Cette année 2024 aura été extrêmement riche en sorties de haute volée pour les scènes extrêmes. Comme par exemple la scène Brutal Death Metal qui a vu le retour en grâce de groupe, pas forcément espéré mais grandement apprécié. Je parle du retour de Brodequin après 20 ans de pause et Severe Torture après quatorze ans, qui sortirent deux excellents albums dans la première moitié de l’année.
Et cette fin du mois de novembre voit le retour d’un autre mastodonte du style, les allemands de Defeated Sanity. Actif depuis quasiment 30 ans, le groupe fondé par le batteur Lille Gruber deviendra rapidement une référence dans son domaine en repoussant toujours plus les limites techniques de son style. Devenu référence dans le Technical Brutal Death Metal, Defeated Sanity a sorti certains des albums le plus abouti pour le style comme “Psalm of the Moribund” ou “Passages into Deformity” et ira aussi côtoyer des terrains plus progressifs sur “Disposal of the Dead // Dharmata” avant de revenir sur une musique beaucoup plus hermétique et difficile d’accès avec l’excellent “The Sanguinary Impetus” sorti en 2020. Et nous voici quatre ans plus tard et “Chronicles of Lunacy”, le septième album du quatuor allemand sort chez le mastodonte français Season of Mist.
Pour ce nouvel album, Defeated Sanity est en terrain conquis et arrive en patron incontesté du style. Dès le premier morceau “Amputationsdrang”, la machine est lancée pour ne plus s’arrêter. On retrouve tout ce qui fait le charme des allemands, une musique brutale jouée avec la technicité et la rigueur de musiciens de Jazz. Rien n’est laissé au hasard, chaque seconde est pensée et millimétrée pour faire le plus de ravage possible. Sur un peu plus de trente minutes, Defeated Sanity nous fait une démonstration de puissance et de technicité sans égale. Chaque morceau est une occasion pour les musiciens de montrer leur niveau stratosphérique. Les quatre premiers morceaux sont des rouleaux compresseurs qui ne laissent aucun répit tant l’intensité est soutenue. “The Odour of Sanctity” est d’une violence sans nom, le début du morceau extrêmement ténue et dense amène un break juste stratosphérique et chaotique. D’ailleurs, ce côté chaotique est vraiment apporté par le jeu de batterie ultra créatif de Lille Gruber, qui réussit à aligner des passages d’une technicité et rapidité comme si de rien n’était et puis nous écraser la tête avec des breakdown juste inhumain comme sur “Temporal Disintegration”. L’album est d’une densité telle qu’il est assez difficile de savoir piocher quelque chose en particulier tant chaque passage mériterait presque une chronique en soit tellement le groupe réussit à être créatif et original tout en gardant en ligne de mire la brutalité absolue. Sur ces huit morceaux rien n’est à jeter, jusqu’à la dernière note de “Heredity Violated”, nos oreilles se font blaster de la plus brutale des manières.
Avec “Chronicles of Lunacy”, Defeated Sanity n’est pas prêt de laisser son trône à un autre groupe. Ce septième effort est une ode à la brutalité et à la musique sans concession. Mais là où réside le véritable talent des allemands est de savoir composer des morceaux digestes en y mettant autant de technicité. En effet, nombre de groupes se cachent derrière la technique pure et nous sortent des albums techniquement impeccables et impressionnants mais dont rien ne ressort vraiment et donc nous passons très rapidement à autre chose. Alors qu’avec Defeated Sanity, des moments mémorables, “Chronicles of Lunacy” en est plein et pourtant le groupe ne trahit jamais son credo de brutalité technique absolue.
DEFEATED SANITY – « Chronicles of Lunacy«
22 Novembre 2024
Season of Mist