Interview avec SIMON RANWEZ guitariste-chanteur du groupe DEATH STRUCTURE !

Le quatuor lillois a dévoilé, le 7 février dernier, son nouvel opus, qui s’inscrit dans la continuité organique de Paroxysme (2021) tout en affirmant avec une intensité renouvelée les fondements esthétiques qui façonnent leur identité sonore.
A cette occasion, nous nous sommes entretenus avec Simon, qui a répondu à quelques unes de nos questions.
On perçoit dans votre musique les influences de Cannibal Corpse ou de The Black Dahlia Murder. Quelles découvertes musicales ont nourri la genèse de cet album ?
Durant l’élaboration de l’album, j’ai été profondément marqué par certains groupes contemporains comme Zen Passage – formé par d’anciens membres de The Faceless – ainsi que par des entités plus techniques comme Gojira ou Meshuggah. Cela dit, mes influences ne se limitent pas au métal extrême : il m’arrive d’écouter du reggae, du rock classique… Nous sommes tous animés par une curiosité musicale qui dépasse les frontières des genres.
Par rapport à vos précédents enregistrements, les lignes vocales paraissent ici plus nuancées et variées – notamment sur le titre Fondement. Aviez-vous le désir d’explorer de nouveaux territoires expressifs ?
Absolument. Le tout premier EP était avant tout un exercice de style, un projet de démonstration porté par Seb et moi. À cette époque, je chantais plus par nécessité que par vocation. Nous voulions avant tout entrer en studio, expérimenter, poser les bases d’un projet neuf.
L’arrivée de Charly au chant a tout changé. Il possède une palette vocale d’une rare richesse, une vraie polyvalence. Comme il évolue dans des univers très différents, nous avons choisi de lui laisser une liberté totale d’interprétation. Il a même apporté des touches de chant clair et cela nous a immédiatement séduits. Nous avons fait le choix de ne nous imposer aucune limite, aucun carcan stylistique. L’album reflète cette ouverture, cette volonté de nous réinventer.
L’intensité du live semble transparaître de plus en plus au fil de l’album. Était-ce un choix conscient ou cela s’est-il imposé de lui-même ?
C’est toujours un exercice délicat que de déterminer l’ordre des morceaux. Nous avons voulu y insuffler des variations de rythme, des tensions et des relâchements, pour que l’auditeur traverse un véritable voyage émotionnel. Certaines séquences sont construites autour d’une caisse claire effrénée, presque martiale, tandis que d’autres offrent des ruptures plus contemplatives.
L’idée était de capturer l’énergie brute du live, de la canaliser, tout en laissant place à des contrastes subtils. Cela s’est fait naturellement, à mesure que les morceaux prenaient forme.
L’album s’organise autour de deux piliers : Le Déni I et Le Déni II. Le premier semble contenir une tension rampante, le second en libère toute la force dans un éclat de polyrythmie. Quelle est leur signification pour vous ?
En composant cet album, nous avions le sentiment d’assister – voire de participer – à une forme de déni collectif, diffus, insidieux. Ce concept nous a semblé suffisamment fort pour articuler tout un album autour de lui. Et puis, dans un monde musical souvent dominé par l’anglais, nous aimions l’idée de revenir à notre langue maternelle, comme une forme de réappropriation.
Le Déni I s’ouvre sur une montée lente, pesante, presque introspective, tandis que Le Déni II explose littéralement, comme si l’on brisait une digue. Il y a là une dualité volontaire, une tension entre intériorité et déferlement.
Le clip de Mental Journey oscille entre le noir et blanc et la couleur, et déploie une esthétique particulièrement nerveuse et cinétique. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Depuis nos débuts, nous travaillons exclusivement avec Sylvain, de Djigo Vidéo. Il nous a été recommandé par des amis musiciens et à chaque nouvelle collaboration, il parvient à capter l’essence de notre univers.
Pour ce clip, le défi était double : éviter les stéréotypes du clip métal tout en trouvant un lieu chargé de sens. Nous avons eu la chance de tourner dans une ancienne succursale de la Banque de France, dans le Pas-de-Calais. Les sous-sols, conservés dans leur état originel des années 50, étaient garnis d’anciens coffres-forts. Ce décor brut, presque fantomatique, nous a permis de jouer avec les lumières, d’attribuer un code couleur à chaque musicien. Sylvain a su insuffler au clip un dynamisme rare, un véritable souffle.
La chanson aborde des thématiques liées à la santé mentale, aux turbulences intérieures, aux voyages que l’esprit entreprend malgré lui.
Qui a signé la pochette de l’album ?
Le visuel a été confié à Mario Nevado, un artiste graphique espagnol dont nous admirons le travail. Nous souhaitions nous démarquer de notre premier album, plus illustratif, réalisé par MC Illustration. Avec Le Déni, nous cherchions une esthétique plus contemporaine, plus graphique.
Les œuvres de Mario portent en elles une forme de narration visuelle, une charge symbolique qui fait écho à nos thématiques. Il a également revisité notre logo, l’inscrivant dans une nouvelle identité visuelle, en parfaite adéquation avec l’esprit de l’album.
Cet album marque également votre première collaboration avec le label M&O. Pourquoi avoir choisi de ne plus rester totalement indépendants ?
Nous connaissions déjà le travail de promotion d’Alexandre Sabba et cette collaboration nous est apparue comme une évidence. Porter seul un projet, de sa création à sa diffusion, exige un investissement colossal. En rejoignant M&O, nous avons pu bénéficier d’un véritable soutien, tant stratégique qu’humain.
Le travail de préparation en amont a été dense mais profondément enrichissant. C’est une aventure collective qui nous a permis de franchir un nouveau cap.
J’imagine que vous partez défendre l’album sur scène. Y a-t-il une date en particulier que vous aimeriez mettre en avant ?
Nous avons plusieurs dates prévues en Belgique au printemps mais celle qui nous tient tout particulièrement à cœur, c’est le 18 juin : nous serons à Clisson pour le Hellfest Off. C’est un moment fort, une reconnaissance aussi. Nous avons volontairement laissé passer la grande saison des festivals estivaux, pour mieux repartir à l’automne.