Plus les années passent et plus à mes yeux la Finlande devient la terre promise pour le metal extrême. La scène Black Finlandaise est une des plus intéressantes et foisonnante. Nombre de groupes juste incroyables en émergent et chaque année la liste s’agrandit toujours plus. Je ne peux que vous conseiller d’aller jeter une oreille à Havukruunu, Midnight Sorcery, Vuosisata, Cosmic Church, Vargrav et bien évidemment les piliers que sont Satanic Warmaster, Impaled Nazarene ou encore Moonsorrow. Le son finlandais se caractérise par son savant mélange entre agressivité pure et des mélodies et hymnes épiques et prenants. La scène black finlandaise est très vive mais quand est-il de la scène Death Metal ? Alors, bien que moins fournie et vive que son pendant Black, quelques formations ont réussies à se faire une place dans la très compétitive scène Death Metal. Je pense à Krypts, Hooded Menace, les excellents Demilich ou bien le sujet de cette chronique, Concrete Winds.
Pour la faire courte, Concrete Winds est un duo finlandais sortant son troisième album éponyme chez l’excellent label Sepulchral Voice Productions (Black Curse, Grave Miasma, Sijjin,…) et officie dans un Death Metal violent et chaotique. Après les deux excellents albums “Primitive Force” et “Nerve Butcherer” qui réussit à pousser encore plus le côté dissonant et supersonique du duo, voici que débarque le troisième méfait du groupe en cette fin de mois d’août.
“Permanent Dissonance” nous assaille dès les premières secondes de l’album et démarre cette infernale machine atomisant et éradiquant tout sur son passage. Ce premier nom de titre illustre très bien le style de Concrete Winds, un death metal hyper dissonant, chaotique et le plus abrasif possible. Le rythme est d’une frénésie folle sans aucun temps d’arrêt sauf pour nous envoyer une salve encore plus violente comme sur “DAYLIGHT AMPUTATIONS”, où la note tenue quelques secondes amorce un déferlement à venir sans commune mesure.
La grande force de Concrete Winds est de réussir à créer ce sentiment de chaos total. Et pour le coup, peu y arrivent. Beaucoup de formation essaient de nous faire ressentir cette sensation de désordre suffocant et dangereux, mais au final cela touche souvent à côté à mon avis. Utiliser de la distorsion à tout va et multiplier les rythmiques alambiquées ne rendra pas plus chaotique sa musique, si derrière la prestation est trop contrôlée et réfléchie. Et pour le coup, le duo Finlandais réussit cet exercice avec brio ! En effet, en vingt-cinq minutes, Concrete Winds nous assaille de rythmiques dissonantes et brutales, accompagné par une batterie frénétique. Et à mon sens ce qui rend le chaos de Concrete Winds palpable et crédible est qu’il ne cherche pas à aligner les rythmiques alambiquées et complexes pour faire genre, au contraire c’est plus des plans assez classiques du death et du war black mais délivrés de façon tellement sincère et épileptique que la magie opère. C’est aussi grâce au mixage de l’album que ce sentiment est exacerbé et crédible. Le chant est dans cette constante réverbe grésillante en plus d’être passée à la moulinette d’un vocodeur dément. Mais aussi, les multiples pistes sonores glitchées, dégradées donnant un côté industriel et encore plus inhumain à la musique de Concrete Winds. Le morceau de fin “Pounding Devotion” est un bon exemple de ce jusqu’au boutisme musical. Le morceau commence comme les autres mais se dégrade rapidement pour ne finir que par être un collage sonore dérangeant comme peut le faire la Noise.
L’artwork et toute la direction artistique est aussi un bon indicateur du jusqu’au boutisme du duo finlandais. C’est visuellement surchargé et peu compréhensible à l’image de la musique. Mais aussi, pour avoir le deuxième album en vinyle chez moi, toutes les paroles sont dans une police d’écriture tout aussi surchargée rendant le suivi des paroles quasiment impossible et pénible.
C’est dissonant à tout rompre, on ne sait plus où donner de la tête, pendant ces vingt cinq minutes c’est un assaut sonique total qui s’abat sur nous sans que nous comprenions vraiment ce qu’il se passe. Chaque morceau est plus vicieux et perfide que le précédent. Pour le coup, il faut prendre cet album comme un tout. Essayer de décortiquer les morceaux un par un est assez vain à mon sens. En effet, à part dire c’est super intense, chaotique et dissonant, les arguments finiraient par tourner en boucle tant tout l’album ne varie pas tant que ça entre deux morceaux. Mais bien que le sentiment et le ressenti global qui se dégage de l’album est un chaos dissonant impitoyable, plutôt monolithique, Concrete Winds fait un réel effort de composition et apporte assez de variété durant ces vingt cinq minutes les rendant assez addictives et nous donnant envie de toujours plus, bien que nous soyons déjà bien essoufflé après une première écoute. Cette variété s’exprime notamment lorsque la frénésie rythmique est ralentie pour laisser place à de plus barbares rythmiques comme sur “Subterranean Persuasion” ou “Demented Gospels” par exemple.
Avec ce troisième album, Concrete Winds continue sur son infernale et dissonante ascension. Comme les deux précédents albums, le duo ne fait aucun compromis pour rendre sa musique toujours aussi agressive, chaotique et bien que l’album ne dure que vingt cinq minutes, si vous ne connaissez pas le duo, vous en aurez pour votre argent !
CONCRETE WINDS – » Concrete Winds »
30 Août 2024
Sepulchral Voice Productions