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Après la récente sortie de leur dernier EP, nous avons eu le privilège d’interviewer Mehdi, batteur et membre fondateur du groupe PLEDGE OF SILENCE.
Bonjour Mehdi. Je débuterai en te remerciant d’avoir accepté cette entrevue avec Metal Rock Magazine. Comment va PLEDGE OF SILENCE ?
Mehdi : Salut Cyril ! Merci à toi ! Ecoute, on va plutôt bien. On est très content d’avoir enfin sorti notre EP et de pouvoir le faire écouter à tout le monde. On a plutôt de bons retours et on espère que ça va nous relancer pour la suite !
PLEDGE OF SILENCE prend sa source en 2005. Peux-tu présenter le groupe pour nos lecteurs qui souhaiteraient vous découvrir ?
Mehdi : Effectivement on n’est plus très jeune… On est un groupe parisien qui se définit classiquement comme metal/hardcore. A la base, on s’est rencontré grâce au forum « Overcome Records » (seuls les vieux comme nous savent…). D’abord Max le guitariste et moi à la batterie et on a vite été rejoint par Julien en deuxième guitariste et Ilhan à la basse (qui a joué dans plein de groupes et qui est aujourd’hui dans PYRECULT). Pour le chanteur, Julien et Max, qui sont de Limoges, ont pris contact avec Gribin qui était chanteur pour JACK OF SPADES et qui était sur Paris. On a enregistré notre première démo avec ce line-up, puis Ilhan est parti et c’est Benoit qui l’a remplacé et qui est toujours avec nous aujourd’hui. Il vient aussi de Limoges… On peut dire qu’on était plus un groupe limougeaud que parisien ! Gribin a quitté Paris (et le groupe) en 2018 et ce fut une longue traversée du désert pour nous avant de retrouver Lee qui nous a permis de relancer le groupe et de sortir notre dernier EP.
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Vingt ans d’existence cette année. Ce n’est pas rien. Que dirait le PLEDGE OF SILENCE des débuts à celui d’aujourd’hui ?
Mehdi : Putain 20 ans… Déjà, je ne sais pas si on pensait durer autant ! En tout cas, c’est une bonne question. Je pense qu’il nous dirait que l’on est vraiment des feignasses et que l’on devrait vraiment se bouger plus le cul pour faire de la zic et des concerts !
Non, honnêtement, je pense qu’on serait assez fier de voir notre évolution. On a clairement gagné en efficacité dans nos compos.
Venez-vous tous du HxC ou venez-vous d’horizons et de courants musicaux différents ?
Mehdi : Je pense que l’on a un peu tous le même parcours musical, à savoir que l’on vient d’abord du metal et que l’on est arrivé au hardcore naturellement avec le crossover et le metalcore qui ont explosé dans les années 90/2000, en réaction, je pense, à la surmédiatisation du néo-metal et à la perte de sens que ça représentait pour nous. A côté de ça, on avait des univers musicaux peu différents… Max était plus branché metal extrême (ça a d’ailleurs pas mal influencé nos premières chansons), et moi un peu plus diversifié avec de l’électro et du hip-hop.
L’idée de base du groupe a néanmoins toujours été de faire un son agressif et brutal. Donc, ça passait nécessairement par le hardcore et le death. Pour nous, la quintessence de cette fusion, ça reste le metalcore de ces années 90/2000 qui a donné des groupes légendaires comme ARKANGE, ALL OUT WAR, KICKBACK et la composante edge metal avec notamment les groupes italiens SENTENCE et REPRISAL (dont on reprend un titre sur notre dernier EP). Il y a d’ailleurs un renouveau de cette scène, plus particulièrement aux États-Unis et ça, ce n’est que du bonheur pour nous !
Huit années se sont écoulées depuis « Memento Mori« . Vous revenez en ce premier trimestre 2025 avec un nouvel EP « Guilty As Charged » Peux-tu nous en dire plus sur son processus de création. ?
Mehdi : Comme je te le disais, le départ de Gribin a été difficile. Il a une voix très agressive, qui correspondait parfaitement à ce que l’on voulait faire. Cela a été très compliqué de retrouver quelqu’un. On a auditionné BEAUCOUP de chanteurs. On a commencé à travailler avec plusieurs et ça n’a jamais réussi à prendre… On a même fait quelques concerts avec Max au chant !
On a quand même fini par trouver le bon en 2021 ! L’arrivée de Lee a été salvatrice pour nous. On était assez démotivé et ça nous a tout de suite relancé. Il n’avait jamais vraiment chanté dans un groupe, donc il a dû beaucoup travailler de son côté, mais on a immédiatement senti qu’il avait le potentiel. On avait déjà les maquettes des morceaux qui sont sur l’EP à cette époque, mais personne pour poser la voix. On a donc laissé le temps à Lee de caler ses paroles et ça nous a permis de finaliser les morceaux et de mettre sur pied un nouveau set pour relancer les concerts en 2023, puis finalement l’enregistrement en 2024.
