Bien que très foisonnant comme scène, le speed metal est toujours resté un style underground. En effet, en refusant toujours plus la modernité et en restant accroché à ses codes et références, la scène speed n’a jamais réussi à conquérir une large audience comme a pu le faire son grand frère le thrash metal. Le speed est vraiment ce style de purs passionnés, de maniacs qui défendent avec passion leur vision du metal où les posers n’ont pas leur place. Il y a les pionniers comme Venom ou bien Mortorhead mais qui a rapidement fait évoluer son style, cependant dans l’underground, la scène speed est un vivier assez conséquent de groupe qui transpire la passion comme Hirax, Exciter, Midnight ou encore Hellripper pour les plus récent. Et c’est en Belgique qu’un de ses plus fervents représentants nous vient pour nous donner une leçon de speed metal, je parle bien évidemment des maniacs de Bütcher !
Si vous ne connaissez pas la horde Bütcher, sachez qu’ils se sont formés il y a plus de vingt ans mais ne deviennent que réellement productifs avec la sortie de leur premier album en 2017 “Bestial Fükkin’ Warmachine”. Et trois ans plus tard, la horde se fait un nom avec l’excellent “666 Goats Carry My Chariot” qui fit grand bruit lors de sa sortie tant cet album transpirait la passion à tous les niveaux et était d’une générosité sans fin. Et nous voici quatre ans plus tard avec le très attendu: “On Fowl of Tyrant Wing” toujours chez le cultissime label français Osmose Productions.
Et dès les premières notes de ce troisième effort, nos maniacs belges sont toujours autant passionnés et déterminés à amener là où le speed doit être. Le très succinct “A Divine Wind” introduit comme il se doit l’album avant la furie qui est ouverte avec le single “Speed Metal Samuraï”. Pas le temps de niaiser, la machine est lancée à pleine balle et ne compte plus s’arrêter. Les guitares sont acérées et virtuoses, basse et batterie viennent assurer les fondations comme il se doit et le chant de R.Hellshrieker est toujours aussi habité et impressionnant de puissance et variété. Comme pour son précédent effort, chaque morceau est un véritable tube et il est difficile de les départager entre eux tant chacun transpire la passion. “Blessed By The Blade” fonctionne à merveille, ça dégouline de riffs mémorables et puis ce chant, l’influence d’un King Diamond est vraiment palpable et la prestation vocale force le respect. Les titres s’enchaînent et nous ne pouvons qu’être assez émerveillés par la générosité d’un titre comme “Keep The Steele (Flamin’ Hot)” avec une deuxième partie juste possédée et le solo est dément !
Bien que jouant du Speed, Bütcher sait composer des morceaux plus ambitieux et longs comme “A Sacrifice To Satan’s Spawn” qui vient quelque peu ralentir la cadence et instaure une lugubre et inquiétante atmosphère de grotte où de choses pas très catholique se passent. Et puis “A Gypsy’s Tale (Of Sex and Seance)” vient nous tourmenter un plus avec ces vocaux gutturaux d’outre tombe, cette rythmique martiale et ses divers interludes psychédéliques. D’ailleurs, je trouve que ce morceau se rapproche de “The Trial” de King Diamond, encore une filiation entre la horde belge et le roi Danois ! Et puis l’album se termine sur le bien-nommé “An Ending In Fyre” qui clôt de façon épique et toujours aussi inspirée ce troisième méfait des Belges.
Alors réussir à rebondir après un album aussi génial et abouti que “666 Goats Carry My Chariot” n’était pas chose aisée mais Bütcher s’en sort admirablement avec ce “On Fowl of Tyrant Wing”. Bien que l’effet de surprise soit moins important pour les déjà convertis, il est indéniable que le groupe s’est dépassé pour nous sortir un album qui vaut vraiment le coup et n’a pas à rougir face à son prédécesseur.
BÜTCHER – « On Fowl Of Tyrant Wing«
25 Octobre 2024
Osmose Productions