Interview avec Katrine Stenbekk et Jogeir Daae Maeland de Kalandra !
Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Katrine Stenbekk et Jogeir Daae Maeland de Kalandra qui nous ont partagé leurs impressions en vue de la sortie de leur nouvel album « A Frame of Mind » le 13.09.2024.
La sortie de votre album est prévue pour bientôt ! Comment vous sentez-vous ?
Katrine : Oh oui ! Bien ! Un peu en mode ça va ça vient. Je me rappelle durant la création de l’album j’étais super confiante, je me disais que ça allait être le meilleur ! Et maintenant que la date fatidique approche je me dis « Mouais, c’est pas trop mal »
Ah oui je vois. Tu es plutôt du genre perfectionniste ?
K : Oui un peu, je pense qu’on l’est tous d’une certaine manière. C’est important de se dire qu’un album est bon, car une fois qu’il est là c’est définitif. Il sera ce qu’il est pour toujours, c’est ce que les gens écouteront quand ils l’auront entre les mains ou le streameront.
Jogeir : Disons que maintenant ça n’est plus entre nos mains, nous ne pouvons plus y apporter de changements, c’est vraiment au public de décider… quelque part c’est un soulagement.
Quelles sont vos craintes à l’égard de cet album ?
K : Je ne m’inquiète pas trop de ce que les gens en penseront, mais je m’interroge plus sur ce que nous pourrions améliorer la prochaine fois. Comment nous pourrions créer plus de temps pour tout préparer correctement au lieu d’avoir à tout faire en même temps, à savoir faire un album tout en ayant à sortir un single, tout en pensant aux travaux d’illustration et tout en tournant une vidéo. J’aimerais que nous puissions espacer tout ça. D’abord se focaliser sur le contenu audio, et une fois que cela est terminé se focaliser sur tout l’aspect visuel et promotionnel. C’est vraiment sur ces aspects d’amélioration que je me concentre.
J : Je ne dirais pas que nous ayons des craintes vis-à-vis de cet album. On ne peut pas contrôler ce que les gens pensent donc il n’y a pas d’intérêt à s’inquiéter. Ce qui est une bonne chose et une moins bonne… les gens se font leurs propres histoires et interprétations sur notre travail tout comme nous avons livré à notre manière nos histoires et interprétations dans celui-ci. Donc finalement c’est un soulagement de pouvoir se dire « c’est bon, ce chapitre est terminé…
K : … on a fait du mieux qu’on pouvait avec les connaissances que nous avions à ce moment-là.
Combien de temps cela vous a pris pour faire cet album ? Cela avait-il commencé il y a longtemps, ou avez-vous eu une soudaine vague de créativité et en quelques mois c’était fait ?
K : Si on considère Bardaginn, qui est le 1er single issu de cet album, cela nous a pris 1 an environ ?
J : Oui, et certains sont même plus anciens que cela, nous avons incorporé des morceaux que nous avions commencé il y a 3 ans. Mais d’une manière générale la plupart des morceaux ont été écrits l’année dernière.
Si vous deviez décrire votre musique à quelqu’un qui ne connait pas Kalandra, que diriez-vous ? Personnellement je connais et aime beaucoup ce que vous faites, mais pour quelqu’un qui vous découvrirez ?
K et J : comment décrirais-tu notre musique ?
Comment je la décrirais ? Magique, vulnérable, un mélange de douceur et de riffs lourds.
J : pas mal, c’est plutôt ça !
K : Billie Eilish a sorti un album intitulé « Hit me hard and soft » (Frappe-moi fort et en douceur), et c’est assez représentatif. Ce qui m’anime c’est de trouver un équilibre entre le féminin et le masculin, j’ai ces deux facettes en moi, être capable de jongler entre ces deux états d’esprit.
J : on n’est pas très bon pour définir notre propre musique, on n’a pas réussi à trouver un descriptif sur lequel se mettre d’accord.
K : on a bien évidemment des influences mais on ne cherche pas à s’apparenter à quoi que ce soit, personnellement ça n’est pas très important.
