Magic Kingdom est de retour avec Blaze of Rage, 5 ans après Metalmighty. L’album reste sur les bases solides du quintet belge : un Power Metal symphonique sans concessions, simple dans sa structure mais diablement efficace. Les ingrédients de base de tout album de Power symphonique sont réunis : la voix de Michael Vescera magnifiquement accompagnée par les voix de Géraldine Gadaut en soprano et Riccardo Cecchi en ténor sur « The Great Retribution », les rythmes de Gabriel Deschamps à la batterie, tantôt en blast-beat, tantôt en marche militaire qui soulignent parfaitement les licks de guitare techniques et mélodiques de Dushan Petrossi. Le guitariste signe également la production de l’album qui est de très bonne facture.
Blaze of Rage se distingue des précédents albums de Magic Kingdom en étant le premier concept album du groupe. La production de cet album aura pris 4 années à Magic Kingdom, chaque élément ayant été peaufiné pour offrir le meilleur de leur musique. Chaque morceau se veut un chapitre dans une histoire de fantasy unique à cet album. Les âmes damnés, coincées entre le paradis et l’enfer profond se rebellent contre leur destin et, sous le commandement de leur roi déchu, envahissent le Magic Kingdom (Royaume Magique). L’histoire évolue et le récit est aussi clair dans les textes que dans la composition des morceaux elle-même.
Sanctus Maleficus (02:41) / Blaze of Rage démarre très fort avec une première piste instrumentale qui pose le décors musical. L’intensité est au plus haut dès les premières notes. Si le morceau est un excellent choix d’ouverture, il n’est probablement pas le morceau que l’on placera dans une playlist.
The Great Rebellion (09:07) / The Great Rebellion s’ouvre sur un motif qui n’est pas sans rappeler le meilleur de Rhapsody of Fire. Le morceau en lui-même se rapprocherait cependant plus dans sa structure de pistes comme Jesus of Suburbia de Green Day dans son côté longue épopée narrative. Véritable histoire dans l’histoire, The Great Rebellion pose les bases narratives du reste de l’album, entre exposition et premières péripéties. Le changement de ton au fil du morceau est très appréciable, les solos laissant place à un pont acoustique puis à une partie en blast beat et chant saturé avant de revenir à un son plus classique du power symphonique. Un excellent morceau qui souffre de quelques longueurs par moment, largement justifiable par son aspect de grande pièce narrative.
Blaze of Storming Rage (04:52) / Un morceau de power metal très classique, comme on les aime. La première partie du morceau est très énergique, comme une escarmouche d’éclaireurs annonçant le conflit prochain. Le sweeping est très présent dans les solos et le rythme global du morceau très soutenu. Le pont entre les deux solos de guitare agit comme une montée en puissance du premier solo vers le deuxième mais aussi vers la suite de l’album, l’avancée des troupes des damnés et les préparatifs du Royaume Magique pour la guerre qui s’annonce. Mention spéciale à l’introduction au clavecin qui fonctionne particulièrement bien.
Undead at the Gates (05:46) / Le rythme ralenti d’un cran par rapport à Blaze of Storming Rage. Sans être une marche militaire, le morceau s’inscrit comme un discours de bataille. Impossible ici de ne pas penser au pinacle de la civilisation humaine : le discours d’Aragorn, fils d’Arathorn devant la porte noire. Le discours de Undead at the Gates est plus proche cependant d’une présentation de l’ennemi que d’un discours d’espoir.
The Great Invasion (03:42) / The Great Invasion redémarre sur un rythme plus soutenu en gardant un son assez sombre de campagne militaire. Le couplet est assez classique et oubliable mais les chœurs du refrain, diablement efficaces, redonnent beaucoup de dynamisme au morceau, tout en le teintant d’une mélodie majeure de joie guerrière qui tranche avec la froide résolution des couplets. Un peu de sweep-picking en solo pour pimenter le tout et rappeler qu’on est en campagne pour le Royaume Magique, et on peut passer à la suite.
Frozen Realm of Death (04:10) / Une piste plus calme et contemplative permet de se reposer après les passages très engageants de The Great Invasion. Paradoxalement, Frozen Realm of Death est un des morceaux les plus forts de l’album. Son rythme de marche militaire, son solo plus mélodique et posé, ses couplets imprégnés de mélancolie. Une piste qui reflète le meilleur de l’album.
