sur leur parcours, leurs rituels avant chaque concert, et leur ambition de faire danser et transmettre un peu de chaos positif.
Qui vous a le plus influencé musicalement pour créer un son unique comme le vôtre ?
Asrunn : Du côté de Mark, il y a le prog des années 70, la musique médiévale et de la Renaissance, de l’electro indus’, et pour citer quelques artistes en vrac : Danheim, The Prodigy, King Crimson, Das Ich, Susanne Sundfør, Laibach. De mon côté, mon hôte humaine a écouté beaucoup de neo-metal et beaucoup de musiques dites « noires » (du jazz, de la soul, du rhythm ‘n’ blues des années 40 et 50).
Pourquoi avez-vous choisi de mêler l’électro plutôt qu’un autre style avec les sonorités viking ?
Asrunn : On cherchait à la base des musiques aux sonorités pagan (mais qui tapent assez fort) à mixer pour une after-party dans La Nuit des Sorcières, ce petit festival itinérant auquel nous participons. Mais on n’a rien trouvé dans ce qui existait déjà qui soit suffisamment dansant. Mark s’est donc dit qu’on irait tout aussi vite à créer ce dont on avait vraiment besoin. En trois heures, on a composé « The Forge », on l’a postée sur YouTube et sans en faire la moindre promo, ça a buzzé tout seul. C’est comme ça que EIHWAR est né. Donc, à la base, on n’a pas vraiment choisi, on a plutôt tenté de combler un vide pour nos propres besoins.
On vous a vus au Hellfest et au Motocultor, seriez-vous éventuellement prêts à composer du metal viking ?
Asrunn : Non, pas du tout. Déjà, ça demanderait plus de musiciens, et on ne changerait notre statut de duo pour rien au monde. Et surtout, ça transformerait complètement notre son, notre musique, et notre démarche. Notre but est de faire danser les gens, pas de faire du metal. En fait, on s’éclate à faire exactement ce qu’on joue actuellement, en laissant notre ego de côté pour être juste dans le partage, la joie, la vie, le mouvement, le chaos. Alors pourquoi changer ?
Asrunn et Mark, pouvez-vous nous parler de vos parcours individuels avant EIHWAR ?
Asrunn : Non, puisque cela donnerait trop d’indices sur nos hôtes humains que l’on souhaite préserver. Ce que l’on peut dire, c’est que nous faisons de la musique chacun de notre côté depuis un long moment maintenant.
Comment vous êtes-vous décidés à collaborer ensemble avec Mark ?
Asrunn : Nos hôtes humains sont assez fusionnels depuis quelques années, ça a coulé de source. On n’a pas réfléchi, c’est le genre d’évidence que l’on ne remarque que quand on nous pose ce genre de question. 🙂
Avez-vous des routines ou un rituel particulier pour préparer vos concerts avant de monter sur scène ? Avant d’enregistrer en studio ?
Asrunn : Oui, systématiquement, je me recentre et je prie « Plus Haut », mes guides, les guides des personnes présentes dans le public et les êtres de lumière qui souhaitent être présents lors de chaque concert à m’utiliser comme leur outil, comme leur » pommeau de douche » pour arroser les gens de leurs énergies de guérison, pour délivrer leurs messages – ou leurs réponses – aux personnes qui en auraient besoin dans notre auditoire. Ensuite, on fait une sorte de câlin avec Mark où on pose nos fronts casqués l’un contre l’autre (ce qui me permet de lui délivrer en premier l’énergie qui me traverse pour qu’il puisse en bénéficier), ensuite, on fait un check et il monte sur scène. C’est toujours un moment très, très fort en émotions. On a tellement de chance de connaître ces instants.
Si vous deviez en choisir un, quel souvenir partagé avec votre communauté serait pour vous le plus marquant ?