Vous ne cherchez pas à tout prix à conquérir un nouveau publique, vous faites votre musique et voyez ce que ça va donner…
K : Oui c’est ça, nous faisons de la musique qui nous fait ressentir des choses, nous sentir bien, qui soit divertissante et inspirante
Intéressant, je n’aurais pas choisi le terme « divertissante » pour qualifier votre musique !
K : disons que ce qui est « divertissant » pour nous c’est vraiment de réfléchir concrètement à ce que nous faisons, comme les changements de rythmiques ou la structure des accords. Et trouver des manières intelligentes d’exprimer quelque chose au travers du texte. Si ce que j’écris fait réfléchir et est capable d’inspirer une certaine curiosité à notre audience, pour moi c’est stimulant. Comme par exemple lorsque j’écoute un groupe et que je suis capable d’identifier un concept dans leur façon d’écrire et de s’identifier, un certain type de phrasé qui se répète au travers des chansons, et de réaliser qu’elles sont en fait toutes connectées de cette manière, c’est vraiment cool !
Un thème principal semble vous tenir à cœur, en particulier sur ce nouvel album, c’est l’introspection et la guérison personnelle. La spiritualité est également une notion récurrente. Ce ne sont pas forcément des thèmes que tous les artistes souhaitent aborder, pourquoi les avoir choisi ?
K : je sais que tout le monde ne voit pas forcément les choses de cette façon, mais en ce qui me concerne la seule manière de pouvoir vivre sur cette Terre est d’être capable à un moment donné de s’asseoir avec ce qui est inconfortable et de pouvoir être complètement honnête avec soi-même, il n’y a tout simplement pas d’autre manière de vivre. Nous avons un temps limité sur cette planète et pour ma part j’ai envie qu’il ait le plus de valeur possible. Ma manière de penser affectera forcément les gens qui sont autour de moi et vice-versa, sans oublier que nous traînons tous un bagage que nous aurons tendance à déverser sur les gens qui comptent pour nous, que ça soit intentionnel ou non. Donc c’est important de se demander pourquoi on se comporte de telle ou telle manière, et comment on est venu à devenir ce que l’on est aujourd’hui en tant qu’être humain. Et puis il y a notre relation à la nature… bref je pourrais continuer à en parler éternellement… !
J : en ce qui concerne les différents thèmes abordés au travers des chansons, ce n’est pas comme si nous avions au préalable chercher à déterminer un sens particulier à cet album. Quand tu es dans un espace créatif tu es simplement ouvert à ce qui s’éveille en toi, et c’est à partir de là qu’on trouve ces mélodies, chansons et textures qui sont intéressantes.
K : je dirais même que c’est une nécessité pour que la créativité en découle, car si nous n’étions pas honnêtes avec nous-mêmes nous serions incapables de pouvoir retranscrire nos riffs, nos différentes percussions et autres, nous serions incapables de nous y connecter, nous devons donc être ouverts si nous voulons pouvoir recevoir tout cela, c’est une transaction…
J : …tu écris sur ce que tu connais et ce qui est important pour toi. Certains trouveront de l’inspiration en écrivant des chansons d’amour, d’autres dans la comédie… il y a tellement de facettes sur ce qu’est une source d’inspiration que tu dois décider ce qui est le plus important pour toi. Et cet album est vraiment le résultat de tout ça.
C’est un peu comme si vous procédiez à votre propre thérapie et guérison ?
K + J : oh oui !
K : oui, complètement. J’ai vu une psychiatre pendant 2 ans et demi durant la période du Covid et ça a vraiment été une bénédiction. J’ai eu la chance de trouver quelqu’un avec qui le courant était bien passé, son approche était la psychanalyse et ça a vraiment été bénéfique de pouvoir m’asseoir et analyser d’où venait tout ce que j’avais en moi. Il est certain que ça a contribué à construire cet album.
