
Les néo-zélandais d’ALIEN WEAPONRY livrent un chef-d’œuvre de groove metal frais et culturellement critique !
Te Rā est sorti le 28 mars 2025 chez Napalm Records. Depuis la sortie de leur premier album nommé Tū (2018), les lauréats de deux Aotearoa Music Awards ont été salués pour leur présence cinétique et leur son, ainsi que pour leur mélange vital de lyrisme culturellement profond en anglais et en te reo Māori, la langue indigène de la Nouvelle-Zélande. Avec la sortie de leur deuxième album appelé Tangaroa (2021), le groupe s’est produit avec des groupes tels que GUNS N’ ROSES, GOJIRA, SLAYER et l’Orchestre symphonique de Nouvelle-Zélande. Plus récemment, ALIEN WEAPONRY a clôturé l’année 2024 avec la sortie d’un documentaire, Kua Tupu Te Ara, dont la première a eu lieu au célèbre festival du film de Tribeca.
A l’aube de 2025, ALIEN WEAPONRY développe ses messages de résilience culturelle, sociétale et environnementale tout en livrant sa production musicale la plus massive et la plus concentrée jamais réalisée. Entre les mains du producteur/mixeur vétéran Josh Wilbur (Lamb Of God, Gojira, Megadeth), le mélange de groove, de nu, de math et de thrash metal de Te Rā brille par ses refrains hymniques et les compétences techniques renouvelées du frontman/guitariste Lewis Raharuhi de Jong, du batteur Henry Te Reiwhati de Jong et du bassiste Tūranga Porowini Morgan-Edmonds. Sur le plan lyrique, ce dernier album est marqué par une tendance à l’abattement, au désespoir et à la frustration.
Te Rā commence avec violence. Une entrée bien signée ALIEN WEAPONRY. Le rythme est rapide, élancé, on imagine bien un concert commencer avec le premier morceau de l’album « Crown ». Il traite du système dans lequel les humains vivent. « Trapped inside a system that wants to lock you in a cage », en 3’23’’ les trois néo zélandais placent le décor. Présente dès le début de l’album, la culture Māori vient teinter les sonorités de Crown. Ils y évoquent le mana, une force surnaturelle, une puissance spirituelle dont certains individus seraient plus ou moins porteurs. Puis vient « Mau Moko ». Le Tā moko est le tatouage traditionnel que les maoris portent sur leur visage, celui qui décore le visage de Tūranga Morgan-Edmonds, le bassiste du groupe, lui qui fait de nombreuses vidéos sur ses réseaux sociaux pour en expliquer l’origine et les significations. Le titre rappelle alors « qu’ils sont ceux qui portent le moto » et que nous ne pouvons pas comprendre, faisant sûrement référence aux appropriations culturelles diverses, qui faites sans compréhension, perdent leur sens. Les paroles du refrain vont comme suit :
Ko te hunga mau moko mātou (We are the people who wear moko)
E kore koe e mātau (e) (You don’t understand)
Te tikanga tāmoko (The story in our markings)
Kōrero tuku iho (The story of our ancestors)
Tāngata Mau Moko (We are the people who wear moko)
« 1000 Friends« , dont le clip est très évocateur continue sur la lancée des thèmes précédents « a 1000 Friends and yet you’re all alone »… une bonne traduction du monde à l’heure des réseaux sociaux, où l’on pense connaître tout le monde et être à portée de chacun.e quand bien même une barrière virtuelle s’érige. Sur “Blackened Sky” et “1000 Friends”, Lewis aborde des problèmes universels tels que la menace imminente de la troisième guerre mondiale et les effets néfastes des médias sociaux.Les structures des morceaux sont plutôt similaires. Le riff d’ »Hanging by a thread » est grave, puissant. Toujours ce son bien à eux, les sonorités métalliques et aigües de la crash. Dans « Tama-Nui-Te-Rā », les chants similaires au Haka reviennent ; en arrière plan, plusieurs voix à l’unisson formant une force qui se dégage. Le titre de ce morceau évoque la personnification du soleil. Il est beau de découvrir les différentes interprétations et significations que partagent des cultures étrangères aux nôtres.
« Myself to blame » parle de lui même. Ce morceau traite du regret, de l’impression d’avoir mal fait les choses dans le passé et de la volonté d’y retourner pour le modifier. Un son qui semble être dirigé comme un chant s’élevant, qui crie « crois moi quand je te dis que j’ai changé » et qui parle probablement d’une histoire personnelle.
« Taniwha » est un featuring avec Randy Blythe, le chanteur de LAMB OF GOD. Ce morceau dénote un peu du reste de l’album car il pousse Alien Weaponry sur un terrain moins connu. Plus de growl que les autres morceaux. C’est le plus long de l’album mais on ne s’en rend même pas compte. « Ponaturi » est l’introduction de la conclusion. En début de morceau, on sent que quelque chose se termine. Pourtant, le refrain est toujours bien énergique et le growl est toujours là. Pour moi, cet album revêt des sonorités très proches du death metal.
Avec « Te Kore », l’album conclut par « Nau mai te ao, te ao mārama » (Welcome the world of light) où Tūranga nous plonge dans le néant primordial qui est à la base de l’histoire des origines Māori.
« Dans l’ensemble, Te Rā traite de ce que c’est que d’être pris dans l’attraction de cultures divergentes – pas seulement pour les descendants des peuples colonisés, mais pour chacun d’entre nous. »
Bien ancré dans des sonorités dignes du Groove metal par son tempo relativement lent, cet album est carrément un parpaing jeté en pleine figure, une manière si efficace de réveiller les âmes en 41 minutes ! « Avec Te Rā, ALIEN WEAPONRY s’affirme comme l’un des meilleurs jeunes groupes de métal de sa génération, avec une ténacité musicale renouvelée et des messages cruciaux. Te Rā est un cri audacieux et inébranlable en faveur d’un avenir dans lequel nous pouvons tous prendre part à l’héritage de peuples comme les Māori et d’autres autour de nous – des gens qui, s’ils ne sont pas vus, ont certainement besoin d’être entendus. »

ALIEN WEAPONRY – « Te Rā »
28 mars 2025
Napalm Records