Bien qu’assez difficile d’accès pour les non-initiés, le black metal, une fois que les codes sont compris, nous plonge dans nombre d’univers réels ou fictifs. Il y a les traditionnels thèmes satanistes, guerriers, médiévaux, plus littéraires comme Lovecraft et Tolkien ou encore la nature mais de temps en temps, quelques groupes apportent un peu de fraîcheur à une scène qui peut avoir tendance à tourner en rond. Et un thème qui fut très peu abordé mais qui pourtant possède tous les éléments pour nous donner des albums fantastiques. Je parle ici, du sombre et difficile univers des mines. Quand je pense à Black Metal et Mine, il me vient en tête le fantastique duo allemand derrière Dauþuz qui base toute son imagerie et ses textes sur l’univers minier et ses plus sombres histoires et accidents. Ils ont d’ailleurs sorti un album cette année qui est vraiment très bon.
Et bien, je suis très content d’ajouter à ma liste, un nouveau groupe sur l’univers minier et cette fois-ci, nous nous dirigeons dans le nord de la France, à Wallers-Arenberg où Galibot émergea d’une obscure mine de charbon, il y a quelques années de cela. Après un split et une démo, le trio du nord sort son premier album “Euch’Mau Noir” en ce début de mois de décembre et pour les collectionneurs, une version cd est dispo sur le bandcamp du groupe ainsi qu’une version cassette (pour les plus trve) sortira chez Arsenic Solaris.
Après une froide et prenante mise en ambiance, le disque s’ouvre puissamment avec “Cheval de Fosse” qui nous dépeint le triste sort réservé aux chevaux descendus pour aider les hommes à tirer les lourdes mais qui malheureusement n’auront pas la chance de remonter comme leur comparse humain et mourront en bas, sans lumière et épuisé. Puis “Courrière”, nous rappelle l’impitoyable monde qu’étaient les mines avec le terrifiant et tragique accident de Courrière, qui fit plus de 1000 morts et dont seulement quatorze hommes en réchappent (dont le dernier sorti 24 jours plus tard). Puis, il est temps de rendre hommage et honorer Sainte-Barbe avec “Barbara” qui tout les 4 décembre (date de sortie de l’album au passage) est honorée par tous les compagnons du Pays Noir. “Les Nords” vient nous rappeler la dureté du labeur des hommes pris dans ces infâmes galeries et que l’appât du gain demandait toujours plus de mains françaises et immigrées. Et enfin, le plus long et solennel “Terre d’Euch Mau” rend hommage à nos anciens, nos gueules noires, qui ont donné leur vie pour le Pays Noir, en reprenant la structure de l’hymne “Les Corons” de Pierre Bachelet.
Avec son black metal frontal et puissant, Galibot nous dépeint un monde d’angoisse, étouffant et terrifiant qui fut le quotidien de tant d’hommes, enfants, animaux et familles qui se sacrifièrent pour remonter à la surface l’or noir. En plus de nous dépeindre la dureté de l’environnement, Galibot n’oublie pas le côté dramatique qui engendra certains accidents d’ampleur ainsi que les conséquences plus sociales et contestataire.
Ce “Euch’Mau Noir” est une vraie belle surprise. Si je voulais être un peu taquin, je dirai que je trouve le mix un peu trop “propre” pour du black qui traite d’un sujet comme les mines et ses affres les plus crades. Mais à part cela (qui n’est qu’une question de goût), je peux que vous recommander cet album lorsque vous rendrez hommage à ces hommes et à Sainte Barbe.
GALIBOT- « Euch’Mau Noir »
04 Décembre 2024
Autoproduction
You cannot copy content of this page