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Avec des thèmes profonds sur les problèmes sociétaux bordés de réflexions appropriées sur les précédents opus, quelle est l’approche thématique des nouvelles compositions ?
Mehdi : Gribin avait des textes très personnels et d’autres plutôt « coups de gueule » sur certains sujets sociétaux. Lee est vraiment dans la même veine. Il a des textes tout aussi personnels et introspectifs (Guilty As Charged) et d’autres textes sur des sujets plus larges, mais qui le concernent aussi, notamment les massacres au Liban et en Palestine et l’impunité des bourreaux (Hang Of Nooses). Pour moi, ça reste l’essence du hardcore d’être ancré dans le réel et le revendicatif. Ce n’est pas qu’une histoire de gros sons et d’attitude (qui sont plus liés au metal).
On trouvait sur « Memento Mori » et sur l’EP éponyme un chant en français, un pari risqué, mais qui fonctionnait. Avec « Guilty As Charged », vous avez opté pour l’anglais. Pourquoi ce choix ?
Mehdi : Gribin avait des paroles très torturées, qui correspondaient à sa manière de penser, et un talent particulier pour les faire sonner en français. Lee est libanais et même s’il parle très bien en français, c’était impossible pour lui d’arriver à ce niveau. Par contre, il parle très bien en anglais avec un accent parfait, donc on a mis à contribution ses talents !
C’était aussi l’occasion pour nous de marquer le renouveau du groupe. On perd l’originalité du Français, mais on gagne en efficacité. C’est vraiment notre état d’esprit aujourd’hui de faire des morceaux simples et efficaces qui ont de l’impact sur scène.
Sorti il y a quelques jours, le 07 février, comment a été accueilli ce nouvel opus ?
Mehdi : On était inquiet parce qu’on a eu beaucoup de discussions sur le mix et sur le process de l’enregistrement (seuls la batterie et le chant ont été enregistrés en studio). L’ingénieur son avec qui on a travaillé fait beaucoup de rock/grunge/punk, mais peu de metal. On a dû le faire sortir de ses habitudes pour l’amener là où on voulait aller et aussi accepter qu’il ait sa vision du mix. On a notamment pris le parti de ne pas sacrifier la basse au profit du kick, comme c’est souvent le cas dans le metal. On voulait aussi garder un son old school et agressif pour les guitares.
Pour le mastering, on a travaillé avec Alan Douches qui a littéralement travaillé avec toute la scène rock/metal des US. C’était une super expérience pour nous et je pense qu’il a vraiment donné du caractère au son et une identité au mix global.
On n’a pas beaucoup de retours étant donné que ça ne fait que quelques jours que l’EP est disponible. Mais ceux que l’on a sont assez positifs, donc on est rassuré. On verra la suite des retours. T’en penses quoi toi d’ailleurs ? En tout cas, si ça donne envie de venir nous voir en concert, c’est que c’est réussi pour nous.
J’imagine assez facilement que l’on peut s’attendre et espérer une série de dates pour défendre « Guilty As Charged« . Quelle sera l’actualité de PLEDGE OF SILENCE dans les prochains jours et as-tu des informations à nous livrer concernant une prochaine tournée ?
Mehdi : Oui, on aimerait bien que ce soit facile, mais c’est loin d’être le cas ! On a quelques concerts qui se « bookent » mais on n’est pas dans le bon timing pour les festivals de l’été. Je pense que ce sera plus intense en 2026, mais on ne sait jamais ! On devrait déjà être au Klub le 23 mars et on a d’autres trucs en discussion. Tout sera annoncé sur nos réseaux ici.
Il faut dire que les orgas sont très frileuses dès qu’il s’agit de groupes qui n’ont pas trop de notoriété, même pour ceux qui n’en n’ont plus d’ailleurs. On peut les comprendre étant donné les risques financiers que cela représente aujourd’hui et le peu de lieux disponibles. En tout cas, ça reste dur pour tout le monde, sauf pour quelques groupes qui trustent les têtes d’affiche. Tant mieux pour eux !
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Je terminerais en vous souhaitant le meilleur pour cette nouvelle sortie d’EP et je te remercie de nouveau du temps accordé pour nos lecteurs. Je te laisse le mot de la fin. ?
Mehdi : Merci à toi d’avoir pris le temps de t’intéresser à l’histoire du groupe, ça fait plaisir ! Et surtout, merci de faire vivre la presse spécialisée ! Merci aussi à xDidierx et Sound Of Silence qui nous aident à promouvoir l’EP et le groupe. Enfin, merci à tous ceux qui nous suivent depuis le début et à ceux qui nous découvrent ! C’est bien de découvrir les groupes sur les plateformes de streaming, mais ce qui compte vraiment, c’est d’être là aux concerts (et d’acheter du merch…). Alors : SEE YOU IN THE PIT !!!
Crédit photos (c)Philippe Dubois !