Live Report KRAV BOCA + LE REPARATEUR – 31/01/2025 – La Clef – Saint-Germain-en-Laye
Ophelie Griffin 
Ophélie Griffin, journaliste et photographe pour Metal Rock Magazine, était sur place pour immortaliser cette soirée !
C’est avec plaisir que je retrouve l’une des salles de mon cœur en ce vendredi soir, La Clef à Saint-Germain-en-Laye (78). Et c’est bien dans cette ville bourgeoise de la banlieue parisienne que joueront ce soir LE REPARATEUR (punk-rock) et KRAV BOCA (rap-punk). C’est un public éclectique, tant en âge qu’en style vestimentaire, venu en nombre pour se défouler en ce vendredi soir.
LE REPARATEUR
Le duo guitare-batterie venu de Lyon est présent pour ouvrir les festivités – ou bien était-ce pour ouvrir les hostilités. Je crois qu’il n’y a pas meilleure expression pour résumer l’heure passée avec Thibaud Ader (chant-guitare) et Olivier Caregnato (batterie), tant le mot d’ordre du show a été “tout lâcher”.
Ça se traduit d’abord par ce punk rock décomplexé, entrecoupé d’invectives envers le public ou de vannes mutuelles entre les membres. Un peu à la POESIE ZERO mais le “sérieux” en moins, vu les grands sourires qui s’affichent sur leur visage. Thibaud prend régulièrement la parole : “je n’ai pas envie de jouer celle-là”, “vas-y chante maintenant parce que je ne connais pas les paroles”, “je te pique tes baguettes, de toute façon, tu ne sais pas jouer”.
Evidemment, les vannes fusent sur le fait que le concert se déroule à Saint-Germain, comme quoi tout est possible !
Ça se traduit surtout par l’ambiance dans la salle, pleine à ras bord. L’ambiance monte graduellement, mais à force d’invectives, on atteint un point de non-retour ! Ça se bouscule, ça se rattrape quand ça tombe, ça s’échange des bières dans le public et sur scène, ça intervertit des t-shirts.
La setlist fait la part belle au dernier album du groupe « Super, merci » (2022), avec les titres “Politesse”, “Besoin d’amour”, “Etiquette” ou bien encore “Police partout”. La musique est à l’image des titres, il faut que ce soit efficace, rapide, un peu basique, voire débile. Aucun doute sur le fait que ça fonctionne pour le public ce soir !
Le concert se termine sur le morceau “Mon cœur balance” et un « c’est le dernier morceau, on est content de se barrer de cette ville de merde ». Au vu des grands sourires sur vos tronches et les t-shirts mouillés, personne n’y croit !
KRAV BOCA
Il est temps de se rafraichir un peu avant de retrouver KRAV BOCA. Ce n’est pas tout à fait le même public qui se presse au plus de la scène, les fans de LE REPARATEUR laissant la place à d’autres. Personnellement, j’étais intriguée autant par la description du groupe “DIY Punk Rap Mandolin” que par l’esthétique affichée. Bonne pioche ce soir, même si je n’en verrai que la moitié (nous y reviendrons).
Les lumières s’éteignent et des battements de cœur accompagnent l’arrivée d’Azzedine à la batterie, Nino à la guitare et de Paul, maquillage noir et blanc, avec sa mandoline. De petits soucis techniques sur cette dernière font retarder quelque peu l’arrivée du reste de la troupe, mais c’est sans compter sur le sourire d’Azzedine derrière ses fûts qui fera facilement oublier ce retard.
Puis c’est enfin l’arrivée fracassante du reste du groupe, Rudy et Adrien, micro en main et masque sur le visage, et de Louna en backing vocals.
Le groupe se présente rapidement, “On est KRAV BOCA, on vient de Grèce, du Maroc et de Toulouse. On est trop content, c’est notre première date de l’année ce soir, on joue en banlieue chic, ça nous touche de voir autant de monde !”
Ce soir, ce n’est pas un simple concert qu’on nous propose, c’est un univers, unique, brûlant, décalé, acide. Chaque membre du groupe incarne un personnage, virevoltant, complémentaire, aimant. Et pour les accompagner, deux performeurs sont présents pour donner corps aux paroles de chaque morceau.
C’est d’abord un démon de feu qui se présente devant nous, hypnotisant l’ensemble du public. L’odeur de l’essence envahit la salle. Puis c’est une chrysalide qui fond, avec son jet d’acide au visage. Il n’y a pas de faux semblants ce soir.
Mais la meilleure illustration sera sur le titre “Mortier”, issu du dernier album « Heretic » sorti l’an passé, avec l’arrivée de la meuleuse ! “Craquer l’allumette / Pour allumer la mèche / Arsenal de la dèche / Craquer l’allumette / Pour un ciel étoilé / Fédération mortier”, et le public s’enflamme définitivement.
Avec “Canette”, KRAV BOCA nous montre une tradition de la scène punk grecque, qui jette des canettes sur scène pour montrer son enthousiasme. Alors c’est parti pour des lancers de gobelets entre la scène et la salle.
Inutile de vous dire l’ambiance dans la petite salle de la Clef. Ça valse dans tous les sens, au prix de cocard, cheville foulée, arcade explosée. Ça fait partie du jeu et du spectacle. Sauf que moi aussi, j’en ferai les frais. Alors qu’arrive la deuxième performeuse et sa jupe lumineuse, ma voisine donne un coup involontaire dans mon objectif et mon viseur tape mon œil gauche ouvert. Etre photographe de concert, c’est un métier dangereux (je me suis déjà faite assommer par un slammeur à Jinjer et je suis tombée dans un trou en rentrant de Rock en Seine). Il me sera impossible de finir le concert, malheureusement et mon report s’arrêtera là. Heureusement, le contrôle en urgence chez l’ophtalmo sera rassurant !
Je suis déçue d’avoir raté le dernier tiers du concert de KRAV BOCA, j’espère avoir l’occasion de les revoir prochainement. En tout cas, totalement conquise par l’univers puissant, engagé et esthétique offert par l’ensemble des musiciens et des performeurs.
Un grand merci aux équipes de la Clef pour l’organisation, et particulièrement à Greg !
