La Suisse n’est pas le premier pays qui nous vient en tête lorsque nous parlons de metal. Et pourtant, bien que relativement discret, le pays de l’horlogerie et du chocolat compte nombre de formations incroyables, dont certaines ayant eu une grande influence à travers le monde. Notamment en black metal, la Suisse a vu naître Hellhammer, qui se transformera en Celtic Frost par la suite et qui fut une des formations les plus influentes sur le black norvégien. Mais Celtic Frost n’est pas la seule formation black d’importance, la Suisse est le berceau de Samael, Darkspace ou encore Paysage d’Hiver. Il ne faut surtout pas oublier l’incroyable trio derrière Aara ou encore tous les groupes tournant autour du Helvetic Underground Committee, comme l’incroyable Ungfell. Mais dans les autres sous-genres, il y a aussi des groupes de légende comme Coroner qui donne ses lettres de noblesse au Technical Thrash (et dont on attend toujours le nouvel album). Bien que possédant une scène riche et variée, la Suisse était confinée à l’underground et aux passionnés des styles extrêmes sans cesse en besoin de nouvelle musique, mais ce temps est en passe d’être révolu !
En effet, depuis quelques années maintenant, un groupe de hardcore beatdown fait de plus en plus parler de lui et monte peu à peu les échelons pour devenir un des plus gros groupes du style. Je parle bien évidemment de Paleface Swiss, qui revient en ce tout début janvier nous avoiner sec pour bien commencer 2025. Après deux EP lorgnant plus vers le brutal deathcore – sans véritable intérêt, pour être honnête -, c’est avec son premier album “Chapter 3 : The Last Selection” que le Paleface que l’on connaît prend forme et commence à s’extraire des cercles d’initiés. Mais c’est en 2022 que le groupe termine sa mue et commence sa conquête du monde avec le monumental “Fear & Dagger”. Après plusieurs tournées live à succès prouvant les bêtes de scène qu’ils étaient, c’est le 3 janvier 2025 que le gang suisse a fait son grand retour avec son album le plus attendu, “Cursed”.
Après l’introduction “un pobre niño murió” devenant progressivement de plus en plus inquiétante, “Hatred” ouvre le bal comme il se doit. C’est du pur Paleface Swiss, c’est ultra énergique, efficace, très groovy et punitif comme il se doit. Ce qui a fait la renommée du groupe est son véritable savoir-faire dans les morceaux super efficaces, rentre-dedans, donnant cette irrésistible envie de casser tout ce qui nous entoure. Les titres “…and with hope you’ll be damned” et “Don’t You Ever Stop” ne me feront pas dire le contraire : ce sont deux beaux concentrés de rage et de colère détruisant toute concurrence d’un revers de main. Bien qu’étant très métal et hardcore dans son essence, Paleface ne s’est jamais caché d’être aussi influencé par le hip-hop. Sur “…Enough?”, le très versatile chanteur Zelli nous montre tout son talent pour déclamer son texte avec un flow soutenu et vraiment bon. Ce morceau est vraiment excellent dans sa structure, rap hardcore dans sa première moitié puis metallic hardcore punitif sur la fin, mais aussi dans son propos. En effet, “…Enough?” renvoie chier tous les gros mascus, “les mâles alpha” qui emmerdent le groupe sur ses réseaux ou viennent emmerder les gens en concert, cherchant toujours la confrontation avec plus faible que soi. Je trouve que ce morceau est une bien belle réponse à ces enfoirés !
“Youth Decay” est le morceau le plus métal, lorgnant quasiment vers le thrash. Il nous gratifie d’un solo très power metal ; c’est étonnant mais pas pour autant dérangeant. L’album se poursuit avec le très court et syncopé “My Blood On Your Hands” puis l’autre gros tube de l’album, “Love Burns”. Et enfin, l’album se termine sur le très solennel “Rivers Of Sorrows”, qui vient lorgner du côté metalcore mélodique. Un dernier titre très chargé émotionnellement comme pourrait le faire le groupe Landmvrks. C’est un vrai pas dans l’inconnu pour le quatuor suisse et je dois dire que cela fonctionne beaucoup sur moi. Le groupe se montre beaucoup plus vulnérable et sensible.
J’attendais énormément cet album et je dois dire que je suis complètement conquis par ce “Cursed”. On retrouve le Paleface musclé et punitif qui a fait sa renommée, mais on le voit aussi qui expérimente toujours plus, s’affirmant musicalement ainsi qu’artistiquement. Avec un tel album, j’ai vraiment hâte de les revoir en février prochain pour me faire retourner la tête dans un des concerts qui s’annonce comme le plus chaud de la capitale !
PALEFACE SWISS – « Cursed »
3 janvier 2025
Autoproduction