11 décembre 2024
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FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES- Dark Rainbow

Chronique par Christelle Paquet – 27/01/2024

FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES sortent leur très attendu cinquième album Dark Rainbow sous le label International DEATHCULT/AWOL en ce 26 janvier 2024.

Cet album dénote des opus précédents comme le précise le guitariste, Dean Richardson, « D’habitude, nous ne regardons pas en arrière lorsque nous faisons un disque, mais l’ombre de Dark Rainbow semblait planer au-dessus de nous depuis longtemps. Certains des titres sont de vieilles idées retravaillées, comme un regard neuf sur quelque chose qui ne correspondait pas tout à fait à nos autres albums. D’autres de ces chansons ont d’ailleurs été perdues en cours de route parce que nous ne leur avons pas vraiment donné l’attention nécessaire à l’époque. »

 

DARK RAINBOW se veut comme un album né de l’introspection et d’un sentiment de gratitude comme le souligne Frank Carter : « Je ne me demandais pas seulement : « Qui suis-je ? », mais aussi : « Que suis-je ? ». Pas seulement ce que je veux être, mais ce que je veux être. Je peux m’asseoir et me déchirer sur les choses que j’ai faites et que j’ai faites – les échecs de ma vie et même les succès. Ou je pourrais comprendre que je suis un être humain comme tout le monde, et j’ai vraiment essayé. Il y a une vraie beauté et une vraie douceur là-dedans.
« En fin de
compte, ajoute t il ,rien de tout cela n’a d’importance si vous ne vous aimez pas au-delà de toute autre chose », poursuit-il. « J’ai passé des décennies à me détester, et j’ai été célébré pour cela. J’ai été payé pour ça. Je quittais la scène en saignant et en vomissant, et on me tapotait dans le dos en me disant : « Bon travail ». Aujourd’hui, quand j’y repense, je vois cela comme des décennies d’automutilation et d’abus. Lorsque vous êtes pris au piège dans ce cycle, c’est un endroit dangereux pour vivre en tant qu’être humain. Vous n’avez qu’un nombre limité de pintes de sang, après tout. Se faire du mal à soi-même comme c’est un acte de trahison et de haine. S’aimer soi-même est un acte de rébellion. C’est la chose la plus punk rock que l’on puisse faire. »

Produire un tel album était un risque à prendre, un virage à 360 ° que beaucoup d’artistes tentent mais que peu réussissent : « Il y a une différence entre la confiance et la bravoure » », explique le frontman. « Une fois que vous arrêtez de penser à ce que nous devrions faire, vous le faites. Ce qui en ressort, c’est cette identité authentique que nous n’avons cessé de créer autour de la fabrication de disques et de vivre nos vies. Et avec cet album, j’en suis plus fier que de tout ce que nous avons fait auparavant. Il fait définitivement ce que nous voulions, c’est-à-dire nous donner cette identité vraiment forte pour aller de l’avant. Une identité authentique sur ce que nous sommes en tant que groupe de rock. »

 

Plus que jamais FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES s’est concentré sur leur authenticité à travers des sonorités qui les animent. L’ambiance est un suprême paradoxe aux teintes dignes d’une B.O de film noir : bienvenu dans des lumières feutrées entre le glamour et le spleen.

« Honey » tranche dans le vif du sujet. Dès le premier morceau on comprend aisément qu’on se doit de faire le deuil sur ce qui a été avant. La cadence se veut rapide comme pour nous empêcher de totalement comprendre ce qui se passe. La pulsation de notre cœur se cale sur la rythmique de la batterie nous happant davantage dans cette frénésie hypnotique.

 

« Man Of The Hour » nous convie dans une balade séduisante aux allures glam rock. Le ton se veut pourtant grave comme l’explicite le chanteur : « Nous parlons souvent du fait que le rock n’est jamais mort, mais nous ne parlons jamais vraiment de la mort de l’idée du rock star. Le concept tout entier et ce qu’il représente a toujours été un moment glamourisé, mais quand j’ai enfilé ce costume, ça ne s’est pas très bien passé pour moi. » On ne peut que souligner la performance vocale et quasi théâtrale sur ce titre de Franck Carter qui nous scotche littéralement ! 

