
Vince de FRACTAL UNIVERSE, a répondu à quelques questions à l’occasion de la sorti de leur album « The great filters »
Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment décririez-vous Fractal Universe en quelques mots ?
Vince : Fractal Universe est un groupe de Metal Progressif mêlant l’intensité du Metal extrême à de nombreuses couleurs et ambiances, tout cela avec une bonne prise de saxophone.
D’où vient le nom du groupe et quelle est sa signification pour vous ?
Vince : Il fait référence au concept d’un univers fractal, dans lequel on retrouve les mêmes structures à toutes échelles, macro- et microscopiques. C’est une idée fascinante qui peut être rapprochée de la recherche d’une « théorie du tout », cherchant à concilier relativité générale et physique quantique.
Nous faisons souvent le parallèle entre le nom du groupe et notre musique, qui, elle aussi, a une sorte de structure fractale : on en cerne l’idée générale à la première écoute, mais on découvre toujours plus de détails au fil des écoutes, à l’image d’une fractale sur laquelle on zoomerait à l’infini.
Comment s’est formé le groupe et quelles ont été vos premières inspirations musicales ?
Vince : Le groupe s’est formé en 2014 autour de Nancy. Valentin et moi y ont étudié à la Music Academy International, et Clément, ainsi que notre ancien guitariste Hugo, nous connaissions de part nos anciens groupes qui avaient partagé la scène à quelques occasions.
Nos influences ont, dès nos débuts, été variées, allant de toute la scène Prog/Death Metal au Jazz/Fusion.
Comment décrivez-vous votre approche de la composition ?
Vince : Je dirais que la plupart de nos morceaux partent d’une idée relativement simple, une mélodie, un rythme, une suite d’accords, qui est ensuite développée, détournée, mise dans différents contextes, … pour donner naissance au morceau dans son ensemble. Une fois l’idée de départ trouvée, tout se construit en général assez naturellement, même si j’aime laisser le temps aux idées de mûrir.
Comment travaillez-vous en studio ? Est-ce un processus collaboratif ou chacun apporte-t-il ses propres idées ?
Vince : Je me charge de la quasi-totalité de la composition, j’enregistre des maquettes et prépare des partitions que j’envoie aux membres du groupe. A partir de là, on en discute, on retravaille éventuellement les structures, les arrangements et les détails ensemble en répétition ou lors de sessions d’écoute.
Votre dernier album, « The great filters », a une atmosphère particulière. Qu’elles étaient vos intentions derrière cet opus ?
Vince : L’idée était de ne pas se poser de barrières et de créer un album coloré, diversifié et riche en contraste entre passages intenses et parties plus aérées. Il se distingue de ses prédécesseurs en étant globalement plus lumineux et aéré et pousse le développement de nombreuses facettes déjà présentes dans notre musique : saxophone, variété vocale, …
Y a-t-il un concept ou un message central dans cet album ?
Vince : Tout l’album tourne autour du Paradoxe de Fermi, qui pose la question de notre absence de détection de forme de vie extraterrestre en dépit du nombre incommensurable de planètes dans l’univers observable. Si une civilisation était apparue quelque part ne serait-ce qu’un million d’années avant la nôtre, ce qui n’est rien devant l’âge de l’univers, elle pourrait avoir développé un niveau de technologie et une influence détectable de très loin.
Et pourtant tout se passe comme s’il existait un « grand filtre » qui soit rend l’émergence de la vie extrêmement rare, soit l’empêche d’attendre un niveau de développement à échelle interstellaire.
Chaque morceau de l’album tente d’apporter une solution différente au paradoxe et de dresser des parallèles avec l’histoire de l’humanité. Car au-delà de l’aspect science-fiction, cela pose également de nombreuses questions philosophiques, en particulier si le filtre se situe encore dans notre futur : peut-être que chaque civilisation tend vers l’autodestruction ou peut être préfèrent-elles rester cachées les unes des autres pour éviter des conflits.
Y a-t-il une chanson qui vous tient particulièrement à cœur ? Et pourquoi ?
