Emmanuel Jessua (chant Guitare) / Charles Villanueva (basse) / Pierre Rettien (batterie) / Jonathan Maurois (guitare)
A l’occasion de leur passage à l’Espace Vasarely (Antony – 92), le groupe HYPNO5E nous a accordé une interview.
Bonjour à tous, je vous remercie avant tout d’avoir accepté de faire cette interview pour Metal Rock Magazine.
Cela fait maintenant plus d’un an que vous avez sorti votre dernier album Sheol, accompagné d’une tournée dans toute la France. Vous avez également fait plusieurs festivals en 2023, notamment le Hellfest (en remplacement de The Soft Moon) et le Motocultor.
Aujourd’hui, comment vous sentez-vous ? Quel est votre ressenti avec un an et demi de recul ?
Pierre : Déjà un an et demi ? Ça passe vite !
Emmanuel : Ça fait plaisir de faire une tournée qui ne s’arrête pas au milieu comme la précédente tournée stoppée par le COVID où on avait dû annuler la moitié des dates. Quant à Sheol, c’est le premier album avec le nouveau line-up, il y a eu beaucoup à reconstruire, il a fallu qu’on s’habitue à jouer ensemble, c’était assez riche avec les nouvelles couleurs ajoutées au groupe. C’était enthousiasmant pour la suite. Notre seul regret c’est de ne pas tourner plus, si cela ne tenait qu’à nous, on tournerait non-stop pendant 2-3 ans.
Qu’est-ce qui vous en empêche ?
Emmanuel : On n’est pas le seul groupe à tourner et on travaille tous à côté. Il y a aussi l’économie des sorties d’album qui a changé, les durées de vie des albums sont peut-être moins longues. Avec le streaming, on consomme la musique différemment, il faut sortir des albums plus régulièrement.
On a encore quelques dates sur cette tournée, en tout cas pour l’instant, elle s’est très bien passée.
Pierre : On est vraiment content de cette tournée, il y a toujours un bel accueil, que ce soit du public ou des organisateurs. La tournée européenne, ça a été une sacrée expérience – une tournée européenne, c’est toujours très coûteux, ça peut être casse-gueule. Là c’était une tournée qu’on a fait avec trois autres groupes [Persefone – Stellar Circuits – LAMPR3A], on a super bien matché humainement.
Emmanuel : En parallèle on a travaillé sur une pièce de théâtre pour laquelle on a fait la musique – qui n’a rien à voir avec HYPNO5E.
Charles : C’était assez intense, on a eu très peu de day off entre la tournée et la pièce de théâtre. On est même resté un mois entier à Paris pour jouer tous les soirs parce qu’on jouait en live pour la pièce [‘Le Bel Indifférent’ de Jean Cocteau].
Comment est venu ce projet de pièce de théâtre ?
On vous a contacté pour faire la musique, parce qu’on vous connaissait en tant que HYPNO5E ?
Emmanuel : Depuis 10 ans je fais de la musique pour des pièces de théâtre et le metteur en scène avec qui je travaille souvent voulait monter une pièce et il m’a contacté. Cela nous a permis de travailler tous ensemble pendant 2 mois en dehors d’HYPNO5E et de resserrer les liens.
Si vous deviez choisir une date marquante de cette tournée européenne ?
Emmanuel : Le Trabendo à Paris, mais aussi la date en Pologne [Poznań, 2Progi].
Pierre : Il y a aussi Le Black Lab à Lille, l’une des dernières dates de la tournée, où c‘était bien la fiesta. Mais oui le Trabendo c’était vraiment très cool.
Emmanuel : Pour le concert en Pologne, on devait arriver à 09h00 pour les balances, on est arrivé à 21h30 parce qu’on a raté un avion. C’était un peu le bordel et du coup, on avait tellement la niak d’en finir, qu’on a tout donné.
Charles : Toutes les dates sont différentes, du coup c’est difficile de choisir. Il y a forcément un échange d’énergie avec le public, ça va forcément influencer notre manière de jouer les morceaux.
Emmanuel : Maintenant qu’on a appris à jouer ensemble, chaque concert devient plus un plaisir qu’avant.
Pierre : C’est aussi une question d’alignement de planètes, quand on sent aussi qu’il se passe quelque chose avec le public et que tout se passe bien.
Personnellement, je vous ai découvert l’an passé en première partie de JINJER à l’Aéronef de Lille. J’ai été frappée par le soin apporté à la scénographie que ce soit visuelle ou sonore, avec l’intégration de nombreux interludes (poèmes, extraits de livres…) – créant une atmosphère unique et introspective. J’ai même vu des personnes pleurer à la fin de votre set. Où puisez-vous votre inspiration ?