J : c’est agréable parfois de pouvoir utiliser la musique comme forme de thérapie car lorsque tu es pris dans une émotion et que tu essayes de mettre des mots dessus, et que tu trouves un mot ou une mélodie auxquels tu peux l’associer, tu te retrouves soudain dans cet état de création à essayer de négocier avec ta propre psyché. Et quand plus tard tu réécoutes ce que tu as créé tu réalises que tu as réussi à exprimer quelque chose avec lequel tu avais des difficultés sans avoir réussie à l’exprimer jusqu’alors.
K : ça m’arrive parfois de me retrouver dans cette situation où 2 ans après avoir écrit quelque chose je me dis “aaah oui, peut-être qu’il s’agissait plus de ça que de ça. Peut-être qu’il était plus question de tel sujet que de celui-là”
C’est un processus continuel quoi…
K : oui, et j’aime vraiment ce lourd processus, j’adore ça, j’aime pouvoir plonger dans mon esprit mais aussi comprendre celui des autres. Je sais que ça n’est pas forcément le truc de tout le monde mais pour moi ça l’est.
J’ai lu que vous aviez des retours de professionnels qui utilisaient votre musique pour leurs sessions de thérapie ?
K : oui c’est vrai!
Des retours spécifiques là-dessus ?
K : non rien de spécifique en soi. Mais nous avons reçu des messages sur Instagram de thérapeutes alternatifs, du type à utiliser de l’ayahuasca ou autre medium pour accéder à un certain état mental, et qui sont “gardiens de de l’expérience” et traitent les traumatismes de leurs patients. Certains nous ont dit qu’ils ont réussi à ouvrir des parties d’eux-mêmes qui étaient complètement bloquées depuis longtemps. Je conseillerais évidemment d’entreprendre ce genre de choses en étant sobre et dans le cadre d’une thérapie professionnelle. Mais les gens traversent tellement de chemins de vie différents et je ne suis personne pour juger qui que ce soit. De quelque manière que tu puisses toucher une vérité intérieure, tant que tu es capable de t’y connecter un petit peu tous les jours je pense que c’est génial. Et évidemment nous sommes très reconnaissants et flattés.
Pas de pression évidemment…
K : absolument pas !
J : je pense que tant qu’on reste conscients de ce que nous partageons au travers de la musique et que c’est honnête, si quelqu’un y trouve ce qu’il cherche, que ce soit en termes de guérison ou autre, il n’y a rien de plus flatteur pour nous.
K : la chanson qui pourrait être considérée un peu plus… “légère” que les autres, si tu vois ce que je veux dire … ? La plupart de nos chansons touchent en profondeur mais certaines auront un aspect un peu plus léger. Et “Are you ready ?” (ndlr : Es-tu prêt) en fait partie, même si le contexte et le thème abordé sont très profonds il y a une certaine réticente à vouloir y aller de la part de la narratrice, celle qui dit “Oh I don’t really want anything, I guess” (ndlr “Je ne veux rien en particulier, je crois”), a cette réticence à vouloir se tourner vers l’intérieur, elle veut que ça soit quelqu’un d’autre qui lui dise, elle livre son destin dans les mains de quelqu’un autre et refuse d’en prendre la responsabilité. J’avais envie d’aborder ce sujet car moi-même j’y ai été confrontée étant plus jeune.
J : je pense que cette chanson est la seule qui portrait des personnages, que tu (Katrine) interprètes tout à tour…
K : d’une certaine façon je suis les deux, et j’essaye d’émuler ça en changeant l’intonation de ma voix. La voix sombre sur “the answer lies with you…” (ndlr : “la réponse se trouve en toi”) c’est la moitié qui a besoin que les gens suivent, la voix plus légère est l’autre moitié, la personne qui souhaite rejoindre la communauté mais qui n’est pas bien sûre d’être prête. C’est intéressant de jouer avec ces différents états d’esprit je trouve.