Unsacred War Alliance (05:25) / La lente marche de Frozen Realm of Death laisse vite place à la vitesse et au chaos de Unsacred War Alliance. Exit les mélodies mélancolique, on est plus proche ici du style de Dragonforce ! Le refrain teinté de dissonance et le solo particulièrement chaotique appuient sur la narration de l’alliance contre nature du Royaume Magique et des Enfers pour lutter contre l’invasion. La métaphore musicale est très réussie avec un morceau qui contraste énormément avec la piste précédente.
The Great Retribution (09:15) / Le point culminant de l’album, tous les éléments musicaux antérieurement installés convergent vers cette confrontation épique. Les voix ressortent particulièrement, en partie grâce à l’excellente performance de Géraldine Gadaut et Riccardo Cecchi qui apportent beaucoup au son de Magic Kingdom. The Great Retribution s’ouvre sur des chœurs intenses et dramatiques comme des armées qui s’avanceraient avant une confrontation épique. Les guitares prennent ensuite la main sur la narration, accompagnées par l’ensemble du groupe avant de laisser la place à la narration lyrique. Chaque voix agit comme un personnage au sommet de l’intrigue et des péripéties de l’album, le rendu s’apprécie particulièrement au cœur de l’album mais le morceau reste intéressant pris individuellement.
Ashes in the Wind (02:50) / Ce morceau instrumental très simple se savoure en outro de The Great Retribution, comme le calme qui retombe après la bataille. Il fonctionne très bien comme outro mais se sa
Bells of Triumph (04:48) / Bells of Triumph est un chant de résolution : les tracas et les hésitations exposés dans les morceaux précédents sont résolus. En ce sens, le morceau est plus simple et plus direct. Moins profond dans l’écriture, l’émotion y est cependant toujours présente. Pas le morceau qu’on retiendra de l’album mais celui dont il avait besoin.
Fallen for the Kingdom (07:28) / Ce dernier morceau de bravoure, qui reprend les codes traditionnels du power symphonique, offre un moment de réflexion sur la guerre et les conflits. Si le message est un peu convenu, il est plus que jamais d’actualité. Dans l’ensemble, un bon morceau qui démontre une fois de plus le savoir-faire et la recette affinée au fil des années par Magic Kingdom.
Lonely in the Univers (04:57) / Piste de clôture de l’album, cette balade acoustique est là pour laver le sang qui a coulé. La guitare acoustique et l’orchestration très sobre offrent un pont très élégant entre les plans de chant et de guitare très chargés de l’album et le silence qui s’installe après l’écoute. Le morceau se présente comme un chant des défunts, déterminés à reprendre leur envol, entre mélancolie et espoir.
Blaze of Rage est un album qui s’inscrit dans le pur Power Métal Symphonique. Si il ne révolutionne pas le genre, il le fait vivre avec une belle proposition. Cette proposition est d’autant plus appréciable dans une époque ou ce genre est moins populaire tout en restant particulièrement exigeant ! La prestation technique est au rendez-vous, autant au niveau de la composition, de l’interprétation, de l’orchestration et de la production. Les guitares et les voix, les stars du Power Métal sont au rendez-vous tandis que le soutien orchestral est de très bonne facture ! L’histoire racontée est très classique, on pourrait même dire un peu convenue mais n’est-ce pas exactement ce qu’on attend d’elle ? Je pense que si et en ça, l’histoire est réussie.
Ce n’est pas l’album que je retiendrai le plus cette année mais il m’a fait retomber en enfance, à l’époque des jeux de rôle papier, celle où je rêvais de Morrowind une fois le PC éteint et où je n’écoutais que Nightwish, Rhapsody of Fire et Blind Guardian.
Magic Kingdom – « Blaze of Rage »
Symphonic Power Metal · 50min06sec
13 Décembre 2024, Massacre Records
Production :
Produit par Dushan Petrossi
Mixé et Masterisé par Mendel bij de Leij (Mendel Audio)
Pochette designée par Lew Viergacht
Line-up :
Michael Vescera – Chant clair
Roma Siadletsky – Chant saturé
Dushan Petrossi – Guitares, claviers
Vassili Moltchanov – Basse
Gabriel Deschamps – Batterie
Guests :
Géraldine Gadaut – Chant (The Great Retribution)
Riccardo Cecchi – Chant (The Great Retribution)