L’année prochaine, “Orchid” le premier album du géant Suédois Opeth soufflera sa trentième bougie. Et ce premier album marqua le commencement d’un des plus singuliers et fascinant groupe de métal tous styles confondus. En effet, au cours de sa longue carrière Mikael Akerfeldt et ses divers compagnons de route ont écrit certains des albums les plus importants et influents de la scène. Ayant commencé comme un groupe de death metal progressif déjà assez singulier, le groupe ne cessera d’évoluer au fil des années en nous proposant des albums toujours plus ambitieux. C’est simple, les dix premières années d’existence du groupe (1995 à 2005), les huit albums sortis dans à cette période vont du très bon à l’excellent avec quelques-uns devenu culte aujourd’hui. Je ne vais pas être original mais “Still Life”, “Blackwater Park” ou mon album préféré du groupe “Ghost Reveries” sont des classiques absolus qu’il faut connaître. Durant cette première partie de carrière, Opeth repousse toujours plus les limites de son style et chaque album est un voyage fantastique narré par l’envoûtant et terrifiant chant de Mikael Akerfeldt qui possède un des growls les plus reconnaissable et mémorable. La seconde partie de carrière du géant suédois verra énormément de changements musicaux. En effet, après toujours le très bon “Watershed”, Opeth élude volontairement quasiment toutes traces de métal extrême pour nous proposer des albums de rock progressif audacieux. Pour ma part, je suis tout autant fan de cette version d’Opeth comme l’ancienne (bien que mon cœur balance un peu plus pour l’ancienne). Plus les sorties s’enchaînent et plus l’espoir d’avoir de nouveaux morceaux dans lesquels Mikael growl s’égraine de plus en plus…. Mais par une chaude nuit d’Août, Opeth annonce son quatorzième album “The Last Will and Testament” avec le premier single “§1” (Lire paragraphe 1) et surprise le growl est de retour !! Pour être honnête, j’ai vraiment eu du mal à y croire à la première écoute tant la surprise fut énorme.
Pour ce retour en grande pompe, Opeth à mis les petits plats dans les grands. “The Last Will and Testament” est le premier concept album du groupe et nous conte une histoire se dévoilant au fil des paragraphes du testament de ce mystérieux homme. L’album est construit en fonction des paragraphes et une dernière piste qui vient conclure notre histoire. C’est par des bruits de pas et puis d’une porte que s’ouvre l’album.
“§1” entame ce testament de manière très douce et posée avant de rapidement prendre en intensité avec cette arrivée du growl tant espéré depuis si longtemps. Et que dire, c’est vraiment du grand Opeth, une montée en intensité magistrale accompagnée par les différents chants et chœurs. Et puis, musicalement, comme d’habitude c’est toujours au top, entre les diverses orchestrations, les claviers et puis ce style de riffing tellement typique des suédois.
“§2” en continuité directe, après quelques notes d’orgue, commence sur les chapeaux de roues, avec un puissant riff et un Mikael Akerfeldt plus en forme que jamais vocalement. En effet, son growl n’a pas pris une ride et à gardé toute sa puissance et profondeur. Mais aussi, sur le chant clair c’est tout aussi maîtrisé et impressionnant. Ce “§ 2” est beaucoup “libre” dans sa forme, en effet, nombreux sont les changements de rythmes, des couches sonores viennent densifier le morceau et puis ce break de fin où “Reclaim your Soul” est scandé par un chœur puissant rend ce morceau encore plus grandiose.
“§3” est grave et lourd. Le morceau est beaucoup plus direct dans son propos et musicalement moins aventureux mais garde ce côté grandiose et orchestral.
“§4” est beaucoup plus théâtral avec son riff entraînant et ses multiples pistes vocales se répondant l’une à l’autre. Dans ce quatrième paragraphe, Opeth prend vraiment le temps de développer une atmosphère prenante et mystérieuse. Toute la section du milieu est juste magistrale.
“§5” morceau le plus long de l’album vient nous hypnotiser avec ces percussions venant d’ailleurs. Nous voguons au gré des sons et chants puis telle un tempête, chants et guitares s’emballent pour déboucher sur un solo tout en incisives mélodies et arrangements.
“§6” et “§7” viennent amplifier, densifier et magnifier cet album qui depuis le début n’a cessé d’être une leçon de composition et d’exécution en tout point. Deux excellents morceaux qui terminent la retransmission de ce testament si riche.
Mais ce n’est pas pour autant que l’album est terminé, “A Story Never Told” vient mettre un point final à cette histoire et album. Et que dire ? Comme son premier morceau (et comme tous les suivants), il concentre tout ce que fait de mieux Opeth et puis ce solo de fin est juste immense, tellement chargé en émotions et concluant juste parfaitement ce grand album.
Bon je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps mais “The Last Will and Testament” est un excellent album et un des meilleurs albums que Opeth n’ait jamais écrit. Les suédois ont véritablement réussi à faire coexister les différentes ères musicales au sein d’un même album pour nous donner une œuvre absolument magistrale en tout points, d’une richesse incroyable et d’une diversité magnifique. Et puis, parlons rapidement du mix qui est juste sensationnel. A ce niveau, ça devient artistique, chaque instant est parfaitement dosé, la basse ronronne comme il se doit, les guitares sonnent du tonnerre et puis les multiples chants sont vibrants notamment sur les notes plus graves et les growl.
Cette année 2024 prouve qu’elle en a encore en réserve et est marquée par beaucoup de surprises pas forcément espérées mais grandement appréciées. Un album d’Opeth est toujours un évènement mais quand c’est fait avec la manière cela en devient juste grandiose et ce “The Last Will And Testament” fera date dans les années à venir.
OPETH – « The Last Will And Testament«
22 Novembre 2024
Reigning Phoenix Music