Chronique – SCOWL « Are we all angels »

Dès l’ouverture avec « Special », on comprend que SCOWL n’est plus là uniquement pour hurler sa rage. Le morceau mélange des guitares fuzzy presque shoegaze à une voix pleine d’attitude punk. Kat Moss, la chanteuse, est plus que jamais au centre de l’album, utilisant une palette vocale bien plus riche : chant clair, chuchotement, cris rageurs, elle sait tout faire, et surtout, elle le fait avec intensité. Des morceaux comme « Fantasy » ou « B.A.B.E. » flirtent avec des vibes 90’s grunge, tout en conservant une énergie urgente. Le groove est plus présent, les refrains plus accrocheurs. C’est du hardcore mélodique, du post-punk sous testostérone, c’est SCOWL qui devient quelque chose d’autre… et ça leur va bien.

Des thèmes sombres, mais une puissance lumineuse. L’album explore des thématiques plus introspectives que jamais. « Not Hell, Not Heaven », single marquant, parle de la victimisation, du refus de s’y enfermer et de la reconquête de son pouvoir. Il y a un équilibre constant entre lumière et obscurité : chaque cri semble appeler un apaisement, chaque mélodie masque une blessure. « Let You Down » ou « Tonight (I’m Afraid) » offrent une vulnérabilité rare dans un genre souvent blindé d’armures sonores. Les guitares se font parfois éthérées, presque new wave et le groupe montre qu’il sait jouer sur la tension sans toujours chercher l’explosion.

Une alchimie de groupe renouvelée, SCOWL c’est aussi un groupe et cela s’entend dans la richesse des arrangements. La basse de Bailey Lupo est plus présente, les guitares sont plus variées, les structures plus travaillées. On sent une alchimie renouvelée, une écriture plus collective, où chacun a pu injecter ses influences, de Sonic Youth à Hole, de Bad Brains à Nirvana.

Un album courageux et nécessaire avec « Are We All Angels », SCOWL prend le risque de désorienter les puristes du hardcore. Mais ce serait une erreur de voir cet album comme une trahison : c’est une métamorphose, un manifeste d’émancipation artistique. Là où d’autres se répètent, eux avancent, testent, confrontent. Il ne s’agit pas de devenir mainstream, mais de montrer que l’intensité n’est pas toujours dans la saturation. Que la rage peut être belle. Que la douceur peut être politique.