Vince : Mon morceau préféré du moment est « Specific Obsolescence », pour son atmosphère particulière, pour le solo de guitare de notre ancien guitariste Hugo Florimond et pour la remarquable contribution de mon ami pianiste Mathis Klaine sur la fin du morceau.
Comment s’est passée l’expérience d’enregistrement et de production ?
Vince : Nous avons la chance d’avoir un studio professionnel à disposition chez notre batteur, le Boundless Production Studio, où ont été enregistrées les batteries et où ont été réalisés le mixage et le mastering par notre ami et producteur de longue date, Flavien Morel.
Pour le reste des instruments et des voix, ils ont été enregistrés chez moi dans mon petit studio.
Pour nous, il est important de travailler dans le confort d’un environnement connu et de pouvoir prendre autant de temps que nécessaire.
Fractal Universe est connu pour son énergie sur scène. Comment préparez-vous vos concerts ?
Vince : Nous répétons dans le studio de notre batteur et travaillons également régulièrement sur scène lors de résidences artistiques.
Une fois les morceaux maîtrisés, nous accordons beaucoup d’importance au fait de pouvoir bouger librement ainsi qu’aux interactions entre nous mais aussi avec le public. On répète donc souvent en conditions « live », avec jeu de scène. Il nous est aussi arrivé de travailler toutes lumières éteintes, ou en simulant des problèmes techniques, pour être paré à toute éventualité.
Quel a été votre meilleur souvenir de tournée jusqu’à présent ?
Vince : Je dirais notre première tournée en tour bus avec Obscura en 2020. C’était un véritable rêve qui se réalisait et notre première dans pas mal de pays d’Europe.
Je me rappelle en particulier d’un concert à Belgrade en Serbie, où le public nous a réservé un accueil incroyable, où certains connaissaient toutes les paroles alors que nous n’avions jamais mis le pied dans le pays.
Avez-vous une anecdote marquante d’un concert ou d’une rencontre à partager ?
Vince : Il y en a tellement ! Je pense notamment à notre concert aux Metal Days en 2017, où, en dépit de conditions très difficiles et d’une pluie de problèmes, nous avons donné l’un de nos meilleurs concerts.
Nous avions 10min pour nous installer, faire le soundcheck. Dans la précipitation, le technicien d’accueil a débranché puis inversé le branchement de nos retours in-ears dans les quelques secondes entre la fin de notre check et le début du concert. Je n’entendais donc que la basse et lui ma guitare et mon chant et le concert a commencé avec seulement la moitié des instruments dans les enceintes. Il y a eu de nombreuses micro-coupures de courant qui rebootaient nos pédaliers. Mais malgré ça, nous avons gardé notre motivation, notre énergie et le public nous l’a bien rendu !
Par ailleurs, la scène sur laquelle nous jouions s’est effondrée dans la nuit suite à une grosse tempête, on a eu chaud !
Y a-t-il des groupes avec lesquels vous rêveriez de partir en tournée ?
Vince : A nouveau, il y en a tellement ! Je pourrais citer Leprous, Tesseract, Fallujah, Beyond Creation et tant d’autres. Je pense que nous avons notre place à la fois sur des affiches Metal Prog comme sur des affiches Death Metal.
Avez-vous des ambitions ou des expériences musicales que vous aimeriez explorer à l’avenir ?
Vince : Pas spécialement, si ce n’est d’avoir l’opportunité de se produire dans de nouveaux pays et continents !
Comment voyez-vous l’évolution de la scène metal en France et dans le monde ?
Vince : La scène française semble gagner en visibilité ces dernières années, grâce à des fers de lance comme Gojira et le rayonnement du Hellfest. C’est une très bonne chose pour toute une nouvelle vague de groupes.
Au niveau mondial, je pense que le Metal continue à évoluer et à proposer des tas de nouvelles sonorités, surtout dans des styles plus underground, mais peine parfois à se renouveler dans les sphères plus « grand public ».
Un dernier mot pour vos fans ?
Vince : Merci d’avoir lu cette interview, j’espère que vous prendrez plaisir à écouter « The Great Filters » et on vous donne rendez-vous pour le découvrir en live !