Emmanuel : Tout ce qui est samples, ils sont déjà dans la composition des albums et la difficulté en live, c’est de recréer l’atmosphère, de les extraire de l’album et de leur redonner un sens dans un set. D’où également le parti de ne pas faire de pause entre les morceaux, de ne pas parler. On n’a pas mis de vidéo dans cette tournée, on a misé sur le jeu de lumières pour créer ce côté introspectif. On a travaillé sur la scénographie avec Bastien qui nous suit depuis 2 ans. L’idée c’est qu’il y ait une vraie trame dramaturgique qui se crée, comme lorsqu’on va voir une pièce ou un film.
On en a parlé un peu au début de l’interview, vous avez effectué une tournée dans toute l’Europe avec Persefone début 2024. Comment s’est organisée cette tournée ?
Emmanuel : A la base c’est dû à une discussion avec notre ingé son qui travaille aussi avec Persefone. L’idée est venue de faire un plateau commun. La tournée était déjà calée pour Persefone et nous, on s’est greffé à la fin. C’est vraiment une collaboration musicien à musicien. C’est la tournée la plus longue qu’on ait jamais faite, il y avait 22 dates sur 30 jours avec 4 groupes, ça fait du monde !
Charles : C’était un peu effrayant au départ.
Pierre : C’était des groupes d’autres pays, d’autres cultures, d’autres orientations politiques – il y avait des andorrans, des espagnols, des basques, des américains et nous ! Ça aurait pu avoir l’effet d’une bombe mais au final, ça s’est super bien passé parce qu’on était dans la même dynamique, dans le même élan. Parce qu’en vrai, ce type de tournée, c’est la galère, tu brasses une tonne de matos, dans tout type de salle, avec 4h de sommeil dans la vue, c’était risqué ! Moi je suis tombé de scène au début de la tournée à Madrid. C’était épique !
Emmanuel : Moi j’ai perdu ma voix pendant 5- jours. Non mais c’était vraiment cool, il n’y avait pas ce côté tête d’affiche, c’était vraiment un plateau cohérent et du coup, tout le monde mettait la main à la pâte.
Charles : En l’occurrence là on est parti avec des gars qui faisaient de l’escalade et du yoga ! Là, à chaque date, je posais mon matos et je partais à la découverte de la ville 2-3 heures, c’était trop bien. J’ai adoré Glasgow notamment, avec la visite de la nécropole. Et après tu arrives 20 minutes avant de jouer, c’était vraiment cool. On a eu des expériences spéciales aussi. On a joué dans un ancien abattoir [Hus 7 à Stockholm] et aussi une salle ronde avec des décors de train fantôme [Satans Hollow à Manchester].
Ça vous donne envie de retenter l’expérience ?
Emmanuel : Grave ! Je signe tout de suite.
Pierre : Après je pense qu’on a eu beaucoup de chance, on a entendu des histoires de retour de tournée bien pourries aussi. Nous connaissant, je ne pense pas qu’on serait prêt à supporter ce type de mésaventures au nom de l’amour de l’art. Il y a un espèce de fantasme autour des tournées et à côté de ça, il y a la réalité derrière qui n’est pas toujours super rose.
Quels sont vos futurs projets ? Un album ou un side project en perspective pour 2025 ? ?
Emmanuel : La semaine dernière on a loué une maison pour continuer à enregistrer le nouvel album metal. On n’a pas encore de date mais ça va arriver vite. On a aussi un projet d’album acoustique. Sinon en parallèle, j’ai bossé sur la musique d’un film.
Charles : Moi je suis remplaçant guitariste dans un autre groupe de reprises assez Rock’N’Roll, j’ai déjà faite une quinzaine de dates cet été, c’était cool. A vrai dire, entre la pièce et HYPNO5E, je n’ai pas trop eu le temps d’avoir d’autres projets.
Jonathan : Moi j’ai bien aimé faire la pièce de théâtre cette année, c’était une belle aventure que j’aimerais revivre.
Encore merci d’avoir répondu à mes questions ! Un dernier mot pour clôturer l’interview ?
Pierre : Toujours la même rengaine : soutenez les artistes indé ! Merci aussi aux personnes qui nous écoutent, qui nous soutiennent, qui viennent nous voir en concert et qui nous font des retours positifs. C’est hyper touchant !
Charles : Je suis vraiment reconnaissant, que ce soit sur les réseaux ou après les concerts, tellement de bienveillance, ça fait plaisir ! Merci !
Retrouvez le live report de leur concert à l’Espace Vasarely sur le site Metal Rock Magazine !
Interview d’Ophélie Griffin réalisée à l’occasion du concert d’HYPNO5E à l’Espace Vasarely d’Antony le 11 octobre 2024.