"Symptom Of Decline" - THE BLACK ENDERKID
Chronique par Estelle Poilâne – 03/04/2024
Le tant attendu « Symptom Of Decline », premier album de The Black Enderkid, sort ce 3 avril chez Tentacles Industries. Fondé en 2020 par Gaétan Ponzio alors à peine âgé de 14 ans (oui, 14 ans !), le groupe existe d’abord sous forme de projet mené en solo par Gaétan au chant et à la guitare. C’est ensuite en compagnie du guitariste Tom Abrigan (Sunbeam Overdrive, ACOD en session live) que le jeune prodige compose, arrange et enregistre rapidement « Symptom Of Decline ». L’album a été masterisé par le producteur et multi-instrumentiste Brett Caldas-Lima au Tower Studio, qui a notamment travaillé avec Chimaira, Septicflesh et Between the Buried and Me. Le groupe de metalcore a donc été bien entouré pour un premier album ! Deux autres musiciens rejoignent enfin l’aventure : le bassiste Alexandre Giorgi (Darkall Slaves, Vile en session live) et le batteur Guillaume Bex.
Premier single dévoilé en ce début d’année, « The Final Breath » est l’une des toutes premières compositions du groupe pour l’album. Le 14 février dernier, le deuxième extrait « Broken Skies » donnait déjà le ton : un univers aux paroles assez sombres s’alliant à merveille avec des riffs puissants mais mélodiques, ainsi que des sonorités typiques d’un jeu vidéo, le groupe s’autoproclamant « modern gamecore ». Troisième single sorti pas plus tard que la semaine dernière, le très bon « Newborn Plague » nous donnait un ultime avant-goût de la lourdeur des riffs du quatuor, où l’agressivité est à son paroxysme.
Après plusieurs années de travail, le tout premier album du groupe de métal moderne The Black Enderkid est fin prêt !
Progression harmonique dépourvue de guitare, la courte intro « S.O.D. » (« Symptom Of Decline ») nous plonge immédiatement dans un univers digne d’une musique de film de science-fiction, s’apparentant aussi (et surtout) à celui d’une cinématique de jeu vidéo épique. En effet, l’extrait nous transporte en zone de guerre où l’on peut discerner machines, tirs et hélicoptères. Le chant « lointain » de courte durée évoque un avertissement avant déferlement de violence. Cette introduction où règne une atmosphère inquiétante et sombre, nous donne alors comme l’impression qu’une bataille se prépare. Toutes les sonorités durant ces 87 secondes donnent déjà le sentiment que les titres qui vont suivre vont être très modernes.
« The Final Breath », titre phare et premier single de l’album, est à la fois violent et mélodique. Équilibré, il offre de bons effets de spatialisation des guitares, notamment des effets rotatifs droite / gauche. Devenue incontournable dans le métal moderne, la double pédale y est très largement mise en avant et accompagne efficacement les riffs. On ressent tout de suite la présence de la 7 cordes, celle-ci apportant des sons graves, puissants et lourds. Sont alternés chant aérien et chant guttural, et le refrain doublé est entraînant.
Le très lourd « Six Feet Under » a la faculté de faire respirer la musique grâce à ses micro-breaks d’une fraction de seconde sur les guitares. Ce procédé crée une tension où la richesse des motifs harmoniques vient compléter le morceau. Le jeune chanteur maîtrise ici avec brio toutes les voix saturées du genre. C’est sur ce titre que l’on retrouve le premier solo de guitare « traditionnel » !
Quatrième titre et troisième single, « Newborn Plague » est en effet, comme le dit Gaétan Ponzio lui-même, « le morceau le plus violent de l’album » et parfaitement « taillé pour la scène ». Entrecoupé de séquences planantes, il conserve néanmoins une certaine tension. Le groupe de nu metal Slipknot a indéniablement influencé cet excellent dernier single, qui se veut brutal à tous les niveaux. D’ailleurs, on imagine déjà les pogos ainsi que le Circle pit lors des concerts à venir…
Le tempo ralenti de « The Other Side » apporte plus de lourdeur à ce morceau plus complexe que les précédents. L’alternance de gros sons graves entrecoupés de petits motifs aigus est vraiment plaisante. Après un passage un peu plus calme, s’insère un solo bien construit, toujours avec cette tension qui demeure très présente et que l’on retrouve dans chacun des morceaux. Bien qu’inutilement trop long, ce cinquième titre est très pesant et ses multiples pistes de guitare lui font gagner en ampleur.
« My Beloved Killer » se démarque des autres morceaux par son côté plus mélodieux et plus chantant. Moins technique, ce titre saurait même ravir un plus large public. Titre que l’on pourrait presque qualifier de « power ballad » tant il est, dans l’ensemble, plus doux. Il est donc très agréable qu’une chanson comme celle-ci figure sur un album pourtant si agressif ! Cependant, le groupe reste fidèle à lui-même : cette chanson un peu plus calme comporte quelques courts passages de growl avant son refrain.
Le puissant deuxième single « Broken Skies » débute et se termine par des sonorités de jeux vidéo vintage ! On sent ici la forte influence du gaming. Encore plus lourd que son prédécesseur, ce morceau comprend tous les ingrédients de la recette du quatuor. Véritable hymne à la double pédale, le titre aux riffs intenses mêle growl et fry scream tout en nous offrant un pont très syncopé, ainsi qu’une parfaite mise en place de la batterie.
L’instrumental « Apocalypse Protocol » est très énergique et varié. Identitaire du groupe, la musique y est riche en sonorités de guitare ainsi qu’électroniques. La partie plus lente du morceau vient casser le rythme afin de mieux relancer la suite.
« Born To Die », piste la plus longue, vient remarquablement clôturer ce premier opus. Ce titre final tantôt violent, tantôt calme, s’avère plus élaboré et nous propulse presque dans une autre dimension grâce à sa fusion de plusieurs sous-genres musicaux. The Black Enderkid se renouvelle sans cesse à travers ce morceau, proposant toujours autant de sons variés, où chaque instrument ressort bien. Sur la fin, on retrouve un motif harmonique qui rappelle celui de l’intro, venant renforcer l’aspect grandiose de la chanson, tout en conservant un tempo plutôt rapide.
C’est ce que j’appelle se prendre une belle claque ! Les neuf titres de ce premier album sont vraiment hallucinants. La production de « Symptom Of Decline » est impeccable et fait la fierté du métal français tant elle est qualitative. Addictifs, on prend plaisir à réécouter les titres aussitôt. S’inscrivant dans le gamecore selon le groupe lui-même, ces neuf morceaux d’assez longue durée sont très efficaces et retiennent toute notre attention. Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de découvrir un groupe si talentueux et on sent ici la réelle volonté de « créer des morceaux qui défoncent la gueule », comme dirait Joe Duplantier de GOJIRA ! C’est donc un premier album plus que réussi pour la formation de métal moderne The Black Enderkid, et il va sans dire que le groupe gagnera vite en notoriété. On lui souhaite beaucoup de succès avec « Symptom Of Decline » et une très belle carrière. Originaire du sud de la France, le quatuor défendra son premier opus le 11 avril prochain sur la scène du Makeda à Marseille : alors, pour ceux qui sont dans le coin, foncez !
THE BLACK ENDERKID – « Symptom of Decline »
3 avril 2024
Tentacles Industries