Justement la chanson “Are you ready?”, la 1ere fois que je l’ai écouté je me suis dit: “Hmmm ok, il s’agit de quelqu’un qui semble avoir beaucoup de questions et qui est à la recherche de réponses quelque part. Puis j’ai vu la vidéo, et j’ai trouvé le concept plus sombre qu’il n’y paraissait initialement, comme certains commentaires exprimant un lien avec “Midsommar” et en effet c’est l’impression que ça donne. Je m’attendais plus à voir une personne cherchant simplement à se tourner vers une religion ou autre et ce qu’on voit dans la vidéo est quelqu’un forcé à intégrer une communauté, complètement contre sa volonté…
K : ah ah, oui ! J’aimerais quand même préciser que nos vidéos ne représentent pas nécessairement le sens entier de nos chansons, mais seulement une interprétation possible. Généralement il s’agit d’une interprétation extrême parce qu’on aime bien expérimenter et voir jusqu’où on peut aller. Mais les voix qui s’expriment dans la chanson en elle-même (ndlr : “Are you ready?”) pourraient être celles qui sont à l’intérieur de toi, tu pourrais avoir une conversation avec toi-même “est-ce que je crois en quelque chose? est-ce qu’il y a quelque chose de plus grand que cette vie? Je ne sais pas, je suppose que oui, je suis sûre que je finirai par trouver ma vérité… la réponse est en moi, je finirai par la trouver…”. Donc il y a vraiment plusieurs possibilités de percevoir nos chansons, il n’y a pas besoin de voir nos vidéos pour se dire qu’on a compris. La vidéo est juste une possibilité de pousser l’idée de la façon la plus extrême.
J : c’était marrant de jouer un peu avec tout ça
K : oui, c’était vraiment marrant !
Oui, oui c’est aussi ce que je me suis dit !
Katrine, es-tu la seule compositrice du groupe, notamment en termes de paroles ? Où est-ce que vous travaillez tous ensemble ?
K : on travaille tous ensemble. Mais je vais oser dire que je suis la compositrice principale. Cependant mes chansons ne seraient pas ce qu’elles sont si je n’avais pas Jogeir et notre autre guitariste Florian envers qui je me sens responsable, et qui sont là pour m’aider et remettre en question mes points de vue, et m’améliorer.
J : je dirais que la plupart des chansons sont basés sur des idées et des mélodies de Katrine. Certaines ont d’abord été une démo faite au piano, et d’autres ont vu le jour lors de sessions de jam. Et puis il y a une chanson sur cet album où j’ai écrit toutes les paroles et créé toutes mélodies. Mais le plus important c’est Katrine et sa voix. Tu es celle qui performe ces chansons.
K : oui, il faut que ça résonne en moi…
J : exactement
K : donc même si vous écriviez quelque chose, il faudrait que je prenne le temps de m’asseoir et de m’en imprégner car je suis celle qui devra faire passer le message au final. Mais il y a cette chanson qui est purement la sienne…
Laquelle ?
J : hmmmm
C’est un secret ?
J : ça serait marrant de voir si les gens devinent de laquelle il s’agit…
K : c’est dans un style que nous n’avons jamais essayé auparavant
Je réécouterai l’album dans ce cas !
J : mais le fait que Katrine soit ouverte aux retours que nous lui faisons et qu’elle accepte les suggestions des autres membres du groupes donnent aux paroles plus de couleurs, cela permet d’aborder certains thèmes différemment, mais au bout du compte Katrine est celle qui applique son véto.
Et cela ne fonctionne pas dans l’autre sens ? Katrine suggère des paroles et vous ne pouvez pas refuser ?
K : disons que ça ne serait pas aussi “bon”, Kalandra ne serait juste pas ce qu’il est. Mais cela s’applique à moi aussi, quand tu (ndlr : Jogeir) proposes une mélodie, ou Florian joue un riff, chose sur laquelle je suis très pointilleuse, surtout s’il est joué au-dessus de mon chant à un moment où il y a beaucoup de mots, tu ne peux pas jouer trop puissamment sinon nous serons deux à se battre pour trouver la lumière, on va devoir batailler pour rester concentré et il faudra dans ce cas faire un choix : qui soutient qui? C’est comme dans une équipe de football, il faut qu’un joueur te passe la balle si tu veux pouvoir faire un but, donc il faut se soutenir.
