Interview avec LORD CAMPBELL chanteur-guitariste du groupe SILVER DUST !

A l’occasion de la sortie du nouvel album « Symphony of Chaos » de SILVER DUST, nous avons pu rencontré Lord Campbell chanteur du groupe !
Votre univers est souvent qualifié de theatrical rock metal. Pourriez-vous éclairer ce que recouvre exactement ce terme dans votre démarche artistique ?
C’est une question complexe, car en tant que compositeur à l’origine de l’ensemble du concept, il m’est parfois difficile de le définir avec exactitude. Ce sont souvent les autres qui posent les mots sur ce que je crée. Pour ma part, j’ai avant tout cherché à concevoir un album profondément ancré dans l’énergie du metal mais nourri de mes affinités pour la musique électronique et la musique classique. Le résultat est un amalgame de ces trois univers, que j’essaie de rendre aussi visuel que sonore.
Il y a chez moi cette volonté constante d’insuffler à la musique une dimension presque cinématographique.
On sent que cet album a été traversé par quelque chose de très personnel. Pouvez-vous nous en dire davantage sur le contexte de création ?
La genèse de cet album est intimement liée à une épreuve que j’ai traversée : la perte de mon meilleur ami. Ce fut un choc si violent que j’ai été comme figé, paralysé pendant deux mois. Puis, de ce silence intérieur est née une impulsion irrépressible : une nécessité d’écrire. En deux mois, j’ai composé vingt-deux morceaux, sans préméditation, sans me soucier de la structure ou de la durée des titres. C’était une forme d’obsession, une réponse instinctive à la douleur, aux interrogations sur le futur, à cette disparition si brutale. La composition de Goodbye, en particulier, m’a semblé provenir directement de mon âme, un morceau en forme d’hommage.
Vous citez souvent le Requiem de Mozart comme « la plus grande œuvre jamais écrite ». Si vous deviez nommer d’autres références majeures ayant façonné votre univers, lesquelles choisiriez-vous ?
Mozart demeure, pour moi, une figure essentielle, un sommet. Mais mes influences sont vastes, éclectiques. Si je devais citer quelques repères actuels, je dirais Kiss et Alice Cooper pour leur sens du spectacle, mais surtout Gojira, un groupe que je considère comme au sommet, à la fois pour leur engagement en faveur de la cause animale et pour la puissance de leur univers musical. Des morceaux comme Only Pain ou New Found sont des merveilles d’intensité. J’ajouterais aussi Rammstein, dont la scénographie monumentale m’inspire profondément, ainsi que The Prodigy, pour cette énergie brute et électro que j’admire.
L’esthétique de votre groupe est particulièrement marquée. Vos tenues et l’univers visuel rappellent le steampunk, ce courant issu de la science-fiction. Quelles sont vos sources d’inspiration ? Cinéma, littérature… ?
Effectivement, notre imagerie s’inspire beaucoup du steampunk, mais aussi d’autres univers artistiques. Dans les albums précédents, on retrouvait une influence très marquée par Tim Burton, notamment sur des morceaux comme Le Squelette Crâneur, accompagné en live d’un miroir magique dans lequel se reflétaient des personnages issus de notre univers visuel. Aujourd’hui, notre esthétique évolue. Moins centrée sur l’onirisme burtonien, elle tend vers quelque chose de plus brut, plus organique, mais toujours très visuel.
Votre nouvel album Symphony of Chaos est sorti le 4 avril. Qui vous a accompagné pour le réaliser ?
L’ensemble de la production a été confié à David Grillon, un ingénieur du son exceptionnel. Je recherchais un rendu plus puissant, plus ciselé. David a su aller au bout de cette quête sonore, franchissant les seuils que je souhaitais dépasser pour parvenir à une véritable alchimie entre les éléments.
Comparé à vos précédents opus, Symphony of Chaos marque un net virage vers une esthétique plus metal, bien qu’on y retrouve toujours des touches symphoniques et électro. Pourquoi cette évolution ?
Ce changement s’est imposé à nous naturellement, au fil de nos tournées et des scènes que nous avons partagées, notamment avec des groupes comme Kiss ou Scorpions. Notre ambition est désormais de jouer dans des festivals plus ancrés dans la scène metal. Nous avons également des projets en Amérique du Sud, un territoire très réceptif à cette esthétique. Cette nouvelle orientation nous permettait aussi d’explorer davantage la voix sous toutes ses formes, growl, chant lyrique, murmure et j’ai eu la chance de pouvoir expérimenter tout cela entre deux projets. C’est un album dans lequel j’ai pu m’exprimer avec une liberté vocale totale.
Parmi les titres de l’album, Salve Regina m’a particulièrement marqué. Cette incantation solennelle dégage une puissance presque mystique. Quelle en est l’origine ?
Salve Regina est né d’une réflexion sur la prière. Beaucoup s’en servent comme d’un refuge, un voile derrière lequel se cacher. Pourtant, je crois profondément qu’au-delà des mots, nous sommes à l’ère des actes. Cette Vierge, que j’évoque dans le morceau, est une figure qui entend les excuses éternellement répétées mais face à cette boucle, il faut désormais briser le silence, agir, transformer.
Le clip, sorti il y a trois semaines, en est une illustration : une Vierge sainte y fait face au chaos, symbole d’un monde en perdition. Ce titre ( et même tout l’album) est un véritable kaléidoscope émotionnel, une succession de tableaux qui forment ensemble un manifeste, une invitation à rompre le cycle des erreurs humaines.
Certains morceaux de l’album, comme Down ou Lucifer’s Maze, déploient une dimension très cinématographique. Outre Tim Burton, quels réalisateurs nourrissent votre imaginaire sonore ?
Il est vrai que Tim Burton a longtemps imprégné notre univers, jusqu’à inspirer des morceaux entiers. Mais aujourd’hui, nous nous orientons vers une esthétique plus épurée, plus brute, bien que toujours marquée par une mise en scène très visuelle. Les projections sur scène, les personnages, les ambiances visuelles : tout cela participe d’une narration en images que nous développons autour de chaque album.
Vous avez célébré la sortie de l’album au Casino de Neuchâtel le 5 avril. Votre première date officielle aura lieu au Baleiven Festival le 2 mai. Que peut-on attendre de cette performance ?
Ce sera la toute première fois que nous jouerons Symphony of Chaos sur scène. Le set sera entièrement inédit. Nous serons en résidence la semaine précédente pour préparer un véritable spectacle. D’autres dates suivront très prochainement, c’est le début d’un nouveau chapitre.
Avec ce cinquième opus, vous proposez une œuvre particulièrement éclectique, mêlant metal, symphonique, électro, growl… Est-ce également celui dont vous êtes le plus fier ?
Sans l’ombre d’un doute. C’est, à mes yeux, la plus belle chose que j’aie jamais écrite. Un projet longuement mûri, porté par la route, les rencontres, et surtout, par mes convictions. Cet album explore des thématiques qui me sont chères, notamment la cause animale. Certaines compositions, comme Flying, dénoncent les violences que l’on inflige aux êtres vivants avec une légèreté révoltante.
Et enfin, qui a réalisé la pochette de l’album ?
La pochette a été conçue en étroite collaboration avec un artiste dont l’univers visuel résonnait parfaitement avec le propos de l’album. L’esthétique se devait de refléter cette symphonie du chaos, dans toutes ses nuances.