Asrunn : On en a plein, mais pour en citer deux qui nous reviennent vite en tête : le premier, c’était notre concert au Hellfest. Et surtout quand les 12 000 personnes de la Temple ont joué le jeu de taper dans leurs mains avec moi sur « Yggdrasil’s Renewal », c’était incroyable, un océan de mains qui tapaient en rythme, jusqu’au dehors, c’était si fou et beau ! Et l’ovation de fin de concert, bien sûr, dont on se souviendra toute notre vie. Le deuxième, c’était lors de la troisième Nuit des Sorcières au Rock N’Eat de Lyon, le public était complètement hystérique HAHA. C’était un tel bonheur, tous ces vikings et sorcières en communion avec nous, dans un total lâcher-prise, qui dansaient tout leur soûl. C’était intense ! D’ailleurs, « La Nuit des Sorcières » de Toulouse, qui aura lieu en février 2025 est déjà complète, mais il reste quelques places pour Bourg-en-Bresse.
Votre morceau « Berserkr » représente EIHWAR à la perfection, mais que représente-t-il pour vous ? Représente-t-il l’hymne de votre groupe ?
Asrunn : Eh bien, déjà, c’est la première fois que nous apparaissions à l’image, c’était donc un moment fort de notre projet. Asrunn et Mark existaient aux yeux du monde en tant qu’entités concrètes, non plus comme de simples voix. Et comme tout dans ce projet, nous n’avons pas choisi son succès, ni que ce soit le morceau préféré des fans et des gens en général. C’est donc devenu un hymne malgré nous, mais nous en sommes très heureux !
Mark : Il représente aussi cette idée uchronique bien velue de mettre en scène une berserkeress. C’est une image… bien chargée.
Si vous deviez choisir un morceau autre que vos plus grands succès pour initier quelqu’un à votre univers, lequel serait-ce et pourquoi ?
Asrunn : Question difficile puisque les chansons que l’on préfère nous, comme « Yggdrasil’s Renewal », « Skjaldmö », « Geri & Freki » ou encore « Mjölnir », sont généralement les moins écoutées ! Je pense qu’elles ont toutes leur personnalité et leur message propre. Le plus simple, c’est de tout écouter et se laisser appeler par celles qui vous touchent le plus. C’est probablement celles dont vous avez besoin, comme avec les pierres. 🙂
Y a-t-il des morceaux ou albums qui ont une signification personnelle particulière pour vous ?
Asrunn : « Völva’s Chant » est un morceau qui nous a particulièrement touché quand j’ai « reçu » les lignes de chant. On a enregistré en one shot, comme beaucoup de chansons d’ailleurs, mais celle-ci en particulier dégageait une énergie très forte. Quand on a réécouté, on s’est dit : « Ok, on touche rien, c’est parfait comme ça. Dommaaaage, c’était pas le bon micro ! Eh ben, tant pis ! ».
Pourquoi avez-vous choisi d’apparaître masqués lors de vos performances ? Est-ce un moyen de protéger votre vie privée ou cela reflète-t-il une idée artistique ou spirituelle ?
Asrunn : Pour nous permettre d’être totalement libres, d’être des personnages super-héroïques, de laisser nos hôtes humains tranquilles et, me concernant, de ne pas avoir à répondre aux injonctions de la beauté, de la jeunesse, et de la perfection qui pèsent sur les femmes, surtout lorsqu’elles s’exposent sur scène. Ainsi, je suis libre d’être laide, violente, sauvage, et d’être moins dans l’ego et davantage dans le partage avec le public. Ce qui n’exclut pas une hygiène de vie absolument parfaite, au risque de ne pas pouvoir tenir la distance pendant les tournées.
Je vous remercie encore une fois pour votre disponibilité et votre confiance. Votre musique a un impact fort sur ses auditeurs, et je suis ravi de contribuer à mieux la faire connaître à travers cet article.
Asrunn : Merci à toi pour ton intérêt et ton enthousiasme !
En vous souhaitant le meilleur pour vos futurs projets et en espérant vous revoir bientôt sur scène !
Asrunn : Au plaisir !
Mark : Skål !
Asrunn : Ouais, il est comme ça, Mark. Laconique mais efficace.
EIHWAR n’est pas juste un groupe de musique, c’est une expérience, une communion, et une célébration de la vie dans tout son chaos vibrant. Asrunn et Mark promettent encore de belles aventures à venir. Nous attendons leurs prochaines créations avec impatience.
Interview de Fabien Evrard