 

« Can I Take You Home » propose un décor bien différent. Sur des airs de pop, ce titre offre un moment de légèreté rendu la supplication entêtante du refrain savoureuse !

 

« American Spirit » L’interruption par le piano donne un effet surprenant, nous cassant dans la rythmique bluesy installée depuis le début du morceau. Comme un effet de souffle coupé le finish sonne comme une respiration qui reprend de plus belle.

 

« Happier Days » est un des coups de cœur de l’album. L’harmonie entre la guitare acoustique et les violons teintés de ce mood de post punk et gothique est un raffinement. L’un des morceaux les plus sombres de l’album, abordant la santé mentale, les luttes et les rares jours heureux.

 

« Brambles » nous propose une performance de Franck Carter hors du commun ! « Brambles est un bop mélancolique né des épines ronces de l’amour que nous laissons pousser autour de nous jusqu’à ce que nous soyons emmêlés sans aucun moyen de nous en sortir indemnes », a déclaré Frank à propos du morceau avant d’ajouter : « Comme nos voies neuronales deviennent plus fortes et plus profondes à chaque action inconsciente, les épines de l’amour s’accrochent plus profondément et les ronces s’enroulent plus étroitement jusqu’à ce que nous soyons à peine reconnaissables et que même nos proches ne puissent plus nous réconforter ou nous conduire en sécurité de peur d’être eux-mêmes coupés et déchirés. Une ode à la passion de l’amour et un avertissement de ne pas s’y perdre quand on va chercher. »  La voix de Franck Carter est envoutante à souhait ! Un morceau qu’on peut écouter en boucle sans problème !

 

« Queen Of Hearts » nous évoque la séparation d’avec un amant et utilise cette analogie du jeu de carte pour exprimer ce sentiment. On ne peut qu’être pris aux tripes par la puissance émotionnelle de l’interprétation appuyée par ses chœurs obsédants. Là encore la touche du piano apporte cette touche dramatique à cette scène digne d’un plan de cinéma.

 

« Sun Bright Golden Happening » plus les titres passent de cet opus plus FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES nous amène encore plus profondément dans le sentiment. C’est ici un titre aux notes déchirantes accentuées par la voix presque brisée du chanteur ! La composition piano voix concentre toute l’écoute sur les émotions générées par un texte lourd de sens.

 

« Superstar » nous sort immédiatement de l’état contemplatif suggéré de ces deux précédents morceaux. Energétique ce morceau est parfait pour un live !

 

« Self Love est une invitation à vivre en l’honneur de la seule relation qui compte vraiment : la relation que vous avez avec vous-même. Il est trop facile de se négliger en dépensant une énergie folle pour gagner l’amour des autres. Si vous prenez vraiment soin de vous, vous vous rendez compte que vous n’avez besoin de personne d’autre pour être heureux. Et bien souvent, lorsque vous arrêtez de chercher ce que vous voulez, l’univers vous donne exactement ce dont vous avez besoin. » souligne Frank Carter. Ainsi nous voici plonger dans cette course folle au pardon pour se défaire de la culpabilité et de la douleur, et cette fatalité que d’accepter ce qui ne peut être changé et d’envisager une existence plus compatissante.

 

« A Dark Rainbow » est le morceau le plus déconcertant de cet opus. Entre les couplets chantés doucement et les refrains où la puissance vocale de Franck Carter clamant avec énergie. « J’ai été défoncé / et j’ai été bas » à la conclusion plus qu’inattendue qui reste sur une note abrupte.

 

Dark Rainbow est l’aboutissement de tout ce que FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES ont proposé jusqu’à présent, marquant ainsi une nette rupture avec leurs albums précédents. Dark Rainbow est une prise de risque réussie. Il ne reste plus qu’à apprécié la version live de ces morceaux studios savoureux. D’ailleurs le groupe commence une tournée internationale par un passage ce 24 février par le Bataclan. Avant même la sortie de l’album le concert est sold out !

FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES – « Dark Rainbow »

26 Janvier 2024

DEATHCULT/AWOL


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