Chronique – « The Overview » – STEVEN WILSON

Un an et demi seulement après le cryptique The Harmony Codex, Steven Wilson présente déjà son nouveau projet : The Overview. Connu et reconnu autant pour son travail en solo qu’avec son groupe Porcupine Tree, Steven Wilson est un multi-instrumentiste, chanteur, producteur, ingénieur du son et auteur-compositeur britannique. Ses précédents projets vont du remix d’albums de Yes à des monuments du metal progressif comme In Absentia ou Fear of a Blank Planet, en passant par des projets plus expérimentaux comme The Futur Bites ou The Raven That Refused To Sing.

The Overview, « l’aperçu » dans la langue de Jaurès, tire son nom et son concept de l’effet de vue d’ensemble ressenti par les astronautes, cosmonautes et autres spationautes voyant la terre de l’extérieur. L’album, composé de 2 pistes d’une vingtaine de minutes chacune, forme un véritable voyage spatial dont le musicien parle en ces termes : « The Overview » est un voyage de 42 minutes inspiré du phénomène appelé ‘effet de perspective globale’ où les astronautes, en voyant la Terre depuis l’espace, subissent un changement cognitif transformateur, souvent marqué par une appréciation et une perception accrues de la beauté, ainsi qu’un sentiment renforcé de connexion avec les autres et avec la planète. Cependant, toutes les expériences ne sont pas positives ; certains perçoivent la Terre telle qu’elle est réellement, insignifiante et perdue dans l’immensité de l’espace, et l’humanité comme une espèce troublée. En écho à cela, l’album présente des images et des récits de la vie sur Terre, à la fois positifs et négatifs.

Les 2 pistes de l’album sont chacune divisées en mouvements, telles des pièces de musique classique, qui forment 2 ensembles narratifs distincts :

• Objects Outlive Us (Les objets nous survivent)
  • No Monkey’s Paw (Pas de patte de singe)
  • The Buddha of the Modern Age (Le Buddha des temps modernes)
  • Meanwhile (Pendant ce temps)
  • The Cicerones/Ark (Les Cicérones/Arche)
  • Cosmic Sons of Toil (Les fils cosmiques du labeur)
  • No Ghost on the Moor/Heat Death of the Universe (Pas de fantômes sur la lande/Mort chaude de l’univers)
• The Overview (L’aperçu)
  • Perspective
  • A Beautiful Infinity/Borrowed Atoms (Une belle infinité/Atomes empruntés)
  • Infinity Measured in Moments (l’infinité mesurée en instants)
  • Permanence

On sent dans chaque partie et dans la structure même de l’album, les différentes influences classiques de Steven Wilson, Yes et Pink Floyd en tête. On sent surtout la maturité de son écriture et ses racines de ce rock progressif duquel il s’était éloigné au fil des projets et qu’il se réapproprie à merveille pour ce huitième album solo. The Overview est un album riche et profond où s’enchevêtre de nombreuses textures et de nombreux motifs musicaux. La principale réussite de ce projet réside dans l’équilibre exceptionnel que l’auteur a réussi à maintenir dans ce qui aurait vite pu tourner au chaos complet. La maîtrise est ici autant à placer dans l’écriture que dans l’arrangement, l’interprétation et la production.

Il ne me semble pas nécessaire de le préciser : The Overview est une réussite, un triomphe. Une oeuvre à contre-courant des tendances et des codes de l’industrie, au service de la musique en tant qu’art avant tout. Si l’appellation de génie est très souvent utilisée dans le domaine de la musique, c’est plutôt au niveau de l’expérience, de l’expérimentation, du soin et de l’attention au détail que Steven Wilson se distingue. L’équilibre atteint par cet album, comme précisé plus tôt, est la preuve du niveau de maîtrise qu’a atteint le britannique au fil de ses projets.

The Overview n’est pas un album à écouter en fond en faisant la cuisine ou le ménage. C’est une oeuvre qui s’apprécie comme un film, idéalement sur de bonnes enceintes, en CD ou au moins en Lossless (que nous n’attendons plus sur Spotify, merci Deezer de faire la différence !). Le projet est d’ailleurs accompagné d’un long-métrage de Miles Skarin pour une immersion complète. La seule chose qui manque pour avoir l’expérience complète est de voir la prestation en live à venir en mai à Paris, Lyon et Marseille !