J : ce sont constamment des échanges, nous devons continuer à nous challenger, et nous ne serons jamais complètement d’accord sur la manière idéale d’arranger une chanson ou de présenter certaines de nos idées, il faut juste jammer et voir ce que ça donne, nous apporterons toujours de meilleures solutions ensemble qu’individuellement.
K : je pense que notre façon de débattre et chercher à affirmer nos idées sur les thèmes et les mélodies peut s’entendre d’une certaine façon dans notre musique, ce que je trouve vraiment intéressant car lorsque je finis de chanter il y aura forcément quelqu’un qui voudra exprimer le thème de la chanson à sa façon, de manière purement musicale, sans mot, et je suis aussi pointilleuse à ce niveau-là, car ce qui va être jouer ne doit pas être comme ce que je viens d’exprimer en chantant. Dès lors que je me tais tu dois être capable de le sentir, tu dois pouvoir sentir le message.
J : j’affectionne tout particulièrement cette configuration d’un groupe, ce qui n’est pas forcément quelque chose très populaire dans la musique mainstream d’aujourd’hui. Quand je pense aux albums que j’aime vraiment tu peux entendre les différentes personnalités qui jouent, tu ressens ce processus de création du groupe…
C’est comme si toutes se mergeaient ensemble…
J + K : c’est ça
J: il y a plusieurs couleurs à découvrir
Il y a des chansons écrites en anglais et d’autres que je suppose être en norvégien, quelle est l’intention derrière cela ? Est-ce que le norvégien est ressenti de façon plus personnelle, et les chansons en anglais sont plus destinées à être comprises du publique non norvégien ?
K : tout ça est assez naturel, j’ai toujours été intéressée par les langues à l’école, et j’ai vécu au Royaume-Uni pendant 5 ans, et nous étions exposés en grandissant à de la musique anglaise et américaine sur MTV et autre, donc c’est un aspect assez naturel de l’environnement dans lequel j’ai baigné et assez naturellement on incarne cet environnement. Et je dirais aussi que l’anglais est une belle langue, elle contient beaucoup de synonymes et de façons d’exprimer les mêmes choses, il y a beaucoup d’adjectifs qui lui confère un aspect “épanouissant”. Le norvégien et le vieux norrois… alors je ne peux m’exprimer que pour le norvégien car j’ai un auteur-compositeur qui m’assiste pour le vieux norrois… mais je trouve que le norvégien a un aspect “germanique”, c’est un peu “carré”, donc il y a moins d’options, mais tu es forcé de le rendre épanouissant avec les options que tu as. Donc c’est un peu carré mais en même ça me challenge d’une façon différente, ça me force à rendre le norvégien plus mélodieux que ça ne l’est réellement.
J : à nos débuts on nous disait beaucoup dans le milieu de la musique que nous devions choisir entre être un groupe anglophone ou un groupe norvégien, qu’il fallait avoir des chansons uniquement en norvégien si on voulait passer à la radio etc. mais dans le fond nous ne croyions pas vraiment à ces règles.
C’est étrange car il y a vraiment une mode autour du monde scandinave, notamment grâce aux séries comme Vikings, ou plus récemment les Anneaux de Pouvoir, ou autre…
K : je pense que ça a commencé avec Le Seigneur des Anneaux. Je me rappelle aller au cinéma avec ma mère pour voir le 1er volet du Seigneur des Anneaux, juste elle et moi, et nous étions toutes les deux attirer de façon pas très chrétienne à Aragorn
Je ne pense pas que vous étiez les seules !
K : et tout le détail dans l’esthétique des films a eu un énorme impact sur les générations à venir, il y a beaucoup de milléniaux qui gentiment poussent leurs enfants à s’intéresser à ce type d’univers, “lis, lis, lis…”
Est-ce qu’il y aura une traduction de vos chansons en norvégien dans l’album physique ?
K: hmm je ne suis pas sûre
Pourriez-vous nous dire brièvement de quoi elles parlent ? Je crois que c’est la frustration principale en tant que personne étrangère, on entend ces belles mélodies et on est transporté par ces chansons, mais en même temps on est en train de se dire qu’on est peut-être en train de chanter n’importe quoi sur de la jolie musique !
K : mais c’est ça qui est intéressant justement ! Certaines personnes ne comprennent pas ce qui est dit mais elles arrivent quand même à se créer des images dans leur tête, comme l’océan par exemple, et peut-être que je suis vraiment en train de chanter une chanson sur le thème de l’océan. Je trouve ça passionnant de pouvoir se créer des images qui vont au-delà de la compréhension de ce qui est dit. Il y a cette chanson en vieux norrois “Bardaginn” et une en “nouveau norrois”, qui est le terme correcte qu’on pourrait utiliser, ou “Nynorsk”, c’est une sorte de langue norvégienne plus récente mais qui est basée sur le vieux norrois, je ne suis pas sûre de comment bien l’expliquer, “nouveau norrois” semble correcte, c’est une langue que nous avons appris à l’école… cette chanson s’appelle “Segla” elle repousse les limites aussi en quelques sortes d’un point de vue thématique, il s’agit de savoir rester dans ce qui nous rend inconfortable, pouvoir s’y tenir droit et de l’accepter pour être capable d’en sortir. Il n’y a pas d’autres manières pour éliminer ce trou noir qu’on a dans l’âme, on ne peut pas l’ignorer ou le contourner, il faut vraiment le traverser. Ça va être horrible, ça n’est pas quelque chose qu’on a hâte de faire surtout qu’on ne sait pas ce qu’on sera une fois qu’on en sera sorti car on doit dire adieu à son ancien soi et il y a une forme de remord suite à cet adieu. Mais ce que tu deviendras à la suite de tout ça sera plus fort.
J : je pense que la traduction de cette chanson sera claire, elle apparaîtra certainement assez rapidement dans les commentaires YouTube.
Oui, ou un simple Google traduction… je le fais parfois mais le norvégien peut être tellement spécifique que parfois la traduction est un peu bizarre…
J : Mais la traduction en vieux norrois a été un problème pour celui qui en était en charge, qui est un professeur de vieux norrois, car il s’agit d’une langue morte, composée de vieux mots, assez similaires à l’islandais mais certains mots ont dû être traduits par des phrasés et qui sont des suppositions de comment cela aurait pu être exprimé dans cette langue, ce qui est assez dur pour Google à traduire. Donc la traduction qui en est ressorti (ndlr : en parlant de Bardaginn) n’était pas vraiment exacte et au final nous avons opté pour mettre en ligne une traduction officielle.
C’est la fin de l’interview, pouvez-vous nous dire brièvement la suite après la sortie de l’album ? Il y a déjà une tournée européenne…
K : Nous avons des plans qui vont jusqu’en 2026 pour le moment, mais nous ne pouvons pas encore en parler parce que ça n’est pas encore finalisé et ça prend du temps de planifier tout ça correctement.
Pour finir, quelle est votre chanson favorite à chacun de cet album ?
K : Pour moi ça serait “Hytta”. C’est un peu une expérience binaurale, c’est un enregistrement de ressentis vécus dans la vieille cabane de ma famille, c’est une ambiance, une atmosphère dans laquelle il faut se placer, il n’y a besoin de rien, pas de paroles, je veux juste être transportée dans un moment particulier de l’été…
J : pour moi ça serait probablement “Untie the knot” (ndrl: Défais le noeud) ou “I remember a time” (ndrl: Je me souviens d’un temps)
Merci pour votre temps ! Je vous verrai bientôt en concert sur Paris !
Retrouvez l’interview en vidéo et en V.O ici
Interview de Anne-